Frédéric Richaud, Robin Renucci & Gilbert Barba pour les 20 ans d’Éclats de Scènes

31 mars 2019 /// Les interviews
0 0 votes
Évaluation de l'article

À l’occasion de l’ouverture des 20 ans d’Éclats de Scènes, le vendredi 5 avril, où nous serons présents pour animer le temps d’échange, extraits des interviews des 3 personnalités présentes dans le dernier numéro de la webrevue, à retrouver dans leur intégralité ici.

Frédéric Richaud

Vous allez fêter les 20 ans d’Éclats de Scènes et par conséquent des Conviviales. Comment expliquez-vous leur succès ?
La qualité du travail. Ce n’est pas parce que l’on propose cela en milieu rural que l’on fait du sous-théâtre, que l’on va chercher au rabais. Il y a aussi la diversité des propositions. L’équipe qui m’entoure est professionnelle et elle connaît bien son métier : Mathieu Castelli est en charge de la programmation et de la communication, Sarah Nedjoum, comédienne et metteure en scène, et Alexandra Vigneron, notre administratrice et son assistante Camille Abisset, sans oublier Elsa Kmiec qui vient de rejoindre l’équipe artistique et Benoit Léon qui assure le poste de régisseur général.

En regardant votre activité avec les Conviviales, on peut dire que vous êtes au-delà de la démocratisation culturelle.
Ariane Mnouchkine nous a dit que l’on portait l’avenir. Et effectivement, on est au-delà de l’impulsion de la démocratisation culturelle.

Lier, relier, faire ensemble, pourraient être des verbes importants pour vous ?
Je suis profondément convaincu que l’on ne peut pas s’entendre avec tout le monde mais que nous avons tous des points communs. Pour parler du spectacle Mon pays étranger, qui est vraiment une pièce créée dans la philosophie d’Éclats de scène, nous avons passé beaucoup de temps avec des groupes de femmes qui arrivaient de l’étranger. Nous les avons interviewées de façon délicate, sensible. Nous les avons reliées au projet artistique que l’on mène. On a joué le spectacle à Bollène. À la fin, tout le monde est parti, elles sont restées. Je les ai vu et on a parlé, échangé.
Toujours dans un souci de relier, je mène une action qui s’intitule l’Analyse Chorale. Je l’ai reprise avec l’autorisation de l’Anrat. Je travaille avec un groupe de personnes salariées du chantier d’insertion de l’association Le Pied à l’étrier. À partir d’une photo, d’un extrait de pièce ou autre, je leur présente le spectacle qui va être joué et choralement, on crée nos horizons d’attente. Après l’avoir vu, on reprend ce qui a été dit et on analyse. On met leur intelligence en commun. Je suis ébahi par ce qui se dit. On assiste réellement à de beaux moments. C’est ça, relier les gens entre eux.
Cette année, l’auteure Sophie Lannefranque, en résidence aux Nuits de l’Enclave, va aller quelques jours au Pied à l’Étrier rencontrer les salariés du chantier pour son prochain texte qui parlera de l’addiction au travail.
Alors, effectivement, ça va au-delà de la démocratisation culturelle.

Robin Renucci

Robin Renucci, aout 2018

Lorsqu’on lit des articles et interviews, le mot « infusion » revient énormément dans votre vocabulaire. Pourquoi ?
On a retenu ce terme, aux Tréteaux, par rapport au terme de diffusion. On est dans un rapport de porter la culture aux gens ou de diffuser la création. Je crois beaucoup à ce qui se passe avec les gens du public, et ce même dans l’écriture. Nous avons créé des œuvres à partir de la parole du public, il faut travailler avec lui. Si cela est fait dans le cas d’une composition d’un spectacle, ce dernier a déjà son écoute. On partage quelque chose sur le territoire.

Pour vous quels sont les nouveaux défis qui attendent la culture ?
Nous sommes dans une société qui a énormément changé, fait d’énormes progrès technologiques, avec le numérique qui nous a envahi. Je pense que la grande problématique sera la bataille de l’imaginaire. La population est très engagée sur des pensées ultra-matérialistes (notion de pouvoir, de consommation…). On assiste à une déshumanisation du fait que l’humain se concentre sur des choses effectives et concrètes. Il a de moins en moins de temps libre car ce temps-là est oblitéré par une sorte de travail, celui de la consommation, des corps… L’homme passe plus de temps à faire une forme de travail. Il faut qu’il reprenne la main sur le temps, sur l’imaginaire et le rêve. C’est un grand enjeu. C’est la bataille de l’imaginaire pour tous qu’il va falloir mener pour garder l’ensemble et le sensible.

Gilbert Barba

Gilbert, vous avez quitté Éclats de Scène en 2010 et êtes aujourd’hui à la direction du Festival Les Nuits de l’Enclave, à Valréas. Toutefois, vous avez poursuivi votre collaboration avec Frédéric Richaud ?
J’ai fait partie de la compagnie Éclats de scènes pendant 12 ans. Après l’avoir quittée en 2010, j’ai pris la direction du Festival des Nuits de l’Enclave en 2012. Effectivement, avec Frédéric, nous n’avons jamais arrêté de travailler ensemble, que ce soit par rapport au festival d’été ou à l’accueil des compagnies en résidence, tout au long de l’année.

Aujourd’hui, Les Conviviales et Les Nuits de l’Enclave s’apprêtent à fusionner pour devenir le Centre Dramatique Des Villages (CDDV).

Le CDDV verra donc le jour prochainement.
G. B. : On rentre dans une préfiguration et dans la construction de l’outil dès janvier. Les Conviviales vont continuer à vivre durant quelques mois, le festival des Nuits de l’Enclave se fera au mois de juillet. Nous sommes déjà en train de construire la programmation 2019-2020. Nous allons travailler avec les Institutions pour mettre en place un conventionnement pour les trois années à venir.

Les tutelles sont donc heureuses de voir ce nouveau projet émerger sur un territoire isolé ?
G. B. : Oui. Nous avons discuté des territoires oubliés, dits en zone blanche. On se situe entre Valence et Cavaillon. Ça mérite qu’il y ait un lieu entre ces deux points. Pour l’avenir, il faut que cet outil perdure. C’est fondamental. Toutes les tutelles nous ont dit “on vous suit”.
F. R. : Ce sera le premier CDDV national. Le sigle n’existe pas, le label non plus, et cela se passe en région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur.

L’événement d’ouverture

La soirée d’ouverture des 20 ans d’Éclats de Scènes se tiendra au cinéma Le Clap à Bollène.
18h30 Projection du film Une aventure théâtrale – 30 ans de décentralisation
(retrouvez l’interview du réalisateur Daniel Cling, ici)
20h15 Buffet
21h Rencontre avec Robin Renucci, Directeur des tréteaux de France, Frédéric Richaud, Directeur des Conviviales et Gilbert Barba, Directeur du Festival Les Nuits de l’Enclave. Rencontre suivie d’un échange avec la salle
Renseignements : Cinéma Le Clap

Propos recueillis par Laurent Bourbousson
Photographies :
Frédéric Richaud : Théo Garcia
Robin Renucci : Jean-Christophe Bardot
Gilbert Barba : DR

0 0 votes
Évaluation de l'article
Subscribe
Me notifier des
0 Commentaires
plus anciens
plus récents
Inline Feedbacks
View all comments
Partager
0
Would love your thoughts, please comment.x