Vu Off 2015 : Et les poissons partirent combattre les hommes

7 juillet 2015 /// Les retours - VU #OFF
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Tout commence par une voix off et ces mots : « Angélica. Comment je commence ? »

Oui, comment commencer lorsque l’on s’apprête à envoyer à la figure du public l’indigeste de notre société ? Comment commencer lorsque durant 50 minutes, le corps ne sera que le réceptacle de l’horreur ? Comment commencer pour dire ?

Anne-Frédérique Bourget connaît bien ce texte qu’elle a découvert en 2009. Pour elle, il devient urgent de le créer. Et c’est ainsi que l’idée d’un triptyque intitulé « Acte de résistance contre la mort » naît. Elle se détache de la figure de proue de celle qui incarne le théâtre contemporain pour mettre en scène sa vision du texte. Dialogue entre deux personnes, à l’origine, il devient un texte à trois protagonistes : entre les comédiens Arnaud Agnel et Adrien Mauduit et le musicien Alexis Sébileau.
C’est dans un tourbillon d’échanges que le spectateur se retrouve entraîner ; tourbillon identique à celui qui entraîne dans les profondeurs de la Méditerranée les corps de celles et ceux qui fuient et qui espèrent trouver un Eldorado en Europe. Pour sépultures, ces corps doublement rejetés trouvent les plages espagnoles, là où même les touristes se font bronzer.
Les voix s’accordent sur les sons et se font mélodiques, histoire de mieux bercer et berner le touriste sirotant son cocktail sur ces plages.
Les voix agissent comme des résistances spasmodiques pour ne pas accepter l’innommable.
Les voix nous font écouter le chaos de notre monde afin nous secouer de la torpeur dans laquelle se sont enfermés le politique et le médiatique.

La force de la mise en scène repose sur le fait qu’en plus d’être politique, cet acte théâtral est physique. Rien n’est fait à l’économie. La direction des comédiens est telle qu’elle ne laisse pas de repos possible, tant à eux-mêmes qu’au public. Ce serait un véritable défi pour eux, voir une performance, que de jouer tous les soirs avec cette même fougue que les mots s’en trouveraient portés haut. Et de finir par leur dire qu’il est urgent d’envoyer, aux messieurs les putes, ce texte agissant comme une claque.

Et les poissons partirent combattre les hommes d’Angélica Lidell. Compagnie Maskantête. Théâtre Alizé, ts les jours à 18h25, jusqu’au 26 juillet 2015.

Laurent Bourbousson

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