Vu #OFF18 : La femme de ma vie d’Andrew Payne, avec Robert Plagnol
La femme de ma vie est une comédie à l’humour noir signée Andrew Payne, adaptée et interprétée par le comédien Robert Plagnol. Une pièce à découvrir durant le #Off18 à l’Hôtel d’Europe.
Robert Plagnol est saisissant dans le rôle de Franck. Seul en scène, il tient son public en haleine, flirtant tantôt avec les codes du théâtre et ceux du cinéma. Du théâtre, on retiendra l’adresse directe au public et le jeu, qu’il entretient, avec ce dernier tout au long de son récit. Du cinéma, ce sera les pensées intérieures de notre homme qui prennent vie ainsi que l’atmosphère générale que dégage cette pièce.
Franck se raconte alors qu’il l’attend. Il attend elle, celle pour laquelle il a changé de prénom. Une renaissance qu’il doit à la femme de sa vie. C’est au travers des mots de cet amoureux du beau, du luxe et de la volupté que la silhouette féminine prend vie. Sans enjoliver la réalité, Franck est bien dans sa vie avec celle qui l’a sauvé d’une misérable existence.
Il se dévoile petit à petit. Il est le genre de personne écorchée par la vie et par l’absence des sentiments de son entourage. Dès son plus jeune âge, il a conscience de ce que peut-être le mauvais goût et de sa détestation de l’autorité. À la maison, on n’est pas du genre à s’embrasser toutes les minutes. Les adultes sont comme aux abonnés absents et le père qui se demande “quand est-ce qu’il finira en taule ?”. Chose faite suite à une histoire de vol dont la trahison est dû à son amour de jeunesse.
Mais avec la femme de sa vie, l’homme trouve l’assurance nécessaire pour avancer et ne plus se laisser berner. Il s’épanouit, vit à l’image de celui qu’il est, ou du moins qu’il croit être, un homme qui a réussi. Cependant, chaque geste ramène Franck au passé dans ce monologue étouffant qui s’analyse encore et encore longtemps après l’avoir vu.
Andrew Payne dépeint un homme aux multiples facettes. La palette des couleurs s’étend, chez Franck, du sombre au plus clair, de l’image d’un tueur en série au personnage candide. Cet homme, happé par les espérances d’une vie meilleure, entame une double quête sans fin, celle de l’amour, celui qui lui aurait manqué pour se construire, et de la reconnaissance, pour ne plus être invisible.
La direction d’acteur, assurée par Gilles Bannier, les lumières hyper cinématographiques de Franck Thévenon, le travail sonore, par touches succinctes et bien pensées, de Michel Winogradoff, et la scénographie de Broo, taillée sur mesure pour le comédien, donne à Robert Plagnol toute l’aisance nécessaire pour déployer son savoir-faire dans une formidable palette de jeu qu’il sera bon de voir cet été.
Laurent Bourbousson
Photo : Robert Plagnol par Emmanuel Fladrin
La femme de ma vie d’Andrew Payne, mise en scène de Gilles Bannier, avec Robert Plagnol, scénographie Broo, lumières Franck Thévenon, création sonore Michel Winogradoff, musiques Amélie Nilles, assistante Emilie Perraudeau. Du 6 au 29 juillet 2018 à 18h15, à l’Hôtel d’Europe (Place Crillon – Avignon).
Robert Plagnol incarne son personnage, ayant traduit le texte de l’anglais, il le porte, il le vit. Le spectateur entre dans cette ambiance noire et déjantée, où la réalité du personnage dépasse la fiction : un VRAI régal.