[VU] Une goutte d’eau dans un nuage, la rêverie de la cie Microscopique
En cinq chapitres, la Compagnie Microscopique emmène son public dans un voyage immobile qui a pour cadre Hô Chi Minh-Ville. Cinq chapitres qui sont autant de cartes postales pop et sucrées. Retour.
Au départ, l’arrivée
Une goutte d’eau dans un nuage raconte le déracinement, l’appropriation culturelle, l’acceptation de l’autre dans un environnement étranger, la perte de repères, la découverte, le bruit et l’odeur d’Hô Chi Minh-Ville.
Éloïse Mercier, de la compagnie Microscopique (interview à découvrir ici), convie le spectateur à vivre tout le fantasme que recelle le seul nom de Saïgon. Son arrivée, réellement vécue, se fait ici au rythme du flux perpétuel de la ville et d’une mousson dont la moiteur colle à la peau. Cela fait d’elle l’étrangère dans la cité que Duras a décrite dans ses romans.
Néanmoins, il plane, tout au long de son récit, une douceur. Son déplacement et sa voix enferment un maniérisme certain qui colle merveilleusement à cet objet contemplatif. Mais, c’est avec une certaine frénésie que le spectateur la suit dans les cinq chapitres de son expatriation.
Cinq chapitres aux couleurs pop
La scène se partage en autant d’îlots que de chapitres. Chaque objet correspond à une sensation, à un sentiment, à la définition d’être dans l’instant en terre étrangère. Les titres des chapitres (Dans la ville électrique, Une goutte d’eau dans un nuage, Des insectes dans les phares, Tout ce qui se mange, La nuit où tout est tombé à la renverse) sont des cartes postales aux goûts acidulés et sucrés à vivre pleinement.
Les sons enregistrés par notre héroïne, lors de son installation à Hô Chi Minh-Ville, donnent le cadre de cette rêverie qui se mélange au réel. Le basculement entre le fantasmé et la réalité est toujours ainsi à portée de main. Le doux côtoie le violent et la réminiscence, l’empreinte forte. Il réside dans ce spectacle un profond respect à cette terre, à la littérature vietnamienne et à Marguerite Duras.
Les trouvailles d’Éloïse Mercier et de Vincent Bérenger font de cette proposition artistique une réelle douceur, à consommer sans modération, et invite à se laisser aller dans le flux et reflux de cette mégalopole, comme une goutte d’eau dans un nuage si chère à Robert Musil.
Laurent Bourbousson
Crédit Photo : Vincent Bérenger
Dates et Générique
Une goutte d’eau dans un nuage a été vu, dans sa version courte, lors du Festival Off Avignon 19. La version longue sera créée à Châteauvallon – Scène nationale d’Ollioules les 19 et 20 mai 2020. Renseignements ici. Création La Cie Microscopique | Texte, mise en scène et interprétation Eloïse Mercier | Conception sonore Vincent Bérenger et Eloïse Mercier | Voix vietnamienne Hà Nguyễn | Poésies vietnamiennes Lưu Nguyễn Đạt