[VU] Une île de danse, la déclaration d’amour à la danse d’Yvann Alexandre et de Doria Belanger
La rencontre est le moteur essentiel dans l’œuvre d’Yvann Alexandre. Pour fêter les 30 ans de sa compagnie, le chorégraphe fait duo avec Doria Belanger pour le film une île de danse à travers duquel il déclare sa flamme toujours vivace à la danse, à sa danse et aux interprètes.
De la aux rencontres
Tout est question de rencontres chez Yvann Alexandre. Elles font partie de ce qu’il nomme sa constellation aux multiples identités aux quatre coins du monde.
Pour une île de danse, là encore, c’est une histoire de rencontre qui précède l’œuvre cinématographique et chorégraphique qui est donnée à découvrir durant le festival Les Hivernales.
Doria Belanger, chorégraphe, danseuse et vidéaste-cinéaste, lui est présentée par Massimo Fusco, l’actuel artiste associé au CDCN Les Hivernales. C’est un véritable coup de foudre pour Yvann. “Doria a réalisé un travail digne d’une archiviste. Elle a compulsé toutes les archives autant filmées que écrites de la compagnie”. Elle découvre alors tout l’univers de la compagnie.
“Cette association a été très stimulante intellectuellement et artistiquement” confie Yvann. Il reconnaît que le travail auquel s’est confronté Doria a été une véritable épreuve pour elle. Mais le rendu vaut bien tous ces sacrifices d’heures à explorer un corpus de chorégraphies et d’écrits pour un film à la beauté réelle.
“Ce long travail pour Doria a été nécessaire, car il lui a permis de se préparer à filmer non pas ce qui est visible, mais ce qui allait se révéler devant la caméra” abonde Yvann.
Entendons ici que une île de danse est un véritable film sur le mouvement dansé et la richesse du vocabulaire chorégraphique d’Yvann Alexandre.
Il est une évidence avec ce film, que la danse est bien un art de l’éphémère, que vous reconnaîtrez parfois des œuvres de la compagnie mais qu’elles vous échapperont au gré des paysages et des rencontres-conversations.
Une île de danse ancré dans notre temps présent
Pour une île de danse, Yvann Alexandre a un souhait profond : réaliser une véritable œuvre cinématographique et non un clip classieux de l’ensemble de ses œuvres. Force est de reconnaître que le but est amplement atteint.
2 axes sont retenus pour la conception du film : la transmission de répertoires des 20 pièces retenues pour lesquelles les interprètes danseront automatiquement d’autres pièces que celles qu’ils ont pu interpréter auparavant ; et la décontextualisation du répertoire.
Si le film a nécessité 3 mois de tournage, sur 3 continents différents, la compagnie est entrée en résidences de création comme pour un spectacle. Ce sont donc 20 interprètes de toutes générations que l’on retrouve au fil de ce film. Les conversations avec les chorégraphes et danseurs sont des conversations dansées pour créer un nouveau langage.
Yvann Alexandre transcende toute son œuvre avec une humilité certaine, trait caractéristique de sa personne. “Si la notion du parcours est présente de bout en bout du film, je voulais projeter nos actes dansés au temps présent et révéler les humains qui se cachent derrière les mouvements” livre le chorégraphe.
Il déroule ainsi le fil bleu, et non rouge, de ses œuvres distillant ici et là des références importantes de son parcours qui échapperont au public. Seules les personnes concernées se reconnaîtront mais qu’importe puisque c’est avec délectation que l’on se laisse happer par cette histoire de danse sublimée par les images de Doria Belanger et de Léopold Belanger et les musiques originales de Jérémie Morizeau, Charles-Baptiste et Alexandre Chatelard.
“Pour le montage du film, j’ai souhaité garder en tête l’intuition, l’urgence et la poésie que peuvent procurer la création d’un spectacle. C’est pour cela que la durée de finalisation a été de 2 mois. Ce temps resserré est en cohérence avec la conception d’un spectacle” confie le chorégraphe.
Aujourd’hui, c’est donc à la projection d’un film que nous convie la Compagnie Yvann Alexandre, celle d’un grand film sur la danse en général et la danse de la compagnie. C’est une véritable déclaration d’amour aux mouvements, aux interprètes et au vivant dans son ensemble que réalisent Yvann Alexandre et Doria Belanger. Il est émouvant de découvrir cette île de danse, véritable voyage au sein d’une constellation tenue secrète jusqu’à présent et qui éclate en plein jour.
Laurent Bourbousson
Crédit photo : ©Léopold Bélanger
Une île de danse en projection : au CND La Maison de la Danse le 19 novembre 2024. Toutes les autres dates ICI.
Site de la compagnie Yvann Alexandre
Générique
Réalisation Doria Belanger | Chorégraphie Yvann Alexandre, d’après le répertoire de la compagnie yvann alexandre 30 ANS DE DANSE ! 1993-2023 | Assistants chorégraphiques Félix Maurin et Claire Pidoux | Direction de la photographie Léopold Belanger | Musique originale Jérémie Morizeau, Charles-Baptiste, Alexandre Chatelard | Interprétation Brigitte Asselineau, Louis Barreau, Selim Ben Safia, Rita Cioffi, Amala Dianor, Stéphane Imbert, Aëla Labbé, Mickaël Phelippeau, Harold Rhéaume, Alban Richard, Ambra Senatore, Loïc Touzé, Pauline Bigot, Joséphine Boivineau, Nicholas Bondu-Bellefleur, Lucile Cartreau, Camille Cau, Kévin Ferré, Max Fossati, Lucie Garault, Alexis Hedouin, Sofian Jouini, Feteh Khiari, Louis Nam Le Van Ho, Evan Loison, Mathilde Maire, Félix Maurin, Fabien Piché, Claire Pidoux, Carol Prieur, Salsabil Souissi, Cybille Soulier, Marie Viennot, Lisa Vilret, Yvann Alexandre et Doria Belanger | Montage Léopold Belanger | Mixage son et bruitages Jan Vysoky | Studio de mixage CAIROS | Étalonnage Douglas Dutton | Directrice de production Angélique Bougeard | Directrice de post-production Angèle de Lorme | Chargée de production Enora Benard | Chargée de communication Adèle Locq | Graphisme et générique Alexandre