Interview : Second Rôle, la nouvelle sonorité de la scène électro
Cela fait tout juste un an que Dany Azzopardi travaille sur le projet Second Rôle. Son premier morceau, Pictures, avait trouvé sa place dans la playlist du blog en décembre dernier (à retrouver ici ou là). Après une première partie remarquée lors du concert de Rone, à Châteaurenard, et l’annonce de son second ep, il était évident de rencontrer cet avignonnais.
La rencontre a eu lieu à quelques jours de la sortie de son second opus Market qui offre une vision éclairante du style Second Rôle. Oui, car il y a bien un style Second Rôle.
Second Rôle sonne cinéma mais également comme ne pas être le premier, sous les projecteurs. Était-ce une volonté ?
Il y a deux choses. Effectivement, il y a un rapport très marqué avec le cinéma car les musiques de films m’attirent énormément. Ensuite, j’accorde beaucoup d’importance à la scénographie et à la lumière pour mes sets car en musique électronique, remplir la scène, ce n’est pas facile quand on est tout seul. J’ai besoin des instruments autour de moi, de créer une ambiance. Et pour finir, je n’aime pas me mettre en avant. Second Rôle tombait sous le sens.
Ton second ep Market est sorti lundi dernier. Peux-tu nous le présenter ?
Il est composé de deux titres. Ce sont des morceaux différents : Market a un côté plus pop avec couplet-refrain dans un format standard. Forest est limite techno dans sa construction, avec des longueurs. Cet ep définit mon projet actuel. Il dévoile un côté plus pop, avec des sonorités actuelles, et un côté un peu plus expérimental, techno même si je n’en fais pas vraiment.
Lorsque l’on écoute les sons que tu fais, on pense à Vitalic, entre autres.
J’écoute beaucoup Vitalic, que j’ai également vu en live. On peut aussi penser à Rone dans son côté élégant et ses compositions assez cinématographiques. J’essaie aussi de mélanger un peu toutes mes influences. J’écoute également Ratatat, pour avoir un côté un peu plus pop, Lana Del Rey, Agnès Obel et beaucoup de musiques de Hans Zimmer. De la musique classique aussi, Camille Saint Saëns. Je peux passer d’un morceau de Vitalic à un morceau de classique, tout de suite après.
Dans ta famille électro, on retrouve Nasser, French 79, Kid Francescoli…
J’ai commencé à faire de la musique en travaillant avec eux, sur des tournées pour leur scénographie et la lumière. J’ai commencé à acheter un synthé, puis un autre, je me suis fait conseiller pour l’achat des autres. Je composais avec Valou, avec qui je travaillais sur Alphaze (son premier projet) à l’époque, on composait à 2. C’est leur rencontre qui m’a donné envie de me lancer sur le projet Second Rôle. Ils m’apportent beaucoup. Je tiens d’eux cet œil attentif à la scénographie, d’être entouré de synthés et non de contrôleurs afin d’apporter un truc vivant sur scène.
Second Rôle sur scène
Justement, parlons scène. Tu as fais la première partie du concert d’Isaac Delusion et de Rone ? Comment se sent-on avant d’entrer sur scène ?
L’excitation est mélangée à l’appréhension. J’avais un peu plus d’appréhension pour cette première partie. Il y avait pas mal de public et de critiques qui venaient pour Rone. Tu as l’impression que les 5 minutes, qui précèdent ton entrée sur scène, durent une demi-heure et tu remets tout en question. Si tu avais la possibilité, tu modifierais tous les morceaux. Après, quand tu as fait les premiers pas, l’excitation prend le dessus, et tu as hâte de voir la réaction du public quand tu joues tes morceaux.
Il y a quelque chose d’élégant dans ton set, les lumières, ce que tout cela raconte. On sent que tout est travaillé dans le détail.
Je travaille avec François Alapetite pour les lumières. Nous avons travaillé ensemble sur des tournées. On a fabriqué une scénographie qui était ma priorité. Son travail est un bel atout pour ma musique qui est assez carrée avec des breaks bien définis, des coupures, des noirs. C’est important de l’avoir à mes côtés car il accentue tout ceci. On voulait quelque chose d’élégant tout comme l’esthétique du projet, et on voulait retranscrire ceci au niveau des lives.
Est-ce que les morceaux sont les mêmes du studio à la scène ?
D’abord, je me concentre sur l’écriture des morceaux. Ensuite, quand je les travaille en studio, si j’ai des idées qui me viennent pour le live, je les mets de côté et peut-être que je m’en servirai. De toute façon, lors de mes sets, j’ajoute des choses qui ne sont pas sur les morceaux initiaux. Par exemple, j’ai un titre que je ne sortirai jamais en album car il est dédié au live. Il ne peut pas être écouté chez soi. Je réarrange donc mes morceaux. Je trouve que c’est important.
Le clip Market
Tes clips pour les titres Pictures et Market sont très cinématographiques. On sent que le cinéma est indissociable de ton image ?
Oui, c’est sûr. Déjà pour la composition d’un morceau, l’image a une place importante puisque je ne peux pas composer sans en avoir en tête. Je me fais un film pour chaque morceau.
Je donne beaucoup d’importance aux clips. Je ne veux pas un clip avec des gens autour d’un feu de camp sur la plage (rires). J’aime raconter une histoire, que ce soit de véritables courts-métrages. J’écris tous mes clips. C’est Mr Blønde qui les réalisent.
Le clip du titre Market à découvrir ci-dessous :
L’ep Market vient de sortir et on a envie de te poser cette question : l’album est prévu pour quand ?
Lorsque j’aurai des gens autour de moi ! Le monde de la musique est assez compliqué car il y a beaucoup de personnes sur le marché. Oui, il faut être réaliste, le monde de la musique est un marché.
C’est compliqué d’être diffusé car il faut avoir des structures pour t’accompagner. Tu peux faire un bout de chemin tout seul, mais pas tout. Je commence à entrer en discussion avec des structures (tourneurs, labels et éditeurs). Je pense que l’on refera un ep avant un album. J’ai suffisamment de titres pour sortir un album mais je préfère étaler les morceaux pour avoir du contenu derrière moi. C’est une nouvelle façon d’envisager un album et ça fonctionne comme cela : les gens écoutent beaucoup de morceaux, via les plateformes de streaming. On est moins sur des formats albums en ce qui concerne la musique électronique.
On a l’impression que tout fait tout seul…
J’ai envie que Second Rôle me corresponde à 100%. J’aime être maître de l’image. Je donne les lignes directrices à tout le monde. Ce n’est pas évident de défendre un projet quand tu es maître d’une seule partie du projet.
Qu’est-ce qu’il fait que l’on sent détenir un bon morceau ?
C’est quand je commence à danser dans mon studio. Tu sens quand il est présentable et fini et qu’il peut plaire aux gens. Bien sûr, tous sont comme ceci mais il y a des morceaux qui te plaisent plus que d’autres.
Tu travailles sur quel morceau actuellement ?
Je travaille avec Paulette Wright, une chanteuse. Nous peaufinons notre titre.
Pour terminer, j’avais envie de te poser une question débile : en ce moment tu écoutes quoi ?
J’écoute des choses totalement différentes.
Alors quel est ton dernier coup de coeur ?
Eddy de Pretto. C’est bien d’avoir quelqu’un qui chante en français et qui assume. Il a un côté dark et émouvant. Ça me correspond assez car mes morceaux ne sont pas très gais !
Propos recueillis par Laurent Bourbousson
Retrouvez Second Rôle sur Deezer, sur YouTube, sur FB.
Second Rôle sera en live au Théâtre du Chêne noir le 27 septembre. Renseignements ici.