VU : Seeds de Carolyn Carlson

14 février 2017 /// Les retours
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« Les arbres, le monde et les étoiles… et la vie c’est un miracle » Carolyn Carlson.
Seeds est une « Ode à la nature ». Par Séverine Gros.

Il est 9h45. 550 enfants de primaire et de collège viennent habiter cet auditorium.

Poésie engagée, voici deux mots qui reflètent assez bien, à mon sens, le travail de Carolyn Carlson en général et de cette œuvre en particulier. Le public de ce matin était un public divers, avec la vie calme et furieuse en lui. Faisant partie de cette « micro-société », j’en retiens avant tout l’émotion particulière d’être un humain, et me revient en tête extrait du manifeste de Stéphane Hessel « Engagez-vous !». S’adressant à la jeunesse il disait : « Etre écologiste, c’est se rendre compte – ce qui depuis est devenu une évidence – que l’homme n’est pas le maître de la nature mais qu’il est un objet naturel, et par conséquent que l’évolution de la planète est un cadre dans lequel lui-même évolue. »

Au plateau, un petit arbre sur une terre symbolique donne la tonalité de la pièce. Le premier danseur, qui est en quelque sorte notre narrateur, évoque comme un préambule : le temps qui s’écoule, la vie qui passe. Je vois une horloge à moustache, la matière qui se transforme, l’énergie des étoiles et celle de la terre-mère-matrice qui se mêlent poétiquement. C’est la vie qui se déploie sous nos yeux.

Carolyn Carlson et son écriture

On retrouve dans ce spectacle la philosophie et l’esthétique (voir la spiritualité) asiatique, chers à la chorégraphe. La proximité avec la nature, sa prégnance dans nos existences. La peau blanche d’Alexis Ochin, référence au Butô, les matériaux naturels et nobles de la scénographie – comme une « matière première » -, les arbres, le papier, la transparence des cloisons en papier de riz, les lumières du levant et du couchant, les graines, la terre…

Seeds ©Frédéric Iovino

Seeds ©Frédéric Iovino

L’écriture du mouvement est précise et fluide, laissant tout de même un espace possible à l’improvisation des interprètes. Carolyn Carlson nous fait passer de l’univers de la matière, celui des corps dans l’espace en trois dimensions, à la dimension plane d’une ombre chinoise ou d’une projection vidéo. Les danseurs conversent avec Elyx (ambassadeur digital des Nations Unies) petit personnage en deux dimensions projeté face à nous. Comme un « petit prince » qui nous guide dans une compréhension sensible du processus de la vie et de sa fragilité. Le propos est clair, il s’agit de la vie partagée par tout être vivant que nous devons avoir à cœur de protéger. Propre à l’esthétique de la chorégraphe, les danseurs nous font voyager dans l’atmosphère magique des ombres chinoises, puis nous éclaboussent de couleurs et de mouvements sans jamais nous agresser. En ajoutant ce personnage à la distribution, Carolyn Carlson convoque tous les hommes réunis en un seul peuple, celui de l’humanité, peut-être même au-delà, celui des êtres vivants ! Petites poussières d’étoiles.

Les robes sont blanches, marrons, jaunes, rouges. La dernière est verte et symbolise une chrysalide. C’est une structure rigide, composée de fibres de végétaux dont se dégage délicatement la danseuse. Une des plus grandes merveilles de la nature est ici évoquée tout en subtilité : la métamorphose. Le ventre gonflé de la robe s’éclaire alors d’une petite lumière : symbole de la vie qui passe d’être en être.

Gageons que toute cette poésie, qui a jailli comme autant de petites graines disséminées aux quatre vents, puisse germer en nous au contact des rencontres fortuites de la vie !

Merci Madame Carlson !

Séverine Gros

« Seeds » Création du 13 au 24 janvier 2016 – Théâtre national de la danse Chaillot – a été vu dans le cadre d’Hiverômomes – CDC Les Hivernales, en partenariat avec Arts Vivants en Vaucluse – Première en région

Chorégraphie Carolyn Carlson
Assistante chorégraphique Sara Orselli
Interprétation Chinatsu Kosakatani, Ismaera Takeo Ishii, Alexis Ochin, ELYX (animé par YAK)

Création vidéo, animation Yacine Aït Kaci (YAK) / Musique originale Aleksi Aubry-Carlson / Création lumières Guillaume Bonneau/ Création costumes Olivier Mulin / Réalisation costumes Fatima Azakkour – Ismaera porte un ensemble Arnaud Lazérat / Accessoires et décors Gilles Nicolas

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