[VU] La pensée, la poésie et le politique – Dialogue avec Jack Ralite
Christian Gonon rend un vibrant hommage théâtral à Jack Ralite, ardent défenseur des arts. Spectacle à voir à la Maison Jean Vilar du 14 au 16 juillet 2024.
Article paru à lors de la programmation du Studio – Théâtre de la Comédie-Française en 2023.
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L’autre Jack, poésie du désir
Il y a de l’hommage dans le Singulis présenté par Christian Gonon au Studio de la Comédie-Française mais il n’y a bien sûr pas que cela.
L’homme Jack Ralite fut sans l’ombre d’un doute un homme d’engagement(s). Être en politique au service du bien commun est – à mes yeux – respectable et désirable même. Car tous les engagements lorsqu’ils sont tournés vers autre chose que soi-même sont des mouvements vers… l’universel, l’humanité. Naïveté ? Peut-être. Et bien assumons. Car c’est peut-être bien cette « faille » si décriée qui pourra faire renaitre un peu d’utopie dans nos sociétés et dans nos cœurs. J’aime beaucoup l’idée que l’utopie se rapproche du désir. Et c’est ce désir que j’ai reconnu hier soir dans les mots de Jack Ralite portés pour nous par Christian Gonon.
Pragmatisme de la sincérité.
Puissance du langage.
Intelligence du sens.
Poésie de l’émotion qui nous élève et nous permet paradoxalement de garder les pieds sur terre.
Je ne suis ni homme ni femme politique au service de. Mais je trouve cela noble que d’essayer de mettre toute son intelligence au service de la compréhension des enjeux de notre temps, pour l’action. Car je retiens cela des mots de Ralite : chercher à comprendre, toujours. Ne pas s’abandonner à la paresse intellectuelle. Mais persévérer à essayer de saisir ce qui construit le monde, quelles sont les ficelles, les passerelles, les neurones qui nous gardent toutes et tous en liens les uns avec les autres. Refuser, absolument, inconditionnellement les raccourcis de la pensée, les violences faites au sens et à la complexité. Ne pas oublier les racines des idéologies. Ne pas oublier de soulever le voile – ou le rideau dirait Ralite, faisant référence au Théâtre ! –
Ce que j’ai entendu dasn ce spectacle, c’est la parole d’un homme qui a, toute sa vie durant, assumé de chercher à comprendre le monde en s’appuyant, en s’aidant, en s’accompagnant de la poésie et de la pensée des auteurs, de ces artistes dont le langage est l’outil, le portail et le sang.
Est-ce si impensable que d’imaginer en politique être guidé par le désir de comprendre ? L’honnêteté intellectuelle que j’admire réside dans la recherche plus que dans la découverte.
Essayer de comprendre
Essayer de ressentir
Essayer de partager
Essayer de dire
Essayer d’être Humain parmi tous les humains
Car sans essayer de comprendre on ne peut que fermer les portes pour ne pas être dérangé…
On pense (se) protéger, échapper au danger, on ne prend pas le risque…
De découvrir ce que l’on n’attendait pas
D’être perturbé
D’être surpris
D’être émerveillé
D’être en colère
De douter
D’être amoureux
D’être désirant
D’être vibrant
D’être fragile
D’être Humain
La sensibilité de Christian Gonon, au service de « l’œuvre de vie » de Jack Ralite, lui-même au service du bien commun, s’inspirant et marchant dans les pas des auteurs et les artistes : c’est presque un programme, non ?
C’est selon mon cœur un spectacle à mettre entre toutes les oreilles et sous tous les yeux possible… qui donne à réfléchir, à s’émouvoir, qui donne envie de vivre ou revivre les poètes, une source d’inspiration sur l’engagement militant qui augmente l’humain (et même pas besoin de casque !).
Séverine Gros
Visuel : Christian Gonon ©Christophe Raynaud De Lage
Générique
La pensée, la poésie et le politique (Dialogue avec Jack Ralite) à la Maison Jean Vilar du Dimanche 14, lundi 15 et mardi 16 juillet à 15h | Durée 1h10 – Salon de la Mouette de la Maison Jean Vilar. Tous les renseignements ICI.
Spectacle conçu et interprété par Christian Gonon, sociétaire de la Comédie-Française, dans le cadre des Singulis (seul en scène). Durée : 1h10 / spectacle crée le 14 octobre 2020.
Lumières : Philippe Lagrue / Musique originale Jérôme Destours / Collaboration artistique : Alain Lenglet
Conception tiré de l’ouvrage éponyme de Karelle Menine publié par Les Solitaires Intempestifs.