[VU] À bords perdus de Barbara Amar – Cie Précipité

29 novembre 2022 /// Les retours
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Créée en 2021, au Théâtre l’Olivier (Istres) devant un parterre de professionnels, confinement oblige, la pièce À bords perdus rencontrait un public plus large mardi 22 novembre à Klap Maison pour la Danse (Marseille). Retour.

Un livre, des mots et des mouvements pour À bords perdus

L’une des dernières créations en date de Barbara Amar doit son existence à celle d’un livre, Espèces d’espaces de Georges Perec. À bords perdus questionne la perception de nos espaces et par là-même, nos identités.

La chorégraphe s’est donc nourrie des mots de cet auteur qui examine minutieusement dans son ouvrage son propre rapport à l’espace de celui de la page blanche à l’espace du vide sidéral, en passant par l’espace urbain.

Chaque phrase chorégraphique vient augmenter le texte lu en direct, par Yann Prévôt. D’une grande richesse, il devient le liant à la pièce chorégraphique qui se construit sous les yeux du public.

5 interpètes habitent l’espace

Tout se construit et se déconstruit au fur et à mesure dans À bords perdus. Les espaces imaginaires et fantasmés prennent corps dans des espaces créés. En effet, les interprètes manipulent avec précisions des plaques de carton rigides assemblées construisant ainsi des environnements d’une densite urbaine certaine.

Chaque interprète exécute une danse précise racontant le dire et leurs mouvements augmentent la portée des mots. Anthony Barreri, Eve Bouchelot, Elodie Cottet, Elsa Dumontel et Hugues Rondepierre, toutes et tous magnifiques, dansent les vies dans les contrées de nos racines et de nos imaginaires.

Des espaces pour des identités

Chaque espace de vie conditionne l’identité de chaque individu. Ce sera la lecture que nous ferons d’À bords perdus. Il le contraint parfois à fuir, soit l’oblige à rester ou bien à revenir dans les lieux habités jadis, pour retrouver ses racines, son histoire profonde. Les images projetées en fond de scène nourrissent la perception que l’on peut alors avoir de la pièce.

Mais, l’inhabitable se danse également chez Barbara Amar. Le solo d’Anthony Barreri, sorte de course poursuite pour échapper au vide, donne l’illustration parfaite de notre contemporanéité, un monde qui isole et qui détruit toute spontanéité.

Barbara Amar, cartographe des vies

Barbara Amar chorégraphie et cartographie ainsi avec À bords perdus des histoires de vie au travers des espaces convoqués. Elle osculte, par le prisme du mouvement, les déplacements individuels de nos contemporains et la condition des êtres, nourrissant ainsi l’imaginaire de son public.

Entre réalisme et vagabondage, la chorégraphe propose une œuvre exigeante alliant installation plastique, danse et ce que l’on pourrait appeler forme théâtrale. Une création salutaire que le public n’a plus l’habitude de voir, de regarder, d’observer et d’écouter.

Interview de Barbara Amar

Nous avons échangé avec la chorégraphe autour du spectacle, des interprètes, du dispositif scénique. Interview réalisée le 24 novembre 2022.

Laurent Bourbousson
Crédits photos : 1. Garance Cathalot. 2. Yann Prévôt

Générique

Chorégraphie Barbara Amar / En collaboration avec les interprètes Eve Bouchelot, Anthony Barreri, Elsa Dumontel, Elodie Cottet, Yann Prévôt, Hugues Rondepierre / Lumières Yvan Guacoin / Scénographie Barbara Amar/ Yann Prévôt / Vidéo Loan Calmon / Musique Nils Frahm/ Steve Reich / Textes Georges Perec (Espèces d’Espaces, fragments)

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