[VU] Maldonne, la première pièce long format de Leïla Ka
La jeune chorégraphe, adulée par toutes les scènes parisiennes et françaises, signe sa première pièce de groupe. Maldonne s’affirme comme la suite logique de ses pièces courtes et offre de beaux moments. Pari réussi pour Leïla Ka.
Des formes courtes à la forme spectacle
Après s’être faite connaître avec ses pièces courtes, diffusées en tryptique (à voir au Pavillon noir (Aix-en-Provence), le 25 novembre), Leïla Ka poursuit sa route avec sa première pièce de groupe. Avec son écriture de mouvements syncopés et rapides suivis de sorte d’arrêts sur images comme pour mieux imprégner la rétine, gestes qui font sa force et qui sont son adn, la chorégraphe entraîne son groupe d’interprètes dans une exploration des figures féminines avec Maldonne.
Sous forme de tableaux collés les uns aux autres, et c’est peut-être ici que l’on retrouve son attachement à la forme courte, Leïla Ka et son groupe de femmes raconte l’histoire de nos mères à toutes et tous.
Une distribution parfaite
Jennifer Dubreuil Houthemann, Jane Fournier Dumet, Leïla Ka, Zoé Lakhnati, Jade Logmo forment ce chœur féminin épatant aux milles identités. La pièce s’ouvre avec Bouffées (Premier Prix lors du concours Danse Élargie 2022, Théâtre de la ville de Paris), sorte d’introduction qui lance un appel à l’insubordination.
Les interprètes s’emparent alors à bras le corps de la thématique et exécutent une danse qui stimule l’esprit, le regard mais qui parfois s’essouffle dans certains tableaux.
Se jouer des situations pour être libre
Les tableaux de Maldonne s’enchaînent et dessinent les contours des représentations des femmes à travers le monde. Avec pour costumes une multitude de robes, les corps se métamorphosent à l’envi et deviennent de redoutables armes. Car le corps ici est la seule arme dont disposent nos interprètes.
Leïla Ka présente en effet toute une série de corps issus de nos schémas de représentation patriarcale. De leur effacement, rendu possible avec l’empilement de robes, jusqu’à cette scène où le fait de lustrer le sol devient une scène sexuelle, la chorégraphe cherche par tous les moyens à combattre les carcans et injonctions qui sont encore faits aux femmes de nos jours.
La liberté dans tout cela ? Elle arrive triomphante, on l’espère, avec le dernier tableau (le sixième, si j’ai bien compté !). De la scène cocasse et risible, baroque à souhait, la rupture dans la construction ébranle le public. C’est sur de la techno que nos 5 valeureuses et énergiques interprètes prennent possession du plateau et deviennent des résistances chères à nos cœurs.
De tableau en tableau, une histoire de la femme
Si Maldonne est une réussite, il n’en demeure pas moins que les tableaux manquent de liaison avec l’ensemble. La dramaturgie et la construction de la pièce invitent à ce qu’il n’y en ait pas vraiment car c’est à une plongée parcellaire d’images de femmes à laquelle le public est convié. Mais parfois, on peut se sentir un peu de côté et regarder uniquement ce qui se passe au plateau sans être pleinement concerné.
Avec cette première pièce de groupe, Leïla Ka s’affirme avec liberté et s’inscrit encore plus dans le paysage chorégraphique français. Elle nous laisse présager de beaux moments à venir. On l’espère.
Laurent Bourbousson
Crédit photo : ©Nora Houguenade
Générique
Chorégraphie Leïla Ka / Interprétation Jennifer Dubreuil Houthemann, Jane Fournier Dumet, Leïla Ka, Zoé Lakhnati, Jade Logmo / Création et régie lumière Laurent Fallot / Régie son Rodrig De Sa
La pièce a été vue à sa création, à La Garance – Scène nationale de Cavaillon, le 16 novembre 2023
Tournée : 19/11/2023 THÉÂTRE DE GRASSE / 21/11/2023 THÉÂTRE D’ARLES / 23-24/11/2023 MARSEILLE LE ZEF / 28/11/2023 CHATEAU-ARNOUX THÉÂTRE DURANCE / 01/12/2023 GAP THÉÂTRE LA PASSERELLE / 19/12/2023 ANGOULÊME THÉÂTRE D’ANGOULÊME / 12-13-14/01/2024 SURESNES SURESNES CITÉ DANSE / 16/01/2024 NORT-SUR-ERDRE CAP NORT / 17/01/2024 HAUTE GOULAINE LE QUATRAIN / 19/01/2024 MALAKOFF THÉÂTRE 71 / 23-24/01/2024 SAINT-OUEN ESPACE 1789 / 26/01/2024 STRASBOURG PÔLE SUD, CDCN / 28/01/2024 BREST PCENTRE HENRI QUEFFELEC / 30/01/2024
SAINT-BRIEUC LA PASSERELLE / 1-2-3/02/2024 RENNES LE TNB / 04/02/2024 MACHECOUL L’ESPACE DE RETZ / 06/02/2024 LA ROCHE SUR YON LE GRAND R / 09/02/2024 PONTCHÂTEAU CARRÉ D’ARGENT / 13/02/2024 ARMENTIÈRES LE VIVAT / 15/02/2024 DUNKERQUE LE BÂTEAU FEU / 15-16-17/03/2024
PARIS LE 104 / 19/03/2024 PAU ESPACES PLURIELS / 04-05/04/2024 BORDEAUX LA MANUFACTURE CDCN 11/04/2024 VITRÉ CENTRE JACQUES DUHAMEL
Production déléguée CENTQUATRE-PARIS.
Coproduction La Garance – Scène nationale de Cavaillon, Théâtre Malakoff – Scène nationale, Théâtre d’Angoulême – Scène nationale, Théâtre de Suresnes Jean Vilar – festival Suresnes Cités Danse 2024, Centre Chorégraphique National d’Orléans – direction Maud Le Pladec dans le cadre de l’Accueil-studio, Centre Chorégraphique National – Ballet de Lorraine direction Petter Jacobsson dans le cadre de l’Accueil-studio, Les Quinconces et L’Espal – Scène nationale du Mans, Espaces Pluriels – Scène conventionnée d’intérêt national Art et création – Danse de Pau, La Manufacture – CDCN Nouvelle-Aquitaine Bordeaux/La Rochelle, La Passerelle – Scène nationale de Saint-Brieuc, Fondation Royaumont, Espace 1789 – Scène conventionnée d’intérêt national Art et création pour la danse de Saint-Ouen, Soutien financier Le Quatrain – équipement culturel de Clisson Sèvre et Maine Agglo, Ville de Gouesnou – Centre Henri Queffélec
Mécénat Caisse des Dépôts.
Aide à la résidence : Fondation Royaumont / Fondation d’entreprise Hermès
Ce spectacle est en tournée avec 104ontheroad.
Leïla Ka est artiste associée au CENTQUATRE-PARIS et à POLE-SUD – Centre de développement chorégraphique national de Strasbourg, artiste complice à La Garance, scène nationale de Cavaillon et artiste en résidence longue à L’Espace 1789, scène conventionnée d’intérêt national Art et création pour la danse de Saint-Ouen.
Leïla Ka est accompagnée par le réseau TREMPLIN – réseau interrégional Grand Ouest et Paris jusqu’en 2024.