[VU] Avec Good Luck, Amit Noy se paie les États-nations
Amit Noy présente Good Luck, en création mondiale à Montpellier Danse au Hangar Théâtre, et se paie les États-nations dans une performance radicale. Retour.
À l’entrée du public, seul le titre projeté en fond de scène fait son effet. GOOD LUCK fait figure d’une invitation narquoise, et cela va vite se faire ressentir.
Amit Noy en frontal
Caché sous une couverture de survie, Amit Noy attend patiemment de se dévoiler au public en fredonnant un hymne et pas n’importe lequel, l’hymne israëlien mais dont les paroles projetées en guise de sur-titres ont été réecrites pour faire office de n’importe quel hymne. Ces mots sont une première gifle que le public se prend en pleine figure. Ils font état d’une haine envers l’étranger à la nation d’appartenance, et les hymnes sont ainsi faites.
Vêtu d’un jean large et d’un tee-shirt blanc, Amit Noy se lève et fait face au public. Il exécute des danses folkloriques et traditionnalistes apprises à Hawaï en Californie et en Nouvelle-Zélande. Le rythme est énergique et les gestes sont tendus. Pas de place à la douceur. Que le poing soit levé, contre le menton et le visage, ou bien sur la poitrine, Amit Noy est dévoué corps et âme à cette discipline d’exécution, jusqu’à se torturer le cœur avec cette fierté d’appartenance à une patrie.
Un corps transcendant l’idée de l’État-nation
Baskets, jean et tee-shirt sont alors abandonnés. C’est en couche et gants longs en velours bleu que le corps d’Amit Noy se dévoile. Il déconstruit toute appartenance à un territoire. Il est un corps que les États-nations voient naître sur leur sol. Ces corps d’enfants façonnés et biberonnés dès leurs plus tendres enfances par des diktats, sont les adultes de demain qui font allégeance à ce sol nourricier.
Dans une sorte de cabaret, le performeur crée des images fortes, chante une chanson d’amour snapchatienne, évoque tout racisme, cri pour se libèrer des démons nationalistes dans un combat qu’il mène pour nous-même.
Amit Noy se donne corps et âme à ce brûlot qu’il écrit en 2025. Cette création s’est vue modifiée depuis son début. Elle vient percuter en effet de plein fouet l’actualité internationale. Good Luck résonne ainsi encore plus fort et laisse la marque d’une gifle reçue en plein visage.
Laurent Bourbousson
Crédit photo : ©Simon Courchel
À été vu jeudi 3 juillet. À voir encore ce soir au Hangar Théâtre, à 18h, dans la cadre du festival Montpellier Danse.
Générique
Chorégraphie, interprétation, texte, costume, conception visuelle : Amit Noy / Assistant à la mise en scène : Holly Vallis / Création sonore : Samir Kennedy / Création lumière : Zeynep Kepekli / Régisseur lumière : Anaïs De Freitas Da Silva / Régisseur audiovisuel : Romain Gauchais / Conseiller dramaturgique : Karthika Naïr / Regard extérieur : Miguel Gutierrez / Production : Marie Lhotellier / Administration : Emmanuelle Taccard
Production: Compagnie Sumac / Coproduction: Festival Montpellier Danse 2025, CCN-Ballet national de Marseille “accueil studio” / Ministère de la Culture, Théâtre de la Ville—Paris / Résidence: KLAP Maison pour la Danse, SCENE44 / Avec le soutien de: DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur (aide à la création), Creative New Zealand, Festival Parallèle