De lui-même : Noam Cadestin et les techniciens du spectacle vivant, une aventure humaine

28 mai 2016 /// Les retours
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Le metteur en scène Noam Cadestin a été retenu, par l’Institut Supérieur des Techniques du Spectacle (ISTS) Avignon, pour coordonner les formations « Régisseur du spectacle » et « Chef machiniste/Régisseur plateau ». La formation a donné naissance à De lui-même. Retour.

De lui-même - ©Noam Cadestin

De lui-même – ©Noam Cadestin

« Je me suis occupé uniquement du contenant, ils ont proposer tout le contenu », dit d’emblée Noam Cadestin. Ils, sont les stagiaires que l’on se doit de nommer ici : Bruce Brunetto, Samir Djedi, Sandy Happe, Gilbert Mugemangango, Jean-Philippe Pellieux, Magalie Richard, Aurélien Boireaud, Paco Giroud, Franck Huet, Ilyes Khebat, Yoan Le Normand et Pierre Leblond (on remarquera au passage le manque de parité dans le milieu des métiers relevant du technique dans le spectacle vivant). Tous officient, à l’origine, dans les coulisses, en régie, bien loin des lumières du plateau. Tous sont invisibles à l’œil du spectateur. Et pourtant, sans eux rien ne s’animerait sur un plateau, laissant le comédien seul, dans une lumière crue au centre d’un plateau nu.

Le principe des formations, pour l’ISTS Avignon, est de « créer les conditions d’une expérimentations artistique pour les stagiaires », en d’autres termes, les confronter à toutes les étapes de la construction d’une mise en scène, des choix d’éléments techniques, pour trouver la justesse dans le propos, dans l’émotion, jusqu’à leur réalisation.
Cette année, l’ISTS Avignon s’est tourné vers Noam Cadestin, de la compagnie On n’est pas là pour se faire engueuler – Agence de fabrication perpétuelle, pour coordonner le stage, qui se révèle être une réelle aventure.

Une aventure humaine

Bien plus qu’une aventure pédagogique, terme lu dans la feuille de salle, ce stage est une aventure humaine. Chacun se retrouve confronté au métier de l’autre, à l’univers de l’autre, et surtout chacun est force de propositions, tant sur le décor, que sur le choix des lumières et de l’ensemble des éléments techniques. Le but est de proposer à la fin une restitution qui prend la forme d’un « pas tout à fait spectacle », comme dirait Noam Cadestin.

« Cela a représenté deux semaines de travail, à 75 heures de travail… par semaine » dit en rigolant Noam. Quand on pense qu’aujourd’hui, l’accord conclu unanimement sur le régime de l’intermittence n’est toujours pas transcrit dans la convention d’assurance chômage, cela laisse songeur…

150 heures de travail en deux semaines, donc, pour faire de ce rendu un moment étonnant. En effet, les 12 stagiaires agissent chacun à tour de rôle en tant que régisseur ou comédien. Ils échangent, durant 40 minutes, leurs places, ce qui permet à chacun de vivre en immersion totale au centre de la matrice du spectacle. « Ils ne sont pas comédiens », se justifie presque Noam. Mais qu’importe, la passion parle pour eux. Il suffit, d’une seule seconde, à les voir sur scène pour se rendre compte de l’étincelle qui les anime dans le faire et le vivre de leur métier.

De lui-même, une ode à la liberté de chaque instant

Noam Cadestin a orchestré, avec l’aide des 12 stagiaires, une métaphore autour de l’enfermement, composée de tableaux, laissant la place à tous les moyens techniques (vidéo, mouvements de décors, musiques…) pour faire du spectacle vivant ce moment précieux. « Chacun a apporté sa vision et j’ai assemblé le tout », souligne-t-il, transformant ainsi les pièces d’un puzzle en un moment surprenant de poésie.
De lui-même raconte l’histoire de cet homme né dans le phare de ses parents dont il n’est jamais sorti. L’enfermement, il le subit à cause de sa soi-disante laideur. Chaque semaine, des marins pêcheurs lui apportent les denrées nécessaires pour vivre. Chacun sait qu’il est là, mais personne ne le voit. « On fait ça car les parents nous ont légué leur argent à leur mort » dit le chef d’équipe des marins pêcheurs. C’est sur ce quai, qu’un jeune marin révèle à son supérieur que lui a aussi vécu l’enfermement, mais l’enfermement carcéral. Il sait alors la souffrance d’être coupé du monde, ce que signifie la privation de liberté, le manque de communication. « Je ne veux rien savoir » lance alors ce supérieur, confiné dans sa perception du monde, alors qu’il se croit libre.

De lui-même ©Noam Cadestin

De lui-même ©Noam Cadestin

Noam Cadestin signe ici ce qui pourrait, fortement, devenir un spectacle, une ode à la liberté, celle de chaque instant pour ne pas se laisser enfermer dans des cases en lieu et attente d’une société malade de son humanité.

La magie, qui peut se révéler dans le spectacle vivant, était présente sur le plateau grâce à la concentration de 12 énergies à la recherche d’éléments servant le propos avec justesse, sans emphase. Les 12 stagiaires ont aussi affirmé haut et fort ce qui les animent : leur passion du métier et la liberté de l’exercer. Par eux-mêmes…

De lui-même, par les stagiaires des formations « Régisseur du spectacle » et « Chef machiniste/Régisseur plateau », coordonné par Noam Cadestin. Chapelle des Pénitents Blancs. Vu le 13 mai 2016.

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