VU #OFF18 : Le shoot poétique de Christian Bobin par Yan Allegret
Sublime : Yan Allegret et Yann Féry embarquent le public pour une traversée poétique. Retour.
C’est dans la Chapelle du Théâtre des Halles que la compagnie (&) So Weiter vous accueille. On les croirait chez eux. Ils sont debout, regardent le public prendre place. Ils pourraient dire « Bienvenue » que ceci ne choquerait personne. Il y a de cela avec Yan Allegret et Yann Féry, cette volonté de faire se sentir bien, de mettre hors du temps, à côté de, le temps d’une heure, leur auditoire.
Puisant dans les recueils de Christian Bobin, Yann Allegret donne à entendre et à ressentir la vie, pas celle avec un v minuscule mais celle dont le début s’écrirait avec une lettre capitale. Par les mots, il tente de faire apparaître « l’invisible sur la partie visible à hauteur d’enfant » pour faire advenir la pureté qui échappe au regard de l’adulte.
La construction narrative est habile et plonge le public dans une course au bonheur, à fuir les tracas du quotidien pour faire éclater le beau, nécessaire à l’existence. « Je sais les horreurs de cette vie et je ne me lasserai jamais d’en débusquer les merveilles, c’est faire son travail d’homme » énonce le comédien et metteur en scène.
Yan Allegret et Yann Féry habitent d’une certaine manière cette Chapelle. On pourrait les imaginer hanter le lieu que cela serait d’une logique implacable, d’une normalité banale. Et tout concourt à faire croire cela, à l’image de ce bouquet suspendu, comme en lévitation, que l’on viendra arroser comme il convient de le faire avec sa vie pour ne pas la laisser se faner.
La composition sonore et musicale de Yann Féry, ainsi que les lumières, répondent aux mots et les accompagnent merveilleusement bien. Elles sont leur double, des soulignements, des éclairements doux à cette offrande qui est un véritable shoot poétique.
Yan Allegret raconte avoir découvert « l’écriture de Christian Bobin dans une période particulièrement intense de sa [ma] vie » et que cette dernière « est devenue un phare » . Vous regagnerez alors le dehors, avec cette promesse, celle que les mots d’On prend le ciel et on le coud à la terre vous accompagneront et vous serviront de guide pour les jours d’après. Une lumière que l’on se doit de faire briller intensément.
Laurent Bourbousson
Crédit photo : Jean-Rémy Moulouma
On prend le ciel et on le coud à la terre autour de l’oeuvre de Christian Bobin, jusqu’au 29 juillet (relâche les lundis), à 22h30 au Théâtre des halles.
Conception, mise en scène et scénographie Yan Allegret | Création sonore et musicale Yann Féry | Création lumières Dany Bressure Yan Allegret | Collaboration artistique Ziza Pillot Maya Vignando
Merci Laurent, énormément touché de voir que ce que tu as reçu soit si proche de notre intention: « En plein dans le mille ! »
Yann Féry
Merci beaucoup de ces mots Yann