[VU] Derniers feux de Némo Flouret : totale réussite ou pétard mouillé ?
C’est le spectacle qui divise le public de la cour du lycée Saint-Joseph. Derniers feux de Némo Flouret emballe autant qu’il irrite, sauf que les deux parties qui s’affrontent ont chacune raison.
Une injonction dans la nuit : « C’était nul ! » assez vite soutenue par des huées auxquelles des « Bravo ! » ou autres « C’était bien » répondent. Au jeu des j’aime/j’aime pas, j’ai adoré/j’ai détesté, je crie/ j’applaudis, certaines personnes du public quittent ce lieu sans émettre le moindre jugement trop hâtivement.
Derniers feux, florilège de tentatives
Pour reprendre la feuille de salle, » « Derniers feux » s’intéresse à l’instant qui précède l’explosion, ce temps suspendu dont émergent les rêves « . Le public n’est donc pas tombé dans un piège puisque le danseur et chorégraphe, formé au Conservatoire de Paris et à P.A.R.T.S. , a travaillé autour de cette attente, ce moment où chacun met ses propres espoirs afin d’assister à une expérience heureuse voire unique.
Derniers feux est ainsi construit, autour de tentatives qui seront vaines ou heureuses mais qui feront quoi que l’on en dise spectacle.
Ici tout fait spectacle
Une des forces de Derniers feux est de faire spectacle de toutes ces tentatives. Du premier tableau qui s’étire en longueur pour faire advenir le point de bascule tant attendu, au bruit -oui, vous avez bien lu- des mélodies et de rythmes cassés qui orchestre un spectacle entrain de se faire, au calme retrouvé pour mieux considérer l’attente, Némo Flouret réussi totalement son objectif dans des tableaux affolant le regard et les perceptions d’où un esthétisme jaillit par salves.
Mais tout ce qui vient d’être écrit peut servir d’arguments à celles et ceux qui ont détesté car l’esthétisme mis à toutes les sauces a le biais d’énerver et que le trop est considéré pour du remplissage.
Interroger nos perceptions
Frustration et satisfaction se mêlent donc à l’expérience du spectateur et c’est en ce sens que Derniers feux est un spectacle des plus réussis et des plus réjouissants de son époque. Némo Flouret signe une œuvre d’une contemporanéité la plus totale où décadence et embrasement se répondent avec justesse.
Mais Némo Flouret signe également, une œuvre datée, sans surprise, dénuée de sens comme peut être parfois notre monde contemporain, interrogeant la place du spectateur comme cela l’a pu être fait par le passé, et ce malgré la toute puissance de la constellation d’artistes convoquée au plateau.
Interprètes et musiciens se donnent au centuple dans cette euphorisante et répulsive démonstration.
Je vous laisse choisir votre camp.
Laurent Bourbousson
Crédit photo : ©Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon
Générique
Avec Calvin Carrier, Némo Flouret, Rafa Galdino, Tessa Hall, Philomène Jander, Per-Anders Kraudy Solli, Jean Lemersre, Rubén Orio, Susana Santos Silva, Sophie Sénécaut, Wan-Lun Yu
Conception Némo Flouret / Scénographie Philippe Quesne / Costumes Satoshi Kondo pour ISSEY MIYAKE / Collaboration musicale Calvin Carrier, Rubén Orio, Per-Anders Kraudy Solli, Susana Santos Silva / Pyrotechnie Joseph Couturier / Collaboration à la dramaturgie Emma Lewis-Jones / Collaboration à la recherche Tessa Hall / Conseils artistiques Bryana Fritz, Camille Legrand, Margaux Roy, Solène Wachter / Direction technique Fabrice Le Fur / Régie plateau et coordination pyrotechnie Rémy Ebras / Régie son Mikaël Plunian / Régie lumière Nicolas Marc / Renfort construction Max Potiron / Production et développement Margaux Roy / Production et logistique Claire Heyl / Administration Florence Péaron
Production
Production Supergroup
Coproduction Comédie de Genève, Charleroi danse Centre chorégraphique Wallonie-Bruxelles, Théâtre Garonne (Toulouse), Ménagerie de verre (Paris), Tanz im August / Hebbel am Ufer (Berlin), IRA Institute (Soverato), La Halle aux Grains Scène nationale de Blois, Festival d’Avignon
Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels, The 2024 Baroness Nina von Maltzahn Fellowship for the Performing Arts at The Watermill Center, Fondazione Politeama – Città di Catanzaro, Région Centre-Val-de-Loire, Drac Centre-Val-de-Loire, Ville d’Orléans, ISSEY MIYAKE et pour la 79e édition du Festival d’Avignon : Spedidam
Avec le soutien de Dance Reflections by Van Cleef & Arpels pour la 79e édition
Construction scénographie Ateliers de la Comédie de Genève
Résidences Ménagerie de Verre (Paris), Les Chaudronneries (Montreuil), The Watermill Center (New York), Take me Somewhere (Glasgow), Politeama Teatro (Catanzaro), Anfiteatro di Soverato, Ville de Badolato, Comédie de Genève
Remerciements Anne-Claire Pire, Dick Van Der Harst, César Vayssié, Séverine Chavrier, Pauline Pierron, Yves Fröhle, Frederico Ramos Lopes, Valérie Oberson, Benjamin Vicq et l’ensemble des équipes de la Comédie de Genève et des Ateliers de la Comédie de Genève, Pietro Monteverdi, Settimio Pisano, Guerino Nistico, Damien Chevron, Hugh Hsu, Gilles Flouret, Annick Flouret, Valérie Lenders – galerie Melissa Ansel, Valentine Jejcic, Jean-Baptiste Portier, Gaspard Schmitt, Lino Jaricot-Garcia, Léa Warin-D’Houdetot