[VU] Rien que du beau à la Belle Scène Saint-Denis
Avec le Programme Danse #2, Emmanuelle Jouan, directrice du Théâtre Louis Aragon, présente 4 propositions aux sensibilités diverses avec Gaëlle Bourges, Mickaël Phelippeau, Anne Nguyen et Filipe Lourenço. Du beau, rien que du beau.
Entrez dans la tapisserie avec Gaëlle Bourges

Le programme s’ouvre avec un extrait de la pièce chorégraphique Guillaume & Harold créée suite à la commande d’Alban Richard pour la collection Tout-Terrain du CCN de Caen en Normandie.
Avec Guillaume & Harold, la chorégraphe nous invite, à travers une série d’épisodes façon Netflix, à suivre les pérégrinations, trahisons et coups bas des deux personnages centraux de la tapisseire de Bayeux Guillaume, duc de Normandie, et Harold, dernier roi anglo-saxon d’Angleterre.
On savoure ici toute la malice de Gaëlle Bourges à mettre en espace et en jeu les 623 personnages de cette tapisserie du XIe siècle, inscrite depuis 2007, au registre national Mémoire du monde de l’Unesco.
Les personnages s’animent sous les yeux amusés du public – Camille Gerbeau et Pedro Hermelin Vélez sont parfaits – à l’aide d’accessoires diverses et variés.
Postures, mimes et playbacks s’enchaînent dans la série « Guillaume & Harold » autour d’un récit haletant qui met à mal le patriarcat (sur les 623 personnages, on dénombre 3 femmes uniquement !) et fait voyager notre cœur entre le royaume de France et celui d’Angleterre avec humour et intelligence.
Les musiques d’une vie chez Mickaël Phelippeau

Changement de cap avec Mickaël Phelippeau avec Jean-Romuald, un garçon de son âge. Ici, nous sommes bien en 2025 et nous faisons la connaissance de Jean-Romuald, un garçon de son âge. Le chorégraphe qui dresse des portraits chorégraphiques tous plus surprenants et bouleversants les uns que les autres (on repense à Avec Anastasia, Juste Heddy ou encore Lou) présente donc une étape de travail en cette matinée.
Jean-Romuald entre en scène. Celui qui compose ses propres compositions (nous en écouterons une !) se livre sur les notes des chansons de Lescop, TheFrenchKris, Johnny Jane ou encore A-ha. Ces chansons sont la bande-son de sa vie et ce sont ses tourments, ses questionnements et son existence qui défilent sous nos yeux.
Mickaël Phelippeau a rencontré Jean-Romuald lors d’un atelier de danse au Centre national de la danse à Pantin, à destination d’un public mixte par rapport à la question du handicap. Il nous permet de faire sa connaissance dans un moment d’intime confession, de grâce et de sincérité désarmante. Un ange passe.
Les mille et une peaux de Willy Kazzama par Anne Nguyen

La chorégraphe Anne Nguyen met en danse Mark-Wilfried Kouadio alias « Willy Kazzama » dans un solo d’une grande richesse. Le public découvre ainsi un danseur solaire qui s’effeuille en mouvements tout le long de [Superstart[. Il danse son histoire et celles de ses ancêtres. Main plaquée au sol, on devine la terre de ses ancêtres, toutes les âmes l’entourant.
Il fait resurgir le patrimoine de la diaspora afro-américaine, métisse les traditions dansées d’Afrique de l’Ouest avec les techniques de danses urbaines africaines et afro-américaines.
[Superstrat[ est la démonstration du syncrétisme même avec un interprète solaire à la force interprétative folle : Mark-Wilfried Kouadio. Retenez bien son nom.
Finir en transe avec Amazigh in situ de Filipe Lourenço

Le travail de Filipe Lourenço se construit patiemment mais sûrement. Depuis Pulse(s), le chorégraphe déconstruit les danses folkloriques du Maghreb pour en extraire la quintessence-même.
Avec Amazigh in situ, il n’échappe pas à la règle et entraîne le public dans une transe certaine où le rythme, les intonations de voix et les percussions concourent au lâcher prise avec des interprètes absolument magnifiques.
Ema Bertaud, Alice Lada, Kerem Glebek, Youness Aboulakoul et Mithkal Alzghar, tous vêtus de pyjamas de soie aux motifs fleuris ultra-canons, viennent percuter l’imaginaire que l’on peut se faire de la danse Ahidous. La danse qui va ainsi émerger de ce quintet est d’une contemporanéité absolue. En baskets fluos, rangés en ligne, la danse est douce, d’une extrême lenteur en début. S’approprier le mouvement, l’inscrire dans son corps, poser le regard sur l’autre pour danser ensemble sont les préceptes de cette proposition. Puis, le rythme s’accélère, s’intensifie, donne à voir l’état d’une transe joyeuse et partagée.
La virtuosité des mouvements traverse de part en part cette nouvelle création, qui verra le jour à la Scène nationale de l’Essonne en mars prochain. Et on peut le parier, elle sera explosive, enthousiasmante et renversante. Une transe en soi.
Laurent Bourbousson
Crédit photo : ©Théâtre Louis Aragon
Générique
Programme #2 jusqu’au 18 juillet – 10 heures. Renseignements ICI
Guillaume & Harold
Conception Gaëlle Bourges / Récit Gaëlle Bourges, d’après le récit délivré par la broderie de Bayeux / Avec Camille Gerbeau et Pedro Hermelin Vélez / Accessoires & costumes Gaëlle Bourges, Anne Dessertine, Camille Gerbeau, Pedro Hermelin Vélez et Jean Loison / Musique Stéphane Monteiro aka XtroniK + guests du 11e siècle + ABBA / Régie Nicolas Bordes /
Jean-Romuald, un garçon de son âge
Pièce chorégraphique de Mickaël Phelippeau / Interprétation Jean-Romuald Fessin / Regards extérieurs Clarisse Chanel et Philippe Lebhar / Production, diffusion, administration Manon Crochemore, Mathilde Lalanne et Marie-Laure Menger – Fabrik Cassiopée / Remerciements Alban Richard
[Superstrat[
Chorégraphie Anne Nguyen / Interprétation Mark-Wilfried Kouadio alias Willy Kazzama / Musique originale Pierre Demange et Grégoire Letouvet / Costume Ludivine Maillard / Création lumière Nicolas Flamant
Amazigh in situ
Chorégraphie Filipe Lourenço / Assistante Déborah Lary / Interprétation Ema Bertaud, Alice Lada, Kerem Gelebek, Youness Aboulakoul, Mithkal Alzghair / Musique Filipe Lourenço et Amine Ennouri / Costumes Khalid Benghrib / Régie générale, préparation François Michaudel / Administration, développement Christophe Piederriere / Production et diffusion Lara Thozet