Vu dans le OFF 2015 : 3949 veuillez patienter…

21 juillet 2015 /// Les retours - VU #OFF
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Retour sur un spectacle total, à la croisée du théâtre, de la danse, du récit, de l’art vidéo, le tout porté par un seul interprète : Alexandre Blondel.

3949 veuillez patienter... ©Sébastien Gaudronneau

3949 veuillez patienter… ©Sébastien Gaudronneau

Alexandre Blondel donne corps à ce personnage créé par l’auteur Christian Caro. Le public suit, pendant une heure, le parcours de celui qui devient l’employé modèle de cette agence pôle emploi, dans laquelle il a été recruté pour devenir homme de ménage.
De son entretien d’embauche, de ses premiers jours au travail, de la vie en groupe, du travail d’équipe, tout est montré dans cette agence, dont le décor appelle la vidéo comme support. Il observe, nettoie, scrute, nettoie, parle à ses collègues, nettoie, devient le confident, nettoie.

Sa danse des premiers jours de travail, au sein de cette administration du Service Public, appelle à l’aliénation. Aliénation aux mouvements, aliénation de l’être à effectuer une tache répétitive. Heureux d’avoir ce travail, il s’emploie à effectuer ses taches méticuleusement, jusqu’à l’épuisement. Qui ne s’est pas endormi dans son bain, après une journée de travail harassante, pour se réveiller dans une eau glacée, ou bien, qui ne s’est pas plongé les oreilles sous l’eau, pour s’extraire du monde ambiant pour mieux se retrouver ? Cette image du visage projeté sur le fond de scène, avec son regard fixe, happe le public et nous nous retrouvons acquis à sa cause. Judicieux moment qui agit comme une catharsis. Nous ne ferons plus machine arrière et l’on va suivre notre homme dans son quotidien avec empathie, malheureusement pour nous.

L’utilisation de la vidéo permet la multiplication des points de vue et procure la sensation de vertige dans lequel le personnage se précipite. Le récit énoncé tout au long de la proposition ainsi que le monologue de notre homme à tout faire font de 3949, un témoignage vivant des mœurs et coutumes au sein d’une agence pôle emploi.
Le manichéisme du marché de l’emploi (beaucoup d’offres pour autant voir plus de demandeurs) et celui du traitement des dossiers (formidable zone de confidentialité qui sert de confessionnal) projettent une vision claire et sincère de l’incapacité de cette administration à la gestion humaine.
Cela est sans compter sur notre « super-héros du nettoyage » ou alors notre Robin des bois de l’administration qui va s’immiscer dans les méandres de l’administration.

Dévoiler la descente, de cet employé, dans la matrice de Pôle emploi serait gâcher cette performance qui tire du côté du thriller psychologique. L’emploi de ce terme, emprunté au genre cinématographique, semble être le meilleur compliment que l’on puisse faire à cette proposition réussie et aboutie de la compagnie Carna, qui étonne par la maîtrise parfaite de toutes disciplines empruntées au spectacle vivant, à l’art vidéo et cinématographique.

3949 veuillez patienter de la compagnie Carna, jusqu’au 21 juillet 2015, à 18h30. Théâtre Golovine.
Retourvez le boudoir du Off d’Alexandre Blondel, ici
Laurent Bourbousson

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