
[VU] « Lune Jaune – La ballade de Leïla et Lee » , un road movie efficace
À la tête de la Cie Il va sans dire, le metteur en scène et comédien Olivier Barrère trouve le bon rythme pour ce road movie qui met en scène 2 adolescents aux portes de l’âge adulte à la fureur de vivre. Born to be wild.
Fuir pour se sentir vivant
Leïla et Lee, deux ados d’aujourd’hui, sont aux portes de l’âge adulte. L’un et l’autre vivent avec leurs secrets. De nature presque sauvage, ils s’adoptent mutuellement sans le savoir au fur et à mesure de leur épopée qui les entraînent de leur bourgade dont seuls leurs rêves les font tenir encore debout aux paysages montagneux qui leur servent de refuge.
Leïla, elle, se sent vivre à travers les magazines people et ses scarifications, dont elle a honte lorsque le shoot qu’elles lui procurent s’estompe. Elle qui ne parle à personne, qui répond de façon docile aux attentes que la vie lui incombe, rencontre Lee, le bad boy du lycée. Forcément une attirance réciproque s’installe.
Leïla et Lee scellent leur avenir, prennent la route, ou plutôt la fuite suite au crime que commet Lee par accident. Celui qui n’a jamais connu son père, vient de tuer le futur mari de sa mère qui l’a toujours détesté. Une fuite qui résonne comme une fuite en avant, une fuite pour se sentir vivant, telle une quête pour se découvrir et sentir battre son cœur à l’unisson. Tel est leur pacte pour ce road movie auquel le public assiste et fait corps.
Direction d’acteurs et mise en scène soignées

Marion Bajot et Thibault Pasquier campent les personnages de cette épopée qui se révèle efficace en tout point. Leur interprétation au cordeau sert à merveille les nuances des personnages qui semblent être taillés sur mesure. Olivier Barrère à la direction d’acteurs, les transforme ainsi en personnages de fiction criant de vérité. Ils sont Leïla et Lee. Les voir arpenter le décor (une sorte d’agora) et sauter sur le moindre espace, donnent de l’horizon à leur avenir qui semble se refermer petit à petit sur eux.
Dans leur épopée, ils croisent les figures paternelles de Lee. Titouan Huitric (le beau-père de Lee) et Olivier Barrère (le père) endossent respectivement les partitions. Ils semblent être les fantômes fantasmés par l’esprit des deux fugitifs en cavale.
Nico Morcillo livre une partition musicale parfaite à l’histoire qui se joue au plateau. Elle colle aux personnages créés par David Greig qui existent ici et maintenant. La scénographie et les lumières d’Erick Priano sont à souligner car elles sont l’écrin qui accueille Leïla et Lee.
Olivier Barrère signe une création aboutie. Le rythme trouvé donne le corps nécessaire à cette histoire digne d’un road movie. On peut penser alors aux plus grands succès de ce genre et on se dit que le théâtre, celui d’Oliver Barrère, en révèle toute la magie au plateau avec ce conte initiatique.
Laurent Bourbousson
Crédit photo : © Cie Il va sans dire
« Lune jaune » a été vu durant le Festival Off d’Avignon, à La Manufacture. Reprise le 24 avril 2025 au Théâtre d’Arles. Renseignements ICI.
Générique
Mise en scène Olivier Barrère / Texte David Greig / Traduction Dominique Hollier / Mise en jeu Aurélie Pitrat / Jeu Marion Bajot, Olivier Barrère, Thibault Pasquier, Titouan Huitric / Guitare et effets Nico Morcillo / Scénographie et lumières Erick Priano / Costumes Coline Galeazzi