Tom Poisson, le beau chanteur
Tom Poisson est en concert pour une cession duo, à l’Atelier Florentin (rue Guillaume Guy, Avignon), les 13 et 14 février, et sera présent à la Présence Pasteur durant le mois de juillet pour son spectacle Heureux comme des cerfs-volants. Interview de celui qui poétise la vie.
Ton actualité est la sortie de l’album Heureux comme les cerfs-volants qui se compose d’un cd et d’une nouvelle…
Oui, tout à fait. C’est un livre-disque pour les grands et sans image. Il y a douze chansons qui s’écoutent comme un album de variétés, il n’y a pas de mode d’emploi particulier et parallèlement, il y a une nouvelle de 37 pages qui vient enrichir l’album. Elle vient en quelque sorte compléter ces trajectoires de vie que j’essaie de retranscrire.
Les douze chansons de l’album ont toutes des teintes musicales différentes. A l’écoute de l’album, se dégage une poésie ambiante…
Tant mieux ! Ce qui est le plus important est la façon de voir les choses. Je raconte les amours, les désamours, les amitiés, les trahisons, les événements de la vie qui sont implacables parfois… Ce n’est pas en cela que mon opus est original, j’espère que la valeur ajoutée est la poésie que l’on peut y mettre.
D’un côté le cd, de l’autre la nouvelle. Comment s’est construit cela ?
Si je dis exactement la vérité, j’avais dans mon panier de chansons, 20 chansons, et 3-4 chansons que j’avais le plus envie de chanter et de mettre dans ma valise pour quelque temps. Donc, au travers de ces chansons, j’ai essayé de construire un fil rouge et de les relier entre elles avec une histoire. J’avais des contraintes très fortes, qui étaient des contraintes d’événements, de prénoms, de climats, et puis après j’ai commencé par un début d’histoire, j’ai déroulé le fil jusqu’à en faire un album et une nouvelle. Autrement dit, j’ai fait les choses à l’envers parce que pour moi, c’est le seul moyen de garder une fraîcheur jusqu’au bout. J’aime bien déstructurer les choses car ça me permet d’être plus créatif et de ne pas savoir moi-même ce que je vais écrire à la page suivante. Forcément, il a fallu que tout soit cohérent. Au fil de l’écriture, de la nouvelle découlait de nouvelles chansons et c’est une sorte d’interaction qui s’est passée comme ça jusqu’au bout. Tantôt la nouvelle et la chanson vont se rejoindre et tantôt ce sera des compléments d’informations.
Une chose est sûre est que l’écoute des 12 chansons fait se sentir bien. Et les fervents de la chanson française sont plutôt gâtés, en ce mois de février, avec ton album, celui de La Maison Tellier et de Clarika…
Ah Clarika, ma grande copine ! D’ailleurs, son album et le mien ont été réalisés par la même personne : Fred Pallem. C’est un tout autre profil car il fait de la musique instrumentale, il a une grande culture de la chanson française et internationale, c’est une encyclopédie de la musique qui est Premier Prix du CNSMDP Classe de Jazz. C’est un Monsieur qui a un gros savoir faire. Pour moi, il a vraiment été précieux. Je lui ai donné beaucoup de contraintes et dès que je sentais que cela partait dans un univers que j’aimais moins, je lui en donnais de nouvelles. On a trouvé des compromis à 4 mains.
La scène est très importante pour toi. Tu seras présent à Avignon ce week-end et au mois de juillet…
A l’Atelier florentin, je présente un duo, avec Paul Roman, composé des chansons de l’album, agrémenté de chansons des albums précédents, celles qui ont le mieux passé l’épreuve du temps et que j’ai toujours plaisir à chanter, avec quelques reprises décalées et on passe un bon moment sur 1h15. Pour cet été, à la Présence Pasteur, ce sera le spectacle Heureux comme les cerfs-volants, comédie urbaine, musicale et cinématographique.
Et tu as à ton actif près de 500 concerts…
Oui, mais sur plusieurs projets. J’ai tantôt la casquette de Tom Poisson chanteur, de Tom Poisson chanteur pour jeune public, tantôt acolyte des Fouteurs de Joie et l’addition de tout ça, fait que j’ai passé énormément de temps sur les routes. Je trouve mon équilibre dans ces projets différents avec des implications différentes, sinon je me regarderai trop le nombril et je tournerai fou. Quand on est passionné, que l’on travaille sur ses propres émotions et que l’on écrit dessus, on tourne vite en rond et ça aide d’avoir des projets différents…
Aujourd’hui, on a l’impression que l’artiste de musique, pour vivre de son métier, doit se produire sur scène. C’est la nouvelle donne de l’industrie du disque avec les naissances des plateformes musicales qui ne rémunèrent pas réellement l’artiste…
Les artistes ne vivent plus de leurs droits d’auteur, ça c’est sûr. Pour ce qui des plateformes en question, c’est assez rigolo que de voir qu’une cinquantaine de téléchargements payants sur une chanson représentent 0,01 centimes d’euros pour l’artiste. En fait, c’est triste. Et en streaming, on passe de 0,1 à 0,001 centimes d’euros… Je pense que j’exagère à peine dans mes chiffres mais de cet ordre là.
A vrai dire, j’ai la chance de faire mon métier beaucoup sur la route et là les droits d’auteur sont convenables. Et aujourd’hui, un artiste c’est quoi, c’est un petit chef d’entreprise. Je me retrouve producteur de l’album, du spectacle, même si je fais parti de ces artistes qui ont la chance d’être entouré par un tourneur, qui s’occupe du spectacle, avec une attachée de presse, un distributeur de disque, mais malgré tout je suis producteur de l’ensemble car l’économie s’est terriblement réduite, on n’a plus trop le choix. Si on veut avancer, il faut être chef d’entreprise et il faut provoquer les choses.
Et peut-être de dépasser le cd et créer des objets pour vendre et passer au-delà des plateformes de streaming ?
Dans mon cas, c’est uniquement le plaisir et l’envie d’explorer des formes un peu différentes. Il faut dire que précédemment j’avais fait un livre-disque pour les enfants, et la forme du conte musical, sur scène (nous l’avons jouée plus de 200 fois), m’a décomplexé et je me suis arrêté de m’interdire des formes plus hybrides : entre le cinéma, les chansons, le théâtre et là je pense que l’on a quelque chose de chouette, qui est plutôt un ovni. Tant mieux si on vend plus d’objets mais ce n’était pas calculé.
Pour terminer, ce soir ont lieu les Victoires de la musique. Quel regard portes-tu sur ce cérémoniel ?
J’imagine que dans certains cas, ça peut récompenser des artistes qui valent vraiment le coup, par exemple Jeanne Added qui est nominée, et j’espère qu’elle sera récompensée… Mais je n’ai pas l’impression de faire le même métier car je le fais sur la route. Pour les Victoires, ce ne sont pas les indépendants qui sont récompensés, ce sont les maisons de disques entre elles qui se congratulent, c’est la profession. J’ai été, de temps à autre, dans des maisons de disque plus identifiées mais c’est éloigné de moi, de ce que je fais aujourd’hui. Je n’ai pas d’amertume par rapport à tout ça, pas de bienveillance non plus, c’est étranger à moi. Si un jour ça me tombe dessus, je ne sais pas comment je réagirai, certainement que je serai content mais pour ça il faut être dans des maisons de disque…
Interview réalisé le vendredi 12 février.
Tom Poisson est en concert à l’Atelier Florentin (Avignon), le 13 et 14 février. Renseignemetns ici, et sera en concert à la Présence Pasteur (Avignon), du 7 au 30 juillet 2016.
Le site de Tom Poisson, là.
La chaîne Tom Poisson Officiel, par ici.
Un article sur le streaming musical par ici
Laurent Bourbousson