[ITW] Iréne Drésèl, entre électro et techno
La musique d’irène Drésel a ce quelque chose de charnel. L’artiste crée une musique entre électro et techno, en totale liberté. À découvrir lors de son set au Kolorz Festival le samedi 30 avril 2022, à l’Espace Auzon à Carpentras.
Depuis 2017, date de son premier EP Rita, Irène Drésel n’a de cesse de proposer une musique charnelle aux boucles hypnotiques. Nous avons échangé avec elle, à la veille de sa venue pour le Kolorz Festival. Interview.
Irène Drésel, tout un univers
Irène, vous nous venez du monde de l’art contemporain. Quel est l’élément qui vous a poussé à prendre un virage vers la musique électro ?
J’étais effectivement dans la voie de l’art contemporain. J’avais beau faire du dessin, de la vidéo ou de la photo, je n’étais pas vraiment accomplie professionnellement. Et donc, pas réellement heureuse.
Pour les besoins d’une exposition, je devais créer un son pour une vidéo. J’ai demandé à un ami DJ et producteur de musique électro s’il pouvait me proposer un son. Puis, je me suis dit que je pouvais peut-être le créer moi-même. Une connaissance m’a montrer quelques trucs à bidouiller sur ordi et quand la personne est partie, j’étais littéralement scotchée à mon ordinateur ! Je m’en souviens très bien. Et même après quelques jours, je ne pensais qu’à ça. J’étais happée totalement par la composition musicale de la musique électronique.
Pour la petite histoire, j’avais déjà ressentie ce souhait, 10 ans plus tôt, au lycée. Mais à cette époque-là, il n’y avait pas tous les logiciels faciles d’accès et un copain m’avait complétement démotivée. Ce n’était pas méchant, mais il était réaliste quand à mon esprit scientifique ! J’avais donc laissé tomber. Et quand 10 ans plus tard, je me suis retrouvée à composer mes propres sons, ça ne m’a plus quitté. Nous sommes alors en 2013. Et c’est en 2016 que je vis ma première expérience scénique.
Mes premières créations sonores sont la continuité de mon projet artistique en tant que plasticienne. Je travaillais sur la formule « attraction+répulsion=fascination » et je l’ai décliné à la musique électronique. C’est tout un univers qui est alors né et que je développe depuis. Et aujourd’hui, je suis pleinement heureuse. C’est la conclusion ! (rires)
Vous vivez donc la musique comme libératrice ?
Je rencontrais beaucoup de frustration dans mon parcours d’artiste d’art. Je faisais de grands tirages qui étaient lourds physiquement à déplacer, lourds à exposer également. Lorsque vous exposez dans une galerie, il faut attendre votre tour. J’avais également fait une installation avec 1/2 tonne de verre brisé. C’est vrai que j’avais le chic pour avoir énormément de matériel et la dématérialisation que j’ai rencontrée avec la création musicale m’a beaucoup plu. C’est pour cette raison que j’ai peu de synthés. Je veux être légère et donc un peu plus libre.
Irène Drésel, entre électro et techno
Quelle serait votre défintion de la musique électro ?
Pour moi, c’est la musique faite avec du matériel électronique, tout simplement. Après, pour ce que je crée, c’est de la musique électro avec une forte influence techno. Mais je ne fais pas non plus de techno pure. C’est un mélange de tout ça. Pour moi, ce que l’on appelle musique électro est quelque chose de très large.
Nous allons parler de votre discographie. De Rita (2017) à Kinky Dogma (2021), en passant par Hyper Cristal (2019), on ressent une évolution à l’écoute de vos titres.
Je pense que cela est intimement lié à la scène. Quand j’ai composé les titres de l’EP Rita (2017), je n’avais pas vraiment fait de scène. Il y a beaucoup de morceaux nés à la suite de l’expérience live. Par exemple, le titre Miroir (ndlr extrait de l’album Kinky Dogma – 2021) est le mélange de deux morceaux. Il en est de même pour Sosie (ndlr extrait de l’album Hyper Cristal – 2019). Je ne saurais pas plus vous dire pour l’évolution, je pense et j’espère que l’on se retrouve dans toute ma discographie !
Absolument. Lorsque je parlais d’évolution, j’entendais par la construction des morceaux. Mais, vous déroulez un fil conducteur de titre en titre et on vous reconnait bien d’ailleurs.
Oui, le fil conducteur est mon cœur !
En me plongeant dans votre discographie, je me suis amusé à ne retenir qu’un seul titre pour chacun de vos albums. Pour Hyper Cristal, ce serait le titre Myrthe et pour Kinky Dogma, Kinky.
On a les mêmes goûts, c’est bien (rires) ! Myrthe est un très bon choix. J’adore ce titre et je trouve qu’il n’est pas assez connu.
Avec ces deux titres, et tous les autres d’ailleurs, s’il fallait que l’on définisse votre musique, nous dirions qu’elle est viscérale.
C’est ça. Il faut que ça tape dans le ventre mais également que ça prenne la tête. Myrthe en est l’illustration parfaite. Ce titre est complétement déconstruit tout en étant parfaitement écrit. C’est comme si il y avait 2 personnages qui se parlent. Je l’adore vraiment.
Cette déconstruction dans la construction n’est-elle pas votre marque de fabrique justement ?
Ça dépend des morceaux. Par exemple, la construction du titre Stupre (ndlr EP sorti en 2020 et titre sur Kinky Dogma), est faite en deux parties. Il y a des surprises dans certains morceaux, je n’aime pas quand c’est trop linéaire.
Même en live, j’essaie de surprendre le public et il m’arrive de surprendre même mon percussioniste, Sizo Del Givry, qui m’accompagne sur scène. Je lui fais des blagues au moment qu’il n’imaginerait pas (rires) ! J’aime bien m’amuser.
Côté live
Parlons justement de votre set que le public de Kolorz Festival découvrira samedi. Il me semble que nous sommes plus dans un spectacle, avec tout un univers qui se développe, que dans un simple set.
Oui, c’est vraiment un spectacle. Les tenues puis la présence des fleurs de notre partenaire Carrément Fleurs à Carpentras font sens et permettent de développer ce que j’appellerai de belles enluminures. Ce tout fait spectacle.
Vous parliez tout à l’heure de liberté et avec le live, je la vis pleinement. Je prends mon clavier sur l’épaule, clavier qui n’est pas fait pour cela, et qui parfois m’échappe, je vais sur le devant de la scène et si je pouvais chanter, je le ferais.
Pourquoi vous en empêcher ?
Parce que je suis de la vieille école et que je considère que si tu chantes, c’est que tu as un vrai timbre de voix. J’ai beaucoup de mal avec les chanteurs actuels qui n’en ont pas. Je chante juste mais je ne possède pas la voix pour chanter entièrement un titre. Après, je chuchote des textes comme sur pour le titre Bienvenue ou Rita.
Peut-on alors imaginer qu’un jour vous sortiez un featuring sur un de vos titres avec un·e chanteu·r·se ?
Oui, totalement. J’avoue que j’y pense depuis longtemps. Comme j’aime les propositions particulières, j’ai repéré une rappeuse taiwanaise, me semble-t-il. Je voudrais un chant que l’on ne comprenne pas parce que c’est ce que je préfére et qu’ensuite, dès que l’on tente de comprendre le sens de paroles, tout devient politique. Donc, je voudrais faire un featuring avec quelqu’un qui a une voix spéciale qui résonnerait comme un instrument !
En guise de conclusion, si l’on définit votre musique comme étant charnelle composée de boucles hypnotiques, vous validez ?
Hypnotique, oui, carrément. Mais également magnétique et colorée ! Compatible avec ma personnalité (rires).
- Irène Drésel a également composé la bande originale du film À plein temps d’Éric Gravel, sorti en mars dernier.
Propos recueillis par Laurent Bourbousson
Crédits photos : 1. Irène Drésel en live ©Francis Bellamy – 2. Irène Drésel – portait ©Adrien Toubiana – Irène Drésel live – fleurs ©Mathieu Dutot
Générique
Irène Drésel sera au Kolorz Festival, samedi 30 avril 2022. Set à découvrir à 00:15.
Plateau complet : Lolita, Mamel, Irène Drésel, Rodriguez Jr. Live, Paul Ricth
Retrouvez toutes les dates des concerts sur le site de l’artiste.
Je vais aller écouter ça ! Merci