
Ensemble ! au Théâtre d’Arles pour la saison 20/21
À compter du 16 juin, Valérie Deulin, directrice du Théâtre d’Arles, et son équipe renouent le lien sacré avec ses publics entre rendez-vous virtuels et physiques pour la présentation de la saison 20/21. Une programmation à vivre Ensemble !
« Ensemble ! me semble être le titre tout trouvé pour cette saison à venir » sont les mots de Valérie Deulin en guise d’introduction à la présentation des 29 spectacles qui composent la saison 20/21. Une saison au goût particulier, celle des retrouvailles, tout d’abord, et celle de l’incertitude quant aux conditions d’accueil que demande la crise sanitaire que vit tout un chacun.
Après deux fermetures subies pour le théâtre la saison dernière (la première due à des travaux suite à des inondations, et la seconde, à la crise sanitaire mondiale), on ne peut qu’espérer que cette saison se déroule le mieux possible pour ces 29 spectacles. Avec peu de reports de dates (que l’on se rassure, tous les engagements ont été honorés), une grande place est faite aux créations.
3 temps forts au Théâtre d’Arles
La saison sera ponctuée de 3 temps forts : Des cirques indisciplinés, que l’on ne présente plus, Futurs et Paysages en mouvement (dont ce sera la première édition, mais qui aurait dû avoir leur la saison dernière !).
Alexander Vantournhout, Mélissa Von Vépy, La Mondiale Générale, Rimini Protokoll…
Des cirques indisciplinés
Pour son entrée de saison, Valérie Deulin avait souhaité des petites formes bien avant la crise COVID-19. Cela tombe plutôt bien car nous ne savons pas encore sous quelles conditions les théâtres pourront ouvrir leurs portes à la rentrée. 4 propositions ponctueront cette semaine dédiée de cirque indisciplinaire : les installations de petites miniatures de l’artiste Cécile Léna (Km zéro + Columbia Circus, du 3 au 11 octobre), à l’Espace Saint-Césaire pour 4 spectateurs en simultané, nous conteront l’histoire d’amour contrarié d’un boxeur et d’une trapéziste ; du côté de l’Eglise des Frères Prêcheurs, Cédric Paga alias Ludor Citrik présentera la commande Demain hier (3 et 4 octobre) qui lui a été faite par l’Académie Fratellini pour deux jeunes circassiens issus de l’école ; Juan Ignacio Tula entrera en transe avec Instante (3 et 4 octobre) et Alexander Vantournhout expérimentera le pas de 2 avec Through the grapevine, entre cirque et danse contemporaine (6 octobre).
Le public retrouvera durant la saison Les Flyings de Mélissa Von Vépy durant la Biennale Internationale des Arts du Cirque Marseille-Provence Alpes Côte d’Azur, le 19 janvier 2021 (l’artiste sera en résidence au Théâtre d’Arles du 24 août au 11 septembre prochain).
De cirque, il en est également question avec l’artiste complice de la structure : Alexandre Denis de La Mondiale Générale qui présentera, du 3 au 6 novembre, les mini-séries Rapprochons-nous qui seront à retrouver dans la cité avant un final au théâtre, et Réfugiez-vous, un parcours sensible et engagé fait aux habitants d’Arles, pour mai 21.

Futurs et Paysages en mouvement
Le deuxième temps fort intitulé Futurs interrogera l’humanité et la robotique. Autour de deux propositions artistiques, projections de films et débats avec des scientifiques alimenteront la pensée du 13 au 16 avril 2021. Nous retrouverons donc Imposture Posthume de Joël Maillard, récit d’une vie d’un être humain du 21e siècle découvert quelques siècles plus tard, et La vallée de l’étrange de Thomas Melle, mis en espace par Rimini Protokoll, où l’humain s’efface au profit de la robotique.
Paysages en mouvement (du 13 au 16 mai) sera l’ultime temps fort de la saison, avec les propositions du Groupe Zur, d’Alexander Vantournhout, que l’on aura vu également plus tôt dans la saison, et de Sophie Laly. Cette dernière invitera le public à être ensemble, puisqu’au préambule de ce projet d’installation, le public sera invité à se mettre en selle pour une promenade jusqu’au pont Van Gogh.
Julie Nioche, Marion Séfert, Mohamed El Khatib, Pascal Rambert…
Côté danse
En 5 propositions, la saison du Théâtre d’Arles montre la diversité chorégraphique qui constitue la danse. Bisonte de Marco da Silva, Vague Intérieur Vague de Julie Nioche, la soirée composée de Vivace d’Alban Richard et d’Impressions, nouvel accrochage d’Herman Diephuis et Shadows of tomorrow d’Ingri Midgard Fiksdal interrogeront plus que jamais la question de l’altérité. À noter, la proposition jeune public de Julie Nioche, Une échappée, réunissant une plasticienne et une danseuse sur la musique de Sir Alice.

Côté théâtre
Il sera question, tout au long de la saison, de pouvoir, de politique, de famille, d’altérité, de recherche de soi.
Au rayon pouvoir et politique, les créations Coriolan de William Shakespeare mis en scène par François Orsini questionne la représentation de l’acte politique dans le théâtre afin de donner à l’acte théâtral toute sa dimension politique, et Y-Saidnaya du Collectif Perseïden, basé à Marseille, raconte le trouble mené par le pouvoir syrien dans l’univers carcéral avec sur le plateau d’anciens détenus interprétant les protagonistes de cette descente aux enfers d’où jaillit la vie.
Sur la question du soi, la dernière création de Marion Siéfert, dont nous avions adoré Du Sale ! l’année dernière, _Jeanne_Dark_ (24 et 25 novembre). Elle explore les arcanes de l’image de soi à travers Instagram proposant une partie live à suivre sur le réseau. Avec En marge ! , Joris Mathieu de la Compagnie Haut et Court scrute l’humain à la loupe, dans ses détails, ses fragilités, son intimité. La #CIE, Justine Berthillot et Pauline Peyrade, pose une réflexion autour des mythes fondateurs du féminin contemporain avec Carrosse.
La famille, terreau fertile pour le spectacle vivant, sera présente avec La dispute de Mohamed El Khatib. Suite à une commande d’un texte à destination du jeune public, il renverse la proposition et met en scène des enfants qui raconte la séparation des parents depuis leurs points de vue. Lors de la collecte de témoignages, le performeur, auteur-metteur en scène et réalisateur a pris en flagrant délit de mensonges certains enfants venus raconter leur histoire inventée de toute pièce. Jonathan Capdevielle adapte le roman d’Hector Malot Sans famille pour le transformer en un Rémi enfant et adulte. La singularité des propositions de cet artiste hors norme s’illustre avec cette création puisque le public se compose de deux parties, une live et une audio, à écouter chez soi.
Frédéric Sonntag met en scène L’enfant océan de Jean-Claude Moulevat. L’auteur s’est inspiré de l’histoire du Petit Poucet pour raconter la fuite de 7 enfants vers l’océan.
Enfin, Sœurs de Pascal Rambert avec Marina Hands et Audrey Bonnet sera au rendez-vous cette saison. La pièce qui a connu un fort succès lors de sa création met sur le plateau l’amour teinté de violence que peuvent se porter des sœurs.
Suite aux fermetures successives inopinées, le public pourra découvrir 3 reports : Saint-Félix, enquête sur un hameau français de la Compagnie Babel, ainsi que deux propositions présentées en collaboration avec la Ville d’Arles : Et pourquoi moi je dois parler comme toi, avec Anouk Grinberg et Nicolas Repac, ainsi que Là où je croyais être il n’y avait personne de la compagnie arlésienne Shindô.

Le Théâtre d’Arles accueille pas moins de 12 compagnies en résidence de création entre cette fin de saison et celle de l’année prochaine : la compagnie Maiastra, Sébastien Barrier, Mélyssa Von Vépy, Compagnie La Mondiale Générale, Compagnie Shindô, François Orsini, Jonathan Châtel et Sylvain Prudhomme, Kurt Demey et Joris Vanvinckenroye, Gaëlle Bourges, Gaël Santisteva, Elise Chatauret et Michel Schweizer.
La saison 20/21 se dessine entre arts plastiques et spectacle vivant à vivre Ensemble ! au Théâtre d’Arles.
Laurent Bourbousson
Les présentations de saison se feront par petits groupes. L’ensemble des dates est à retrouver ici.
Visuel d’accueil : Vague Intérieur Vague de Julie Nioche @P. Ricci_Photolosa