Vu dans le OFF 2015 : Noir de boue et d’obus

24 juillet 2015 /// Les retours - VU #OFF
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Chantal Loïal retrace un pan d’histoire encore trop méconnu des manuels scolaires, celui des conscrits français, tirailleurs sénégalais, volontaires des Antilles-Guyane au sein de la première Guerre Mondiale.

Ils sont 4, 4 soldats jetés au milieu du marasme sanglant que représente la Guerre de 1914-1918. Ils rampent, se cachent, marchent en rythme. Ces 4 soldats nous livrent leur histoire intime. Histoires de camps, histoires de tranchées, pour une rencontre des cultures qui a pu, qui a peut-être, ou bien qui n’a pas existé.
Une fois dépassée l’idée de l’hommage peut rendre Noir de boue et d’obus à ces hommes, il faut bien prendre en compte tous les contours et enjeux de l’arrachement de ces hommes à leurs terres, pour servir les besoins de l’hexagone.
Leurs patries, quelle soit antillaise, guadeloupéenne ou encore d’Afrique du sud, colonies françaises, ont été un vivier de richesses et de mains d’œuvres (si l’on peut employer ce mot dans ce cas précis) pour combattre l’ennemi dont il n’était pas menacé directement.

C’est de façon brutale que tout se passe. Le froid, la faim, l’isolement, l’abnégation de l’autre (on parle le Moyadi) et la folie font parti du quotidien de ces soldats. Ceci n’est pas de tirer à boulets rouges sur l’état-major de l’époque que de souligner ceci, mais juste de dire, de montrer, de regarder en face la réalité. Oui, ces hommes ont été arrachés à leurs terres, oui, ces hommes ont combattus pour la France, oui, il est temps de se les rappeler à notre mémoire.
Les rares moments de joie vécus dans les tranchées sont la réception d’un courrier, les denrées, les danses, les chants, que l’on se partage pour faire vivre son chez-soi chez l’autre, comme une ouverture vers le monde et montrer l’absurdité de toute guerre.

Chantal Loïal fait ce travail de mémoire autour des cultures d’Outre-Mer, oubliées de notre hexagone, et ravive le vivre-ensemble qui nous échappe. Le public ne peut que vous en remercier.

Noir de boue et d’obus, ts les jours, à 14h30, au Théâtre Golovine.

Laurent Bourbousson

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