[ITW] Olivier Py : Rien n’est plus beau que le Festival d’Avignon.
Dans 6 jours, Avignon va retrouver l’effeversence qui l’anime toutes les années en juillet. En prenant pour thématique la notion du genre, Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, s’est attiré bon nombre de critiques. Il embrasse avec sa programmation toutes les défintions du mot. Interview.
Le genre, notion polysémique
Vous avez choisi le thème du genre pour cette 72e édition du festival. Pouvez-vous le définir ?
Le genre n’est pas que la question de la transidentité. En découvrant les propositions des artistes, je me suis rendu compte que cette notion était dans des lieux et dans des constructions intellectuelles que je n’imaginais pas. Par exemple, le monde arabe se pose ces questions car elle se demande ce qu’est un homme, de comment on construit le machisme, la féminité… La condition des réfugiés peut être également liée à ces questions.
Il faut faire attention et ne pas tout mélanger lorsque l’on traite de ces réflexions. Le genre n’est pas lié exclusivement à la sexualité mais à la question de savoir ce qui relève de l’ordre culturel et biologique dans notre identité d’hommes, de femmes, de transgenre.
Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir ce thème ?
La société tout simplement. La question du genre est débattue par les citoyens. Le festival se doit d’être le miroir des questions sociétales qui sont universelles, globales.
Autre thème présent, la famille. Conditionne-t-elle l’identité ?
C’est un thème qui croise la construction culturelle de l’identité du genre. On croise la famille dans Thyeste de Sénèque, mis en scène par Thomas Joly. Ce sera une famille de tragédie romaine. Chez Ivo van Hove, la famille sera le lieu du secret.
Pur Présent et Antigone
Vous serait présent avec 2 créations durant ce mois de juillet. Vous mettez en scène Pur présent.
Pour ce texte, je me suis inspiré des tragédies d’Eschyle, que je traduis et monte depuis une dizaine d’année. Le langage ne sera moins lyrique et pas autant fleuri et baroque que dans mes précédentes pièces (rires). Le style est plus sec, plus direct. C’est une tragédie contemporaine. Cette pièce est composée de 3 parties. Mon travail avec les détenus de la prison du Pontet m’a profondément marqué et cela se retrouve dans Pur Présent (ci-contre). Dans l’une des pièces, il sera question de finance virtuelle et des algorithmes qui ont remplacé le politique et les conséquences que cela provoque dans notre société.
Vous présenterez Antigone au public, pour 3 représentations exceptionnelles.
Je remercie le juge de l’application des peines qui permet aux détenus de venir présenter ce travail. Je suis très fier d’eux. Antigone représente 3 ans et demi de travail ensemble. Cela a été une véritable rencontre. Ils ont en commun la création d’une communauté. Ils sont terrifiés à l’idée de monter sur scène.
Est-ce que vous allez continuer ce travail entrepris avec la prison du Pontet ?
Oui, absolument. Cette année, nous avons travaillé sur Macbeth. Ils m’ont beaucoup apporté.
Le Festival d’Avignon
Vous avez l’habitude de dire que « Rien n’est comparable au Festival d’Avignon ». Pourquoi ?
Mais rien n’est plus beau que le Festival d’Avignon ! Avignon va être, durant 3 semaines, le centre du monde. Je dis ceci, d’abord pour la ferveur du public qui est passionné. Le public se rencontre, dialogue, et cette année, au vue des thèmes, il aura de quoi échanger. Ensuite, parce que le festival est beaucoup plus qu’une liste de spectacles, c’est une utopie. Utopie au rapport à l’autre, à la politique et à l’intelligence renouvelée.
Propos reccueillis par Maryelle Tillié (Radio Vinci) et Laurent Bourbousson.
Crédit photo : Pur Présent © Christophe Raynaud de Lage
Visuel de l’affiche du festival : Claire Tabouret
Festival d’Avignon #FDA18 du 6 au 24 juillet 2018. Renseignements : site du festival