VU #OFF18 : Le mensonge du singe de Christophe Tostain

10 juillet 2018 /// Les retours - VU #OFF
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Avec Le mensonge du singe, Christophe Tostain signe un texte radical et sans concessions sur ce que notre humanité est. Un texte qui s’écoute au présent. Retour.

L’Homme est assis face à nous, à moins que ce ne soit qu’une hallucination. Non, il est bien présent et en impose sur, ce qui pourrait bien être, un trône de roi. Notre homme donc, roi des temps modernes, parle d’une voix grave. Forte, captivante, ensorcelante, elle emplit l’espace de la salle.
Il entame un voyage immobile dans son espace pavillonnaire. Tout est blanc, à l’identique, déshumanisé pour des humains en recherche de reconnaissance sociale. L’homme se promène dans les allées avec son masque de sociabilité. Seul son masque en porte le nom. La solitude dans laquelle il se retrouve est immense. Elle engloutit tout, les repères, la stabilité, le discernement. Le simple fait de se présenter à son voisin dérape. Il hurle une farandole de prénoms, vocifère même.

L’homme rejette en bloc l’humanité, du moins ce qu’elle est devenue, une forme monstrueuse qui annihile toutes formes de pensées, préférant ingurgiter du vide pour combler les vies.
Ce qui lui importe, pour le moment, est de gagner l’autre côté du périphérique afin de trouver un sens à sa vie. Il est une âme humaine vide en quête de sens.
Se pose alors les questions suivantes : Mais qu’est-ce qui a fait que notre société parvienne à la création d’êtres avec un dégoût prononcé pour la nature humaine ? Comment faire marche arrière, si nous le pouvons ? Comment juger ceux que l’on incrimine sans chercher le grain de sable qui a fait tout basculer ?

Le texte de Christophe Tostain décrit la solitude et la schizophrénie dans laquelle la société s’est laissée emportée. En choississant comme titre Le mensonge du singe, l’auteur nous renvoit à notre instinct primaire, celui de la survie en milieu hostile. La force du récit est d’une radicalité, sans concession. Elle colle à notre monde, celui où la violence est quotidienne et dans lequel les gens recherchent une raison de vivre. Sa mise scène sert son texte puissant, magistralement interprété par François-Xavier Malingre, ce jour-là (le rôle est joué en alternance par Fabrice Michel).
Sans apporter de réponses, l’écriture de Christophe Tostain nous rejette dans la rue avec nos pensées et nous raccroche à l’amour que l’on peut porter à soi pour le transmettre à l’autre.

Laurent Bourbousson
Crédit photo : La compagnie du Phoenix

Le mensonge du singe de Christophe Tostain, du 6 au 27 juillet 2018 (relâches les dimanches) à 13h à l’Artéphile. Renseignements ici.
Performance  François Xavier Malingre en alternance avec Fabrice Michel / Texte, mise en scène, créations sonores et visuelles Christophe Tostain / Conseil dramaturgique Fabrice Michel

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