[VU] Avec Vis Motrix de Rafaele Giovanola, tout est question de matière
La chorégraphe Rafaele Giovanela de la compagnie Cocoon Dance présentait Vis Motrix au Théâtre des Halles dans le cadre du Festival les Hivernales.
Étrange matière en mouvement
Sur un plateau blanc, 5 corps allongés, tous vêtus de noir, attendent comme un top départ. Classés par groupe de 2 et 3, ils sont immobiles. L’image est hypnotique. Petit à petit, les torses s’élèvent sur un grondement lointain puis de plus en plus proche.
L’entrée en matière de Vis Motrix nous fait perdre le rapport à la réalité. Les corps alignés semblent appartenir à un ailleurs, un autre espace-temps. Ils se meuvent mais sans que l’on soit certain que devant nos yeux ce soient des corps réels.
Leur mouvement mécanique, la gestuelle fait penser à de la robotique, devient organique, identique à une matière graphique en perpétuel mouvement tel un blob grandissant. L’étrangeté qui se dégage de ce ballet est poussée à son paroxysme.
Vis Motrix, un nouveau monde
Chorégraphie d’anticipation, Vis Motrix est une parfaite illustration des corps en mutation.
Les interprètes toutes à l’écoute les unes des autres œuvrent dans leurs individuels espaces telles des humanoïdes, nous amenant à les imaginer comme une colonie de fourmis ou des araignées dans un cocon.
Les déplacements de groupe ou individuels quadrillent l’espace méticuleusement comme si chaque entité était à l’œuvre d’une tâche précise.
La musique renforce le mystère de cet étrange ballet se déroulant à même le sol qui semble vaciller sous l’effet des jeux de lumière d’une blancheur accrue.
Le spectateur aura là l’espace de tous les possibles pour ressentir, construire, traduire et interpréter ce qu’il voit se dérouler sous ses yeux. Peut-être penser à Louise Bourgeois et son araignée, à Alien de Ridley Scott ou encore à la série Humans… prenant conscience que nous ne sommes que matière transformable ; en somme, des à venir.
Laurent Bourbousson
Crédit photo : ©Klaus Fröhlich
Vis Motrix a été vu le 1er mars dans le cadre du Festival Les Hivernales
Générique
Chorégraphie, mise en scène : Rafaële Giovanola | Création Fa-Hsuan Chen, Martina De Dominicis, Tanja Marín Friðjónsdóttir, Susanne Schneider | Interprètes Fa-Hsuan Chen, Martina De Dominicis, Tanja Marín Friðjónsdóttir, Susanne Schneider | Ateliers Hugo Pratap Parvez, Melvyn Maregrande, Valerio Maselli | Composition Franco Mento | Éclairage, espace Gregor Glogowski | Costumes CocoonDance | Assistance chorégraphique Leonardo Rodrigues | Production Choreographic assistance | Dramaturgie : Rainald Endrass
Coproduit par Théâtre du Crochetan Monthey, Malévoz Quartier Culturel, Ringlokschuppen Ruhr Mülheim, Theater im Ballsaal Bonn | En collaberation avec Le Malévoz Quartier Culturel
Soutenu par Ministerium für Kultur und Wissenschaft des Landes Nordrhein-Westfalen, Bundesstadt Bonn et dans le cadre du programme de résidences TRIENNALE : Théâtre-ProVS, Le Conseil de la Culture Etat du Valais, La Loterie Romande