Succès public pour la 39ème édition du festival Les Hivernales

14 mars 2017 /// Les retours
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Fin de la 39ème édition du Festival Les Hivernales qui avait débuté, faut-il le rappeler, avec les HiverÔmomes, début février. Camille Vinatier, Séverine Gros et Laurent Bourbousson ont couvert le festival et couru de salle en salle. Tour d’horizon de cette semaine folle, qui a rencontré un succès public important.

Avec ses 22 propositions, le CDC Les Hivernales a tenu sa promesse, celle de montrer la diversité des styles et des esthétiques. Bien que les chiffres de fréquentation n’aient pas encore été annoncés, le constat a été le suivant, les salles étaient toujours remplies d’un public divers et multigénérationnel. L’équipe d’Ouvert aux publics a assisté à 21 propositions qui ont, pour la plupart, autant enchanté par la variété des propos traités, que par l’exigence du travail de composition chorégraphique, la recherche de sens et ou encore, la virtuosité des interprètes. Une édition dans laquelle la question des relations humaines – au sens humanité – était très présente.

Les soirées d’ouverture et de clôture accueillaient les chorégraphes des deux centres chorégraphiques nationaux voisins du département, l’Institut Chorégraphique International-CCN Montpellier et le Ballet National de Marseille. Si Christian Rizzo a pu assommer une partie du public avec le répétitif Syndrome Ian, cette pièce n’en reste pas moins une très belle illustration esthétique des années clubbing, avec en toile de fond les années sida. Le corps du Ballet de Marseille, dirigé par Emio Greco et Pieter C. Scholten, a eu droit à des applaudissements plus que nourris, malgré la pauvreté du propos de la proposition et son affligeant passage sur La Marseillaise, tombé comme par hasard dans ce que tente de raconter les danseurs. Le public a pu se laisser séduire par les ensembles dansés, véritable tour de force chorégraphique, mais une réelle interprétation des mouvements auraient été appréciée, afin de leur donner réellement corps.

2 spectacles ont suscité des interrogations et des échanges au sein de l’équipe. Nans Martin, que nous avions croisé prometteur avec Parcelles, présente, avec D’œil et d’oubli, une métaphore du vide qui montre quelques longueurs, pour certains, mais qui arrive à emmener son public. Pour Brûlent nos cœurs insoumis de Christian et François Ben Aïm, si l’accueil public est chaleureux, il nous a laissé de marbre. Le propos simpliste de la proposition se veut alambiqué. On se perd dans cette histoire, qui se voudrait être une fresque. Esthétiquement beau, Brûlent nos cœurs insoumis n’arrive pas à raconter la figure de l’insoumis et use d’artifices théâtraux dont il faut faire le deuil aujourd’hui.

Parmi les chorégraphes femmes, peu nombreuses dans cette édition (5 au total, ce qui souligne un manque évident de figures féminines dans le paysage chorégraphique), Myriam Gourfink a proposé une expérience physique à vivre lors de la représentation de Gris. Adepte du yoga, sa création est l’illustration de sa pratique. Lâcher-prise et médiation ont accompagné le public qui souhaitait entrer en communion avec les interprètes. Se laisser emporter dans cette proposition a été l’une des plus belles expériences à vivre dans ce festival. Autre femme à être présente sur le festival, Ayelen Parolin, accompagnée de Lisi Estaràs, pour le décapant La esclava. Le sensible et le rude se disputent dans cette proposition laissant éclater tout le talent de Lisi Estaràs, porteuse d’une structure en forme d’étoile surdimensionnée. C’est alors tout le poids d’un passé d’interprète, effaçant le soi, qui se joue ici. De ses gestes gauches à ses divagations, elle raconte par strates la danseuse qu’elle est, et laisse échapper des bouts d’elle. C’est la merveilleuse métaphore d’une tragédie, celle d’être un symbole de la danse contemporaine, que le public a accueilli au Théâtre des Doms. Véritable coup de cœur pour cette chorégraphe que l’on aura le plaisir de revoir cet été aux Doms.
Le plateau de A I R, des chorégraphes Malgven Gerbes et David Brandstaetter, offrait 3 portraits de femmes-danseuses. Le capital sympathie des 3 interprètes ne permet pas de faire décoller cette proposition qui aurait pu être poussée plus loin, sur le thème politique, économique et multiculturel de la danse. Toute cette matière féconde aurait pu être fouillée, puisqu’on parle beaucoup tout au long de la proposition.

Deux chorégraphes que le public a été heureux de revoir sur les terres avignonnaises : Jean-Antoine Bigot pour sa performance Derrière le blanc qui a fort étonné et bouleversé, et Franck Micheletti pour Et bien sûr les choses tournent mal, qui se perd en chemin pour mieux se retrouver sur la fin. L’enjeu politique de sa proposition a réveillé le public des Hivernales.

La découverte du jeune chorégraphe Liam Warren et de son Absentia, avec sa maîtrise parfaite de son écriture chorégraphique, a suscité un réel enthousiasme du public venu assister au Plateau de Jeunes Auteurs. Wendy Cornu, faisait partie également de ce plateau, avec Effacées, mais passe cependant à côté de sa proposition par la faiblesse du propos, malgré les belles images qui en découlent.

Le hip-hop était également représenté avec (Des)génération d’Amala Diamor, que l’on aurait aimé aimer, mais qui malgré la qualité des interprètes – et oui ils sont tous très bien – a du mal à capter l’attention jusqu’à son terme. Les moments choraux apportent la dose nécessaire au public pour qu’il adhère à cette proposition. Sans cela, on resterait un peu sur le côté ! Pour ce faire, on citera tous les interprètes généreux et extraordinaires : Gabin Nuissier, Brahim Bouchelaghem, Mathias Rassin, Admir Mirena, Sandrine Lescourant, Link Berthomieux.
Nabil Hemaïzia a déchaîné le public avec Du chaos naissent les étoiles, titre hautement politique en ces temps de périodes préélectorales.
La mécanique des ombres, des artistes associés au CDC, Naïf Production, a également conquis le public du festival, qui a pu découvrir un genre, puisqu’il faut impérativement coller des étiquettes, entre le hip-hop et le cirque.

Enfin, deux mentions spéciales aux chorégraphes Yvann Alexandre et Sébastien Ly. Au premier, pour s’être frotté avec beauté et justesse, quoique certains puissent en dire, aux pierres papales, et au second, pour son après-midi expérimental à la Collection Lambert, qui s’est révélé étonnant et innovant, même si le trio de femmes surprend par ses poncifs de danse contemporaine.

Le public s’est trouvé charmé par cette 39ème édition et c’est avec une certaine impatience que l’on attend la programmation de l’édition de cet été. Nous pouvons dire en chœur : Le 39ème Festival des Hivernales est mort, vive Les Hivernales d’été.

Séverine Gros, Camille Vinatier, Laurent Bourbousson

Le festival des Hivernales s’est tenu du 6 au 25 mars 2017, à Avignon.

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