[Vu] Off19 : Vent debout à l’Artéphile

25 juillet 2019 /// Les retours - OFF - VU #OFF
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L’Artéphile nous invite à découvrir la Compagnie des Fourmis dans la lanterne avec l’enthousiasmant Vent debout. Retour.

Le paysage de papier blanc se dévoile au fil de la proposition, émergeant de carnets de dessin sagement disposés sur une table centrale. Autour d’elle, Yoanelle Stratman et Pierre-Yves Guinais insufflent la vie, avec talent et humour, aux trois marionnettes, aux visages délicats, aux corps constitués de bois et de de blocs-notes.

L’héroïne évolue, avec son grand-père, dans un monde immaculé, où règnent en maître le vent, ses bourrasques et son armée de moulins à vent, garants du « bon ordre ». Au détour de ses jeux, l’enfant découvre, par accident, un autre monde au-delà du mur, qu’elle explore en compagnie d’une camarade. A l’opposé de son quotidien de pages blanches, ce nouvel univers fait la place aux dessins hauts-en-couleur, aux mots déployés sur les carnets-murs, et à la joyeuse ambiance d’une ville pleine de vie. Se pose la question du retour : est-il possible après avoir pris goût à la liberté ?

Vent debout. Photographie par Fabien Debrabandere.

La scénographie se concentre autour d’une table-monde fascinante par son ingéniosité. Les paysages de papier se renversent pour laisser la place à un bureau de dessinateur chamarré. Si on retrouve toute la magie du théâtre de papier et de l’art marionnettiste, la Compagnie des fourmis dans la lanterne offre aux spectateurs une interprétation dépoussiérée et résolument sensible.

L’émerveillement devant la délicatesse des paysages de papier et les astuces pour donner vie à cet univers unique laissent place à un malaise sourd, tandis que se fait la compréhension des secrets derrière les pages blanches. Vent debout tisse un monde qui incarne à lui seul tous les pays où la liberté d’expression n’est pas. L’héroïne, au travers ses découvertes et ses questionnements, personnifie la révolte naissante face aux injustices : comment vivre dans une société où pensées, mots et esprit critique sont proscrits après que l’on a goûté à la liberté ? Elle rappelle aussi l’importance et la force des mots pour peupler la tête, les murs et les mondes.

La Compagnie des fourmis dans la lanterne parvient de façon magistrale à créer une proposition jeune public poétique et puissante, d’une délicatesse et d’une drôlerie certaines. Le tour de force de Vent debout réside aussi dans un récit sans parole, qui transmet pourtant à tous, petits (dès 7 ans) et grands, son message universel et nécessaire. A la sortie, on emporte avec nous le souffle de ce vent, paradoxal, entre beauté et poids du monde.

Camille VInatier
Visuel : ©Fabien Debrabandere

Date et générique

Vent debout à l’Artéphile, jusqu’au 27 juillet, à 10h15. Durée : 50mn.

Par la Compagnie des fourmis dans la lanterne. Ecriture, création, interprétation : Yoanelle Stratman, Pierre-Yves Guinais. Aide à l’écriture, regard extérieur : Amalia Modica. Création sonore : Jean-Bernard Hoste. Création lumière : François Decobert. Illustrations : Celia Guibbert.

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