#FDA18 : Avec Pur Présent, Olivier Py retrouve de sa superbe

15 juillet 2018 /// IN - Les retours
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Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, retrouve de sa superbe avec Pur Présent, ses trois pièces courtes présentées durant ce Festival d’Avignon. Retour.

Une parole acérée et un verbe direct caractérisent Pur présent, la dernière création d’Olivier Py. En prise directe avec notre temps, il livre avec La prison, La Banque et Le masque, une variation de notre monde fracturé à la botte des monnaies dématérialisées et des algorithmes fous.

Déshumanisé, notre monde l’est

Avec pour toile de fond la peinture de Guillaume Bresson, qui représente une scène d’émeute urbaine au pied d’une HLM, les personnages de ce triptyque s’emploie à la joute verbale, arme inéluctable dans un monde dirigée par l’économie.  Dali Benssalah, Nâzim Boudjenah de la Comédie française et Joseph Fourez excellent, chacun, dans leur rôle.

Dans La Prison, Nâzim Boudjenah interprète un caïd digne du film d’Audiard, Le Prophète. Joseph Fourez est l’aumonier, fils de banquier, qui souhaite racheter son âme et celles des autres. Dali Benssalah nage en eau trouble entre le caïd et l’aumonier. Il met le feu aux poudres, souffle le chaud et le froid.
Le caïd et l’aumonier parlent le même langage, qui reste à destination du peuple qu’il se doit de sauver. Un affrontement qui s’effrite pour se terminer en une communion fraternelle les poussant, chacun, à la destruction.

Pour La Banque, le public fait connaissance du père et du frère de l’aumonier. Le père banquier, créateur de la crypto-monnaie, agite les cours de la bourse.  La puissance économique qu’il détient est réelle. Son fils renie ce géniteur qui prête aux algorithmes plus d’importance que la filiation familiale. En totale rebéllion, le fils trouve dans le secrétaire du banquier une oreille attentive. Lui même fils d’un jeune enfant, il tente se fait le porte parole du cri de détresse que lance le jeune. Cri pour redonner une place aux rapports humains, cri pour dire la fracture sociale dans laquelle la société se jette.

Comment combattre les dérives de la Finance ?

Avec pour troisième et dernier volet Le Masque, l’auteur de Pur Présent fait une allusion appuyée aux Anonymous. L’ancien secrétaire du banquier devient le porte-parole de la revendication, d’une révolution qui s’avère difficile à mener. Il porte un masque pour se cacher du monde dans lequel il a vécu jusqu’ici. Celui, qui a participé et subit la dérive économique, revêt un masque noir. Comment en effet combattre les dérives de la Finance qui entraînent chaque jour les acteurs et les spectateurs de ce monde vers un gouffre certain ?
Le dénouement ne donnera aucune solution à cette question. Olivier Py laisse à cette tragédie contemporaine le goût de la nostalgie de la vérité que chacun y inscrira.
Cependant, la démonstration est assez manichéenne. Le bien et le mal se livrent une bataille sans faille, chacun tirant bénéfices de l’autre.
Le verbe de Py fait la démonstration des inégallités sociales dans lesquelles l’argent est roi.

La scénographie froide de cet oratorio laisse une place au Dire, si importante chez l’auteur. Accompagné des notes de Joseph Fourez, Pur Présent peut lasser par certains côtés mais l’ensemble de ces pièces est une réussite qui ne mérite pas le départ du public.

Laurent Bourbousson
Crédit photo : Pur Présent ©Christophe Raynaud de Lage

Pur Présent d’Oliver Py, jusqu’au 22 juillet, à 18h, à la Scierie. Renseignements Festival d’Avignon.
Texte et mise en scène  | Interprètes Dali Benssalah, Nâzim Boudjenah de la Comédie-Française, Joseph Fourez
Et Guilhem Fabre (piano) | Scénographie d’après une idée dePierre-André Weitz | Assistanat à la mise en scène Neil-Adam Mohammedi

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