[VU] Le bruit des arbres qui tombent, une certaine empreinte émotionnelle par L. Bourbousson

21 décembre 2018 /// Les retours
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Avec 4 interprètes au plateau, Nathalie Béasse signe une des belles pièces à découvrir dans le champ de l’objet théâtral. Le bruit des arbres qui tombent a le goût des réussites.

Nathalie Béasse convoque différentes figures majeures du théâtre avec son objet théâtral qui pourrait être autant une succession de séquences performatives que des installations d’art.

L’artiste, qui a été formée aux Beaux-Arts puis au CNR Art Dramatique d’Anger et qui est passée par la H.B.K. de Braunschweig, école imprégnée par l’enseignement de Marina Abramovic, aborde bien des thèmes dans la succession de séquences que compose Le bruit des arbres.
Si les thèmes de la famille, de l’intime, des secrets sont le terreau fertile de ses créations, ici, il en est un qui sous-tend le tout, celui de l’absence, celle de l’autre, de son double, de son prolongement, ainsi que celle de notre propre absence au monde. À quoi sert de savoir ? nous sera d’ailleurs demandé au cours de la représentation, comme pour signifier l’éphémère de la vie.
L’on pense à Beckett, pour l’absurde de la vie, à Pina Bausch, lors de ce duo vacillant, à l’acte performatif, au théâtre physique chez Nathalie Béasse.

Avec son ouverture grandiose, une bâche noire tirée par des fils devient matière vivante, l’objet qui est donné à voir laisse une certaine empreinte émotionnelle. Sublimés par ses acteurs fétiches, qui sont tous à saluer (Estelle Decambre, Karim Fatihi, Erik Gersen et Clément Goupille), les différents chapitres de cette histoire racontent des fragments de vie, du baptême, merveilleuse scène durant laquelle l’eau  coule tout du long qu’est énumérée la filiation de Jacob, jusqu’à l’ensevelissement.
À travers des textes de Duras, Stein, Shakespeare, Brel et des chants des Indiens d’Amérique, Nathalie Béasse compose une partition où l’humain se doit d’être de tous les instants. Qu’ils jouent ou se jouent de son environnement, qu’ils souffrent, qu’ils respirent, qu’ils rient, les émotions suscitées explorent la fragilité des êtres aussi bien dans leur force que dans leur naïveté.

Le tragique devient joyeux chez la metteure en scène et convoque chaque personne du public à prendre part au rituel, son rituel, celui d’un théâtre sensoriel.

Laurent Bourbousson
Crédit Photo : P. Grosbois

Le Bruit des arbres qui tombent a été vu au Théâtre d’Arles le 18 décembre.
Conception, mise en scène et scénographie Nathalie Béasse | Interprétation Estelle Delcambre, Karim Fatihi, Erik Gerken, Clément Goupille | Lumières Natalie Gallard | Musiques Nicolas Chavet, Julien Parsy
En région : les 7 et 8 février au Théâtre Bois de l’Aune, à Aix-en-Provence.
Et partout en France, renseignements ici.

Le VU de Francis Braun.

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