Vu #OFF16 : Julien Gros et ses mauvais rêves de bonheur
Présentée en novembre dernier au Théâtre Golovine, structure à laquelle il est artiste associé, Julien Gros revient avec la proposition Mauvais rêves de bonheur durant le festival #OFF16. Retour.
Julien Gros a le hip-hop dans la peau. Avec sa dernière création, il enchaîne les figures de style pour une histoire touchante, celle de sa solitude immense, souhaitée parfois, subie souvent. Durant les 45 minutes que composent son solo, sa présence sur scène est d’une assourdissante magnétique.
Il croise la Langue des Signes Française (LSF) à son vocabulaire, pour amplifier l’enfermement qu’il danse. Ses déplacements sont d’incessants aller-retour entre l’envie d’aller au-devant, et celle de rester en retrait. La peur d’être incompris devient la route qu’il se trace sur le plateau.
Le très beau passage de la pièce close, lorsque la lumière devient un mur infranchissable, renvoie à des images des quartiers d’isolement. Son travail méticuleux autour du pied et de la nécessite de se relever donne l’espoir de le voir venir vers nous. Il se fait le porte-parole des laisser-pour-compte, ceux que la société ne voit pas, n’entend pas et finit par ignorer.
Ce qui est troublant chez Julien Gros, c’est cette présence scénique qui nous tient aussi à distance, avec toutefois cette envie d’aller casser la carapace pour rencontrer l’homme qu’il est. Il donne une possible réponse à la fin du spectacle lorsque, sur le bord du plateau, il regarde le public avec un sourire et utilise la LSF comme moyen d’expression.
Faisons alors l’effort de nous rencontrer.
Mauvais rêves de bonheur, de Julien Gros – Cie Havin’Fun – Théâtre Golovine, tous les jours à 16h30 (relâche le 25 juillet).
Laurent Bourbousson