Impressions#1 : Krystian Lupac

8 juillet 2015 /// IN
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©wycinka_crdl

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Pendant la représentation de WYCINKA HOLZFÄLLEN, à La Fabrica, j’ai noté ce que Krystian Lupa a dit. Il a dit que l’écrivain « Sarah Kane est morte ».
Triste constat pour le Théâtre. Triste constat que d’apprendre un suicide/échec/catastrophe d’un dramaturge. Le Théâtre est en deuil.
On apprend aussi que Joana s’est suicidée. Celle, qui au début de la pièce, est interviewée et donne des leçons de grande humilité. Savoir marcher, c’est ce qu’elle essaie d’apprendre… apprendre aux autres à marcher. Marcher pour suivre son enterrement peut-être et marcher pour se suicider aussi.
Je pensais à Patrice Chéreau.
J’ai associé Kristian Lupa à Patrice Chéreau et son film Ceux qui m’aiment prendront le train.
Kristian Lup, même s’il est au premier étage en chef d’orchestre (bonjour Tandeuz Kantor (souvenir) lorsque de noir vêtu sur scène il accompagnait ses artistes) dirige ses comédiens comme un cinéaste intrusif. Il est dedans, dans, devant et derrière eux, comme une caméra pernicieuse. Il les filme de l’extérieur vers leur intérieur, comme si leur propre miroir allait se briser sur le miroir de l’autre.
Leurs échanges sont aussi polis qu’ils sont violents. On peut parler à un sourd, mais on ne peut pas parler à quelqu’un qui se bouche les oreilles
La violence de leurs échanges au son du Boléro de Ravel…
On pense à Hanna Schygulla, à Fassbinder, à Fanny Ardant, Chéreau toujours, à Mariennbad, à Warlikowski, au train de Katie Mitchell…
Kristian Lupa en est LEUR MAÎTRE. C’est un immense.
C’est une intrusion dans le monde du Théâtre, dans un microcosme intellectuel, comme dans une confrérie, dans un salon d’échanges. C’est une infiltration scanner, une transfusion de rancoeurs. C’est une déchirure de communication, c’est l’envie de détestation, c’est la rancoeur et la jalousie, ce sont les regrets et l’amertume…
C’est un chef d’oeuvre. Et puis, la Ville en fond de décor, parfois ces arbres… c’est aussi Tchekov et la forêt, c’est tellement de beauté, de suspensions, ce sont 4h30 qui pourraient ne pas finir…

Francis Braun

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