Emmanuel Darley : Le texte n’existe qu’une fois au plateau.

9 avril 2015 /// Les interviews
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A l’occasion des représentations de Rouge au Théâtre Joliette-Minoterie (Marseille), l’auteur, Emmanuel Darley, parle, ou plutôt m’écrit, au sujet de ses mots, de son projet Elvis (Polyptyque), et de cette liberté d’être auteur.

autoportait - ©Emmanuel Darley.emmanueldarley.com

autoportait – ©Emmanuel Darley.emmanueldarley.com

Laurent Bourbousson : Quelle sensation, quel sentiment, ressent-on lorsque son écrit est mis en scène ?

Emmanuel Darley : C’est une drôle de chose. Une exaltation, ça devient vivant, ça s’entend, et puis c’est partagé, d’autres gens, le public, réagissent, vibrent, parfois rient. Et en même temps ce n’est plus vraiment à nous le texte, c’est d’abord à l’équipe qui le créée et puis, oui, aux spectateurs. Parfois c’est frustrant, décevant, ce n’est pas tout à fait ce que l’on imaginait mais souvent c’est justement ça qui est beau, la surprise de ça, ce qu’une équipe fait d’un texte.

LB : Quels sont les enjeux lorsque l’on répond à une commande ? Est-ce prendre parti au projet ? Pour Rouge, comment vous êtes-vous positionné ?

E. D. : C’est différent à chaque fois. Parfois on est très libre, parfois il y a un sujet, une forme imposée, ici, avec Maïanne (Barthès), nous avons beaucoup discuté avant et pendant le projet, le sujet s’est imposé à nous et nous avons avancé ensemble, sur les sources, l’inspiration et ensuite sur la construction du texte. C’est un dialogue à deux que j’aime particulièrement.

LB : Ecrire un roman. Ecrire une pièce. Aujourd’hui, avec les écritures contemporaines, subsiste-t-il une réelle différence ?

E. D. : Je ne sais pas trop. Je crois que oui quand même. Pas le même public. Pas la même adresse. Et puis les voix, les corps. Même s’il y a des passerelles entre les écritures, je crois qu’il y a moins de silences, de suspends, de vide, dans le roman.

LB : L’écriture d’une pièce connaît-elle toujours la même finalité, à savoir, celle d’être mise en scène ?

E. D. : C’est l’idée, oui. C’est la chose qui compte. Le texte en tant que tel, quelles que soient ses qualités, n’existe qu’une fois au plateau.

LB : Votre texte « Le Mardi à Monoprix » a été adapté à plusieurs reprises. Quel regard portez-vous en tant qu’auteur sur ces différentes adaptations ?

Il y en a que j’aime plus que d’autres, il y en a qui ont des histoires plus importantes que d’autres, chacune est différente, peut toucher différemment, l’essentiel est ce que l’on entend du texte.

LB : Droits d’auteur, plagiat… Être auteur, est-ce un métier à risque ?

E. D. : Ce n’est pas simple. En particulier en ce qui concerne le droit d’auteur. Comment vivre de ça. Continuer. Avoir la liberté, la liberté financière, de ça, continuer.

LB : Vous êtes auteur de 4 romans (dernier en date, Le Bonheur, Actes Sud – 2007). Quel regard portez-vous sur la « fabrication littéraire » d’aujourd’hui ?

E. D. : Je lis. Je suis un peu ce qui se fait. Ce qui m’intéresse c’est le travail sur la langue. Et puis comment on s’occupe du réel.

LB : Une nouvelle facette de votre savoir-faire voit le jour. En plus d’être l’auteur, vous mettez le tablier de metteur en scène de votre dernier texte Elvis (Polyptyque). Quel sentiment de mettre en scène son propre texte ?

E. D. : C’est une écriture plus large. En plusieurs étapes. D’abord solitaire à la table. Pour l’écriture. Et puis au plateau. Avec d’autres. Avec les acteurs. L’espace. La lumière. Le son.

Le site d’Emmanuel Darley : ici.
Bibliographie chez Actes Sud, aux éditions espace 34, aux éditions Verdier.

Rouge d’Emmanuel Darley, mis en scène par Maïanne Barthès, Cie United Mégaphone, est présenté au Théâtre Joliette-Minoterie, du 9 au 11 avril 2015. L’interview de Maïanne Barthès, à retrouver ici.

Propos recueillis le 8 avril 2015.
Laurent Bourbousson

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