[ITW] Antoine Le Menestrel : Avec La dictature du Haut, nous avons apprivoisé les difficultés.

16 avril 2019 /// Les interviews
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Ce sera l’un des temps forts, pour ne pas dire le temps fort, de la 5ème édition du festival Le Grand Ménage à Cucuron. Antoine Le Menestrel va habiter le Haut, du jeudi 18 au dimanche 21 avril. Le Folambule nous dévoile cette aventure.

Comment parler de La dictature du Haut sans pour autant tout dévoiler ? Voilà la question que s’est posé Antoine Le Ménestrel, du haut de ses 53 ans et de ses 54 ans d’escalade ! Il nous en dit un peu, mais garde beaucoup de choses secrètes. Voici ce qui vous attend à Cucuron, le week-end prochain.

La dictature du Haut

Le Folambule ©Emile

Quel a été le point de départ de votre nouvelle création La dictature du Haut ?
Il vient d’en-haut [rires]. J’ai exploré déjà différents supers héros dans mes précédents spectacles : Spiderman, le Père-Noël, le Christ, Pierrot lunaire, le Petit Prince. J’ai pris conscience que tous ces personnages racontaient l’histoire d’un homme seul en hauteur, qui venait d’en haut et qui avait une bonne nouvelle à apporter en bas.
Avec Service à tous les étages, pièce que j’avais créée il y a 20 ans à l’Opéra d’Avignon, je racontais l’histoire du folambule, ce personnage qui descendait pour raconter une histoire. Avec cette nouvelle expérience, je veux aborder la conscience de cette descente et pas uniquement l’histoire imaginaire. Je veux requestionner notre langage qui est empreint d’un vocabulaire tourné vers le haut, la religion, la réussite, la croissance, qui fait que nous sommes dans des imaginaires extrêmes.
L’envie a été de parler de tout cela : de toute cette conscience, de notre langage lié à la valorisation du haut. Le langage s’est imposé à moi pour parler de ce sujet.

Une co-écriture

L’introduction de la parole est nouvelle dans vos projets. Comment l’appréhendez-vous ?
Pour moi, c’est un grand changement que d’aborder la parole et également d’être présent sur une durée assez longue, puisque cela se passera sur 4 jours et 3 nuits. Le folambule descend et cela se déroulera dans le quotidien des gens. Ce n’est pas de la performance, mais plutôt une exploration artistique. J’explore cette descente. Ce sera une aventure totale jusqu’à la chute de l’histoire. Ce que j’ai à dire n’est pas de l’ordre du spectacle, quelque part. Il y a du spectacle, bien entendu, mais ce qui sera dit ne peut être fait sur une heure. Cette parole doit passer par l’intime et ne doit pas arriver d’en-haut. Je veux que son passage se fasse de personne à personne, de regard à regard. Elle doit être horizontale.

Passer à l’écriture, cela a-t-il été difficile ?
Marie-Do Fréval m’accompagne sur la dramaturgie du spectacle. J’arrive avec mes idées, désirs et images. Elle a une écoute et m’oriente. J’avais envie d’aller plus loin par rapport au texte. Elle les met en bouche. C’est une co-écriture.

Des collaborations artistiques

Durant 4 jours et 3 nuits, vous serez ce folambule qui vit en hauteur. Comment allez-vous  vivre ? Comment le public pourra vous suivre ?
Je serai relayé par Olivier Meissel, un journaliste de PIC TV qui viendra interviewer les personnes auxquelles je me serai adressé. Ce qui m’intéresse est de voir comment sera retransmis ce que je vais partager, quelles sont les traces qui resteront de cette parole ?

La dictature du Haut ©Ph. Olivier Meissel

Comment les habitants de Cucuron vont vous croiser ?
Aux fenêtres, là où je vais manger, dormir. Je vais rencontrer des personnes qui deviendront des voisins bienveillants. Je vais m’adresser à eux par l’intermédiaire d’une fleur artificielle, créée à base de gaines de chantier. Cela me permettra de parler tout doucement par l’intermédiaire de ce tuyau. Il y aura des rendez-vous dans la rue, du côté de la boulangerie par exemple. Je vais faire presque 1 kilomètre en hauteur sous l’œil de la douanière verticale, Flore Magnier, et des vigiles de la sécurité verticale, Jean-Luc Bichon et Séverine Gros, car quelqu’un d’en-haut ne doit pas descendre ! J’ai un rendez-vous qui est la chute de l’histoire à 16h30, le dimanche 21 avril.

Vous avez collaboré avec Karine Debouzie pour la partie plastique.
J’avais l’idée de faire des fleurs avec ces gaines. Mes recherches m’ont amené vers elle. Cela a été un plaisir de la rencontrer. Je lui ai posé mon sujet et elle m’a accompagné sur le choix des gaines et à apporter des idées. On a fait des tests. J’utilise uniquement de la gaine et ce même dans mes déplacements. Cela m’a permis de repenser ma façon de me déplacer, je me suis réinventé. Il n’y a plus de cordes, il n’y a que des gaines. C’était passionnant d’échanger avec elle.

Un nouvel élan dans le travail

On sent vraiment une évolution dans votre travail avec ce projet.
Ce que je ressens très fort, est qu’il y a très longtemps que je n’avais travaillé autant de temps sur un sujet. Je l’ai exploré. L’accompagnement financier avec la SACD et le soutien des institutions a permis ce temps de recherche.
La Dictature du Haut a changé ma façon interne de travailler. Le fait que je sois en hauteur et en rapport avec des domaines d’intervention que je ne maîtrise pas, m’a conduit à être entouré de spécialistes qui coordonnent tout cela. Pour la première fois, j’ai fait des temps de travail où nous étions tous ensemble, où nous avons exprimé chacun notre point de vue sur l’histoire. Nous avons apprivoisé les difficultés.

En plus de l’évolution artistique, il y a quelque chose de profond qui émane de vos dires.
L’adjectif profond me fait très très plaisir. Il entre en résonance avec ce que je fais.

Le public pourra donc vous suivre du jeudi au dimanche. Quels sont les moments clés de cette aventure ?
En effet, j’ai des rencontres. Le premier jour, j’arrive du haut. Le deuxième et troisième jour j’explore mon territoire, et le 4éme c’est la chute de l’histoire.
Pour le jeudi 18, les apprentis de la FAI-AR, formation avancée des arts de la rue à Marseille, viennent proposer un éclat de leur future création. Ils arrivent de Marseille. J’ai envie de les accueillir.
Ensuite, il y a aura 3 écrans tv sur le village où seront diffusées les reportages de la chaîne YouTube, PIC TV. Il y aura un journal par jour qui rendra compte de mon exploration.
Et enfin, la descente monumentale aura lieu en direct. Je vais l’incarner.

Propos recueillis : Laurent Bourbousson
Portrait Antoine Le Ménestrel ©Jack Burlot

Générique et dates

Auteur-Explorateur Antoine Le Menestrel | Journaliste reporter de PIC TV Olivier Meissel | Douanière verticale Flore Magnier | Vigiles de la sécurité verticale Jean-Luc Bichon, Séverine Gros | Co-écriture et collaboration dramaturgique Marie-Do Fréval | Collaboration et installation plastique Karine Debouzie | Costumes Annick Krasnopolski | Concepteur sonore Gregory Vera

La dictature du Haut du jeudi 18 au dimanche 21 avril 2019 à Cucuron (84) dans le cadre du Festival Le grand ménage de printemps. Renseignements ici. Suivez l’exploration sur PIC TV.
À retrouver du 9 au 11 août 2019 au XXIIe Cervino Cine Mountain, Vallée d’Aoste, Valtournenche. Dates 2019-2020 à venir.
+++ site de la Compagnie lézards bleus

Antoine Le Menestrel sur le blog :
[ITW] Antoine Le Menestrel pour Les grimpeurs (é)perdus
[ITW] Antoine Le Menestrel pour Debout
[VU] Debout, hommage à Trisha Brown, de et par Antoine Le Menestrel
Le Choix Instantané : Céleste Menestrel

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