Vu dans le Off 2015 : Yvann Alexandre

17 juillet 2015 /// Les retours - VU #OFF
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Les Soli noirs et 3 temps composent l’odyssée, que le chorégraphe Yvann Alexandre offre au public, au sein de son langage chorégraphique. Retours.

Les Soli noirs à La Condition des Soies

Si le prétexte à la création de ces 5 soli, qui composent le programme, est l’oeuvre-espace, la chapelle de Rothko, il n’en reste pas moins que les références cinématographiques et littéraires sont présentes.
Kubrick, Don DeLillo, Haruki Murakami sont les noms qui viennent à l’esprit lorsque l’histoire que le chorégraphe nous raconte se met en place. Avec pour signe de reconnaissance cette main noire, les 5 interprètes sondent l’animal-humain que nous sommes.
Claire Pidoux, interprète du solo 1, est telle une lionne en cage. Sa gestuelle empreinte d’animalité révèle sa force. Sa détermination à rester debout entre en résonance avec l’image de celui qui se bât contre la normalité. Elle est celle qui donne le point de départ d’une danse méticuleuse, au langage recherché. Elle réveille l’étrange cité dans laquelle les 5 danseurs évoluent. Bienvenue dans la cité monochrome d’Yvann Alexandre.
Steven Berg, dans sa partition, opère une course contre la vie. L’ivresse humaine l’habite, il est comme drogué d’un trop. Trop de souffle, trop de vie, trop de vitesse, trop d’un tout. L’énergie de ses mouvements le mène jusqu’à l’épuisement. Il danse les lignes brisées d’une vie, le corps en tension permanente, à la recherche de la réponse à ce qui cause son épuisement.
Le solo 3 dansé par Yvann Alexandre marque une pause. La légèreté de sa danse, la fluidité des mouvements sont présents dans le début de son solo. Il est celui qui appelle à la spiritualité, à une prière universelle.
Anthony Cazaux, vêtu d’une jupe, s’abandonne aux mouvements. La fureur de vivre sous-tend son solo. Il est sorte de diable en jupe qui lutte contre sa dépendance à sa drogue.
Christian Bourigault, magistral, clôture cette traversée. Il essaime des pistes de compréhension pour mieux nous précipiter dans le tourbillon, ou la folie, peut-être ?, des personnages.
Cette pièce chorégraphique est une oeuvre précieuse, due aux interprètes qui apportent leur supplément d’âme aux mouvements écrits et à ce langage chorégraphique qui procure un bien salvateur.

3 Temps au Grenier à sel

Tout commence avec Claire Pidoux et son solo extrait de la pièce Blanc-Sèv. On reconnaît, ici, sa force interprétative. Sur un extrait du Kyrie, extrait du Mass in C Minor de de W.A. Mozart, elle répond à la puissance musicale par la puissance des mouvements. Ce bref solo n’est pas sans rappeler celui qui ouvre Les Soli noirs.
Cloud est un autre registre. Lucile Cartreau et Guillaume Chevereau entame un duo autour des notions de fragilité et de légèreté. La fragilité autour de deux globes de verre, la fragilité dans les relations, dans l’approche. Comment s’approcher sans risquer de briser le lien fragile qui peut nous unir ?, semble se demander les deux interprètes. La fluidité des mouvements appellent à la légèreté, à la confiance que l’on peut mettre en celui qui se trouve face à nous. Ce duo fonctionne à merveille et leur danse semble s’envoler. Avec Cloud, c’est un moment suspendu qui est offert au public.
Le troisième temps est le solo de Steven Berg, extrait des Soli noirs. Merveilleux.

Dans l’écriture chorégraphique d’Yvann Alexandre, tout est recherché, tout est écrit, rien n’est laissé au hasard. Il est ici pour nous raconter des histoires, celles de notre monde qu’il poétise avec son regard de chorégraphe et avec la profondeur de sens nécessaire que cela implique pour nous marquer.

Les Soli noirs – Condition des soies – jusqu’au 18 juillet – à 10h00
3 Temps – Grenier à sel – jusqu’au 26 juillet (relâche le 20 juillet) – à 14h30

Laurent Bourbousson
Photo : Les Soli noirs – ©BenBen

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