Montpellier Danse 40, une question de longévité

4 mars 2020 /// Les retours
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Cette année, le festival Montpellier Danse fêtera ses 40 ans avec 39 éditions au compteur (après l’annulation de l’édition de 2003). Un festival qui donne à voir le monde de façon paisible. 

Depuis 40 ans, Montpellier Danse est le repaire de la danse contemporaine, et est et restera un repère dans l’histoire de la danse. Au fil des années, le festival s’est fait découvreur des artistes de demain, a permis de revisiter des pièces fortes de chorégraphes connus, avec toujours cette conscience de mettre en avant les nouvelles expressions de la danse.

En cette année d’anniversaire un peu spécial, 40 qui reste un chiffre entre 39 et 41 pour Jean-Paul Montanari, le directeur artistique de la structure, la programmation est tout ceci. Et pour reprendre les termes de Patrick Malavieille, président du conseil d’administration de Montpellier Danse, c’est un festival tout en harmonie et en équilibre.

Montpellier Danse 40 comme amitié

Le plus difficile, et on le comprendra aisément, aura été de choisir parmi les nombreux amis que compte Jean-Paul Montanari. Son amour pour la danse de Jiří Kylián mettra à l’honneur le ballet de l’Opéra de Lyon avec la présentation de pièces chorégraphiques entrées au répertoire du Ballet.

Emanuel Gat créera Lovetrain2020 (ci-contre) sur la musique des Tears For Fears. Le chorégraphe, qui ouvrira cette édition avec cette création mondiale, poursuit sa réflexion sur l’idée du rassemblement autour du rituel d’un spectacle. 

Mourad Merzouki clôturera cette édition. Programmé pour 4 soirées exceptionnelles, à l’Opéra Berlioz / Le Corum, ce seront 8000 personnes qui verront Folia, un spectacle grand public qui donnera un air de fête à l’édition.

Autres noms que les festivaliers connaissent et ne se lasseront pas de croiser à nouveau, sont ceux de Sharon Eyal & Gai Behar (ci-dessous) pour leur danse pulsionnelle et la présence de la Batsheva dance Company avec la chorégraphe Ohad Naharin.

Raimund Hoghe viendra présenter Moments of Young People qui est une version resserrée de Young People Old Voices, créée en 2004 suite à l’annulation de l’édition de 2003. Anne Teresa De Keersmaeker sera accompagnée du pianiste Pavel Kolesnikov pour nous livrer son solo The Goldberg Variations, BWV 988 qui vient poursuivre sa minutieuse exploration de la musique de Bach. Enfin, Robyn Orlin sera présente au Théâtre des 13 vents / Grammont pour we wear our wheels with pride and slap your streets with color… we said « bonjour » to satan in 1820…

Montpellier Danse 40 et un lien indéfectible avec le Centre Chorégraphique National

Pour Jean-Paul Montanari, il était inconcevable que les trois directions qui ont donné l’image dont joui le CCN soient absentes de la programmation. C’est ainsi que le public aura la grande chance, par l’intermédiaire de Catherine Legrand, interprète emblématique des œuvres de Dominique Bagouet, de (re)découvrir So Schnell 1990-2020, pièce mythique du chorégraphe disparu trop tôt (ci-contre).
Mathilde Monnier recréera une pièce qui a vu le jour lors de la Fashion Week Hommes au Grand Palais, Défilé pour 27 chaussures
Quand à Christian Rizzo, l’actuel directeur de ICI-CCN Montpellier Région Occitanie, il célèbrerant les 40 ans du festival en soufflant la bougie de la 200ième représentation d’après une histoire vraie dans la salle de l’Opéra Berlioz / Le Corum.

Montpellier Danse 40 comme création

La jeune création est également au rendez-vous du festival. Bouchra Ouizguen, l’une des artistes les plus radicales pour Jean-Paul Montanari, présentera Éléphant ou le temps suspendu.
Parmi les découvertes, on notera la présence du performeur Arkadi Zaides avec son projet NECROPOLIS qui prend appui sur une liste élaborée par une Organisation appelée United qui comptabilise, depuis 1923, tous les cas de décès de migrants qui ont tenté de rejoindre l’Europe.
La chorégraphe Nadia Beugré abordera frontalement la question du genre dans L’Homme Rare.
Le festival sera l’occasion de découvrir les créations de la montréalaise Daina Ashbee dont on a hâte de découvrir le travail (ci-dessus).

Des chorégraphes de la région Occitanie sont également présents dans cette programmation. Et l’on est assez heureux, il faut le dire, de les retrouver. Fabrice Ramalingom, en qui le directeur artistique du festival voit en lui une certaine filiation d’avec Dominique Bagouet, pour Frérocité ; David Wampach, l’un des chorégraphes les plus doués de sa génération dixit Montanari, qui s’allie avec Aina Alegre pour 2020 ; et enfin Michèle Murray poursuivra son travail sur le rapport entre narration et abstraction, abordé dans ATLAS/ETUDES, avec WILDER SHORES (ci-dessus).

Montpellier Danse 40 et la question du territoire

Découpage et partenaire territorial oblige, Montpellier Danse présentera dans les villes de la Métropole des extraits de The Roots que le chorégraphe Kader Attou a transmis au danseurs du N.I.D. Epsedanse, l’école pour danseurs professionnels d’Anne-Marie Porras.

Enfin, les festivaliers pourront découvrir le travail vidéo de l’artiste Karam Natour autour de la notion d’identité.

Une édition propice à la réflexion

Si la création tient la part belle dans cette programmation, il n’en demeure pas moins que cette édition invite à réfléchir sur l’acte créatif avec les reprises qui rythment le programme (est-ce qu’un chorégraphe peut faire une pièce par an ? (nous pensons que non)) . L’occasion sera de voir des reprises bien vivantes, hors des supports vidéos. Et si cela était un des secrets de la danse pour les années à venir, celui de recréer des pièces du répertoire générique de la danse contemporaine afin de penser le chemin à poursuivre ?
Cependant, la danse poursuit son évolution et renouvelle la vision que l’on peut avoir sur un monde en constante mutation. Montpellier Danse nous montre la voie. À vous de vous construire la votre.

Laurent Bourbousson
Visuel : Affiche ©Les produits de l’épicerie – LOVETRAIN2020 ©Emanuel Gat – Sharon Eyal & Gai Behar ©Stefan Dotter – So Schnell 1990-2020 ©Caroline Ablain – Daina Ashbee Laborious Song ©David Wong – WILDER SHORES ©Julien Reyes 

Dates

Montpellier Danse 40 du 20 juin au 8 juillet 2020. Tous les renseignements sur le site montpellierdanse.com
Pour les abonnés – carte Agora, les locations ouvrent aujourd’hui à 11h.
Pour tout le public, les locations ouvrent lundi 9 mars à 11h.

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