[ITW] Fatoumata Diawara, une femme d’amour et de partage

28 octobre 2018 /// Les interviews
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Nous avions rencontré la chanteuse malienne lors de son concert à l’Auditorium Jean Moulin – Le Thor, en octobre dernier. Retrouvez l’interview de Fatoumata Diawara à l’occasion de son passage au Festival Les Suds, à Arles, le 11 juillet 2019.

Fatoumata Diawara, pour celles et ceux qui ne la connaîtraient pas encore, était la voix féminine du projet de Mathieu Chedid, Lamomali. On a pu également la voir au cinéma dans le film du réalisateur Abderrahmane Sissako, Timbuktu, entendre sa voix dans Kirikou, et la découvrir en 2010, avec son premier album Fafou, être au côté de la compagnie Royal de Luxe. Aujourd’hui, la chanteuse part en tournée avec son dernier album Fenfo (découvrez les clips de Nterini et de Bonya). Interview.

Lorsque l’on écoute votre dernier album Fenfo, chanté en bambara, la place de l’oralité est importante. Chaque titre convoque une histoire, un état d’être, une pensée et pourrait être raconté à des générations futures. Est-ce que cela était une volonté de votre part ?
C’est une volonté de ma part afin d’unifier les humains. Que l’on arrête un peu de se prendre la tête pour des futilités. L’humain doit redonner à la nature ce qu’il lui doit, qu’il prenne soin de notre planète qui souffre. Il faut cesser de vivre la tête dans les étoiles afin de garder les pieds sur terre. On doit accepter nos différences, nos religions, nos pays. Que l’on arrête de se battre pour nos couleurs, que l’on se respecte : cela donnera à nos enfants une chance de vivre. Il faut prendre soin d’eux.

Votre album est lumineux tout en traitant de sujets politiquement forts. On sent la militante que vous êtes. Était-ce un souhait ?
J’essaie de jouer mon rôle de femme, celle de la maman, d’être la voix des enfants et cela nécessite beaucoup de douceur tout en gardant à l’esprit qu’un danger court. J’aborde des thèmes de paix, d’union et de solidarité dans mes textes. J’aimerais que les enfants de certains pays vivent réellement comme des enfants. Je crois en l’être humain.

Dans votre chanson Kokoro vous appelez à la fierté de votre héritage et à ne pas brader ce dernier. Quel regard portez-vous sur ce monde qui n’a de cesse de stigmatiser l’autre ?
Cette chanson vient du fait qu’au Mali, la nouvelle génération, attirée par le rap américain, délaisse la musique traditionnelle au profit de ce genre de musique. Je veux montrer que, depuis l’Europe, je peux partager à travers ma musique et nos instruments traditionnels des messages, et démontrer que nos peaux noirs ne sont pas problématiques. Au Mali, les femmes se dépigmentent la peau, une femme refuse de sortir dans la rue car elle n’a pas mis ses rajouts et ne veut pas montrer sa chevelure telle qu’elle est. C’est un vrai fléau. Kokoro est une façon de taper à la porte de ces soeurs pour leur parler.
Dans mes chansons, j’essaie de dialoguer avec ce qui sont en face de moi, ici avec celles et ceux qui comprennent le bambara. Je m’adresse beaucoup à la jeunesse en leur disant : « Si tu as honte de toi-même, personne ne pourra te respecter, donc commence par t’accepter et te respecter », avec des mélodies douces et des textes forts afin de réveiller leur conscience. Je pense que cela pourra aider l’Afrique à trouver sa place dans ce bas-monde.

Certains de vos titres ont une résonnance particulière. On ressent une certaine émotion à leur écoute. Je pense particulièrement au titre Mama. Est-ce que certains sujets abordés conditionnent votre façon de poser votre voix sur les notes ?
Selon les mots que j’emploie, selon les thèmes, ma voix change beaucoup. Quand je compose mes chansons, je demande à mes musiciens et à mon manager de me laisser seule. Je peux rester seule pendant 10 jours. Pendant tout ce temps, j’écris en voix-guitare. Il m’arrive de pleurer car je recherche les mots justes qui traduisent au plus près des parties de ma vie. Tout part de ma vérité, d’une vérité, d’une douleur que j’ai en moi et que j’essaie de chanter. Ensuite, je m’ouvre à des rythmes pour donner de la gaîté et de la joie. Le choix des mélodies se fait en fonction de comment je ressens les choses.
Je parle beaucoup de blues quand je présente ma musique car les textes sont durs mais je vais essayer de trouver l’espoir dans mes mélodies. Ceux qui écoutent avec leur coeur ressentent quelque chose de mélancolique.

Quelle pourrait être votre devise ?
Ma devise dans la vie, c’est Amour et Partage.

Pour le public qui va vous découvrir sur la scène de l’Auditorium Jean Moulin – Le Thor avec votre album, quel est votre message ?
J’espère qu’après ce concert, on ne s’oubliera jamais, que nous aurons formé une famille à jamais. Venez assister au concert car vous ne le regretterez pas et j’espère que vous vous amuserez.

Propos recueillis par Laurent Bourbousson
Crédits photo : Aida Muluneh

Fatoumata Diwara sera en concert à l’Auditorium Jean Moulin – Le Thor, jeudi 8 novembre à 20h30. Renseignements : Site web
Fatoumata Diawara : voix, guitare | Jean Baptiste Gbadoe : percussions | Sekou Bah : basse | Yacouba Kone : guitare | Arecio Smith : Claviers | Paul Riquet : FOH engineer

Fatoumata Diwara sera en concert, avec Mélissa Laveaux, au Festival Les Suds, à Arles, le 11 juillet 2019. Renseignements et réservations sur www.suds-arles.com

Découvrez Fenfo de Fatoumata Diawara ci-dessous :

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