Vu dans le OFF 2015 : Michèle Noiret

1 août 2015 /// Les retours - VU #OFF
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La rencontre avec le travail de la trop rare chorégraphe et danseuse Michèle Noiret, dans le sud de la France, fut un des beaux moments de ce festival. Quand la virtuosité du mouvement rencontre la rigueur musicale de Kharlheinz Stockhausen. Retour.

Elle sort de l’espace qui lui sert de loge et se colle sur le mur de fond de scène. Elle semble y griffonner quelque chose, continue à écrire dans l’air, inscrit sur ses bras une notation chorégraphique pour une musique légèrement perceptible à l’oreille. Elle s’avance vers le public, marmonne, sourit.
Cette image-ci se fige dans l’esprit, presque de façon subliminale. Michèle Noiret est la danseuse d’une boîte à musique. Tels des enfants qui lèveraient le couvercle pour voir danser notre belle danseuse, le public la contemple. Elle est au centre de toute l’attention. Et à défaut d’être de ceux qui tourneraient le mécanisme de la boîte pour la faire danser, c’est la musique Tierkreis pour clarinette et piano, du compositeur Kharlheinz Stockhausen qui s’en charge.

La rencontre des deux personnalités…
Michèle Noiret et Kharlheinz Stockhausen se sont rencontrés en 1977. Elle est alors à l’école Mudra de Maurice Béjart lorsqu’il lui parle d’un projet de danse solo intégré à sa musique. Elle entame un travail sur la notation gestuelle du compositeur. Cette collaboration durera 15 années et donnera notamment naissance à la création de Solo Stockhausen (source site michel-noiret.be). Et c’est justement de ce solo dont il est question ici.
Une véritable légende peut graviter autour de cet acte créatif, qui n’est ni une réinterprétation, ni une reprise, mais une continuité du solo dans l’univers du compositeur. Il peut-être le témoignage de la relation compositeur/danseur, celui du mythe de la rencontre avec un mentor. Mais la volonté de la chorégraphe est de transmettre cet objet chorégraphique. Comme si il était temps de transmettre cet héritage pour continuer à questionner cette musique et cette danse qui en découle.

Palimpseste#1©Sergine Lalou

Palimpseste#1©Sergine Laloux

… et l’histoire se répète.
Lorsque Michèle Noiret traverse et évolue à l’intérieur même de Palimpseste#1, à la recherche du mouvement juste pour retranscrire l’essence même de la musique, avec ses tentatives d’écriture de gestes et de leur répétition, on touche du doigt la folie qui peut s’emparer d’une telle initiative. Qu’est-ce qui ferait que ce mouvement de poignée ou bien cette annotation sur le corps soit juste ?
Sa danse embrasse l’écriture musicale de Stockhausen et en crée un paradigme. Tout est sémiotique ici et lorsque David Drouard la rejoint sur le plateau, l’effet miroir opère. La similitude, et non le mimétisme, dans les mouvements permet de mettre en perspective la transmission et, lorsque celui qui semble être l’élève devient le presque chorégraphe de cette nouvelle écriture, tout en respectant les notes du compositeur, on se dit que les chercheurs en histoire de la danse ont un nouveau terrain d’observation et que le public n’a pas fini de découvrir et redécouvrir cette variation à l’infini. Michèle Noiret a su trouver en David Drouard celui qui questionnera à nouveau l’écriture musicale, et oh combien, vertigineuse de Stockhausen.
Et c’est ici un nouveau chapitre qui s’écrit avec Palimpseste#1.

Palimpseste#1 a été vu lors du festival off 2015, à la Parenthèse, dans le cadre de la Belle Scène de Saint-Denis, le 14 juillet 2015.
Laurent Bourbousson
Photo : ©Sergine Laloux

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