[ITW #OFF18] Anne Cangelosi : « Je ressens toujours l’excitation de la représentation »
Avec son 7ème Festival Off, Anne Cangelosi donne un nouveau souffle à son personnage de Mémé et en profite pour citer Héraclite ! Entretien.
Avant de commencer notre entretien, vous disiez que c’était votre 7ème OFF. Est-ce que l’on a la même énergie qu’au début ?
Oui, absolument. C’est un peu comme si on était parti la veille, et c’est surtout comme si on retrouvait une colo en revenant à Avignon, avec les copains qui débarquent. Ce ne sont pas des vacances pour autant.
Ensuite, au bout de la septième fois, on sait comment tout fonctionne, les rouages de la machine. Tu n’es pas dans le speed de l’inconnu. Puis, il y a quelque chose d’important : je ressens toujours l’excitation de la représentation.
Est-ce que vous vous lancez des challenges pour votre festival ?
Un peu. Cette année, je joue dans la grande salle du Théâtre de l’Observance, On n’achève pas les vieux à 12h30, et Petits arrangements avec la vie, à 17h15 au Forum. Ce qui nous fait une jauge cumulée de 188 places tous les jours. Je n’arrive pas vraiment sur un terrain conquis pour ce 7ème festival car nous avons changé également la communication pour le spectacle. Donc oui, ce sont des challenges ! Après, je me demande si ce n’est pas le festival de trop.
Justement, j’allais venir à cette question du festival de trop…
Tous les ans, je suis très étonnée de voir le public au rendez-vous. L’an dernier, nous avions fini avec 3 créneaux horaires ! Mais chaque année, je me pose la question du festival de trop.
Je me souviens de mon second festival, en 2013, j’avais discuté avec Cédric Chapuis qui présentait, au Forum dans la grande salle de 170 places, Une vie sur mesure et qui m’avait dit : « de toute façon, tout le monde ne t’a pas vu et chaque année de nouvelles personnes arrivent. » C’est la citation d’Heraclite : On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Effectivement, il y a les gens de la région et des nouveaux qui viennent.
Vous avez évoqué le changement de communication. Les premières affiches étaient d’un humour potache, ici on sent un tournant. Le personnage de Mémé a-t-il évolué ?
C’est le même personnage mais ce qui a évolué est la vision des gens sur les personnes âgées. Je pense qu’il y a une prise de conscience du traitement de nos aînés avec les sujets d’actualité autour des Ehpad. Nous sommes dans l’actualité.
C’est vrai qu’avec ces nouvelles affiches, on marque un tournant. Les visuels du début étaient racoleurs, voulus et assumés. À son début, le spectacle s’appelait Le péril vieux et j’avais 3 personnes dans la salle. On s’est dit avec Alexandre Delimoges, mon metteur en scène, qu’il fallait trouver une identité forte. J’ai alors trouvé Mémé Casse-bonbons. Aujourd’hui, le Casse-bonbons a disparu. On passe à autre chose.
Le personnage de Mémé est universel. Un journaliste m’a fait prendre conscience que j’étais la seule à donner la parole à une personne âgée.
Qu’en est-il du troisième volet de la vie de Mémé.
L’idée commence à se structurer, à s’affiner, mais je ne vous dévoilerais rien ! ndlr Anne Cangelosi nous a raconté ce qu’elle prévoyait pour cet opus 3, mais cela restera top secret.
Est-ce que Mémé connaît son public ?
Au tout début, nous avions beaucoup un public de personnes âgées dans la salle. Aujourd’hui, il est diversifié. C’est un public intergénérationnel. L’année dernière, un journaliste de RFI a demandé à des jeunes qui étaient dans la file d’attente pourquoi ils venaient voir Mémé au lieu d’aller voir Gil Alma. Ils lui ont répondu qu’ils adoraient Mémé.
Le personnage est attendrissant. Et nous nous situons ailleurs que le simple fait de dire des banalités. On suit la vie de cette Mémé. Il y a du fond dans les textes. J’aime bien provoquer l’ascenseur émotionnel lorsque j’écris. J’aime surprendre mon public. Il y a de la pudeur et de l’impudeur. Lorsque Mémé dit « Je n’ai pas été désirée par ma mère » , je pense que cela est fait avec beaucoup de pudeur. C’est comme si elle prenait les gens pour leur dire un gros secret. C’est un moment est propice à la confession comme nous pouvons tous en vivre avec des amis.
Propos recueillis par Laurent Bourbousson
Portrait d’Anne Cangelosi ©Lucas Schlott
On n’achève pas les vieux d’Anne Cangelosi et Alexandre Delimoges, jusqu’au 29 juillet, à 12h30, au Théâtre de l’Observance
Petits arrangements avec la vie d’Anne Cangelosi et Alexandre Delimoges, jusqu’au 29 juillet, à 17h15, au Forum
Mise en scène Alexandre Delimoges | Interprète Anne Cangelosi