[VU] Le majestueux Mille et une nuits de Sorour Darabi
Programmé dans le cadre du Festival Montpellier Danse, le spectacle total de Sorour Darabi convoque les corps et les voix trans autour de la figure de Shéhérazade. Retour.
Lorsque le public entre dans le studio Bagouet, à l’Agora, c’est dans une semi-obscurité qu’il fait ses premiers pas. De timides halos lumineux délimitent les espaces dans lesquels le public est amené à bouger. Le temps que l’œil se fasse à cette pénombre, c’est un dispositif quadri-frontal qui s’offre à la vue et dans lequel les interprètes de ce Mille et une nuits vont évoluer. Le but premier, trouver le bon angle pour embrasser l’espace afin de se laisser porter par les êtres peuplant cet univers fantasmé.
Les figures de Shéhérazade
L’artiste transdisciplinaire Sorour Darabi a choisi pour sa nouvelle création, de s’attacher à l’œuvre majeure de la littérature persane, Les Milles et une nuits. Iel déconstruit les récits de Shéhérazade qui, pour échapper à sa mort, invente nuit après nuit des histoires pour son époux, le sultan Schahriar. Sorour s’attaque à l’écriture de nouveaux mythes, ceux d’un monde nouveau, dans un univers apocalyptique. En effet, des sculptures de glace suspendues à des chaînes ou les blocs à même le sol, fondant au fur et à mesure, disent la fin d’une époque, d’une ère. Des tresses de cheveux dans la glace laissent imaginer les corps féminins torturés jusqu’ici.
Mille et une nuits, un récit nouveau
Les voix distordues, qui se font entendre, semblent venir d’outre-tombe et les chants qui en découlent, deviennent des paroles sacrées, des prières modernes pour les corps exposés. Les interprètes cet opéra nouveau, toustes plus belles et beaux les un·e·s que les autres (Aimilios Arapoglou, Li-Yun Hu, Felipe Faria, Lara Chanel, Sorour Darabi) performent, dansent et subliment l’instant de chaque chapitre que Sorour écrit pour son récit. Iel livre une vision fantasmée du nouveau monde empreint de liberté, de sexualités nouvelles, d’abandon et d’ivresse. Les lumières de Shaly Lopez subliment ce récit, tout comme la musique de Pablo Altar, Florian Le Prisé et Ange Halliwell.
Après Savušun et Natural Drama, l’artiste déploie son art avec une liberté totale, brise les frontières et construit de nouveaux paradigmes pour une société qui doit en finir avec l’ancien monde. Mille et une nuits s’inscrit tel un nouveau mythe pour le nouveau monde à construire.
Laurent Bourbousson
Crédit photo : © Herwig Scherabon
Générique
Mille et une nuits a été vu au Festival Montpellier Danse, samedi 29 juin. Dates à venir : 30 juin – Montpellier Danse à 18h – Studio Bagouet-Agora et au Festival d’Automne – Paris, du 16 au 19 octobre 2024.
Chorégraphie, conception, textes et direction artistique : Sorour Darabi / Performeurs, chanteur, acteurs et musiciens en live : Aimilios Arapoglou, Li-Yun Hu, Felipe Faria, Lara Chanel, Sorour Darabi, Pablo Altar, Florian Le Prisé et Ange Halliwell / Composition musicale : Pablo Altar, Florian Le Prisé / Coach vocal : Henry Browne / Création lumière : Shaly Lopez, Dani Paiva de Miranda / Scénographie : Alicia Zaton
Costumes : Anousha Mohtashami
Production exclusive : DEEPDAWN / Sorour Darabi – Chargée de production et diffusion : Jenny Suarez
Chargé d’administration : Martin Buisson
Durée : 2h15
Remerciements : Palmina D’Ascoli, David Lopez, Thomas Gachet
Coproduction : Festival Montpellier Danse, CCN – Ballet National de Marseille, Arsenic – Centre d’art scénique contemporain, Initiatives d’Artistes, La Villette, Paris – Paris, Centre National de la Danse de Pantin, Tanzquartier Wien, Transfabrik – Fonds franco-allemand pour le spectacle vivant, Charleroi Danse, Theaterformen festival.
Avec le soutien de La Manutention Palais de Tokyo, Centre National de la Danse de Pantin, Trauma Bar Und Kino, Tanzhaus Zürich, PACT Zollverein et Poetic Societies.