FDA et OFF20 annulés : Christelle et Yourik Golovine, Théâtre Golovine, répondent à nos questions
Christelle et Yourik Golovine répondent à nos questions suite à l’annulation du OFF20. Et si ce moment de crise sans précédent servait à réinventer un nouveau monde de fonctionnement ? Ils posent la question et sont déjà à pied d’œuvre pour inventer demain.
Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui après l’annonce de la suspension des festivals pour cet été ?
Nous sommes un peu abasourdis et avons le cœur lourd après cette nouvelle. Nous voulions rester optimistes mais sentions bien depuis quelques temps que le vent allait tourner et que l’annulation du Festival serait inévitable. Il nous fallait urgemment une réponse claire de l’État pour pouvoir envisager la suite.
Les perspectives économiques s’annoncent très tendues pour notre ville, ses commerçants, ses hôteliers, ses restaurateurs, ses artistes, ses techniciens, ses théâtres…Il va falloir être, plus que jamais, solidaires.
Malgré tout, nous gardons la flamme, restant persuadés que la période douloureuse que nous traversons permettra de réinventer un nouveau mode de fonctionnement pour notre structure et plus largement pour la sphère sociale, économique et culturelle. Espérons que nous nous dirigerons vers un monde où la culture aura toute la place qu’elle mérite. Avec cette crise sans précédent, nous sommes en train de mesurer à quel point le monde de l’Art et du Spectacle Vivant sont absolument nécessaires.
Pour votre structure, cette annulation représente quel manque à gagner ?
C’est plus de la moitié de notre budget de fonctionnement qui s’est envolé. Les recettes du festival nous permettent principalement d’acheter des spectacles pour nos saisons chorégraphiques, de co-produire des compagnies et de mener différentes actions artistiques. La saison à venir s’annonce donc très compliquée, d’autant que nous nous sommes engagés à honorer tous les contrats de cession des compagnies programmées au printemps pour la saison prochaine. Malgré les difficultés qui s’annoncent, nous mettons un point d’honneur à tenir nos engagements moraux vis à vis des artistes et techniciens et à conserver une politique tarifaire basse pour permettre un accès à la culture au plus grand nombre.
Quelles sont vos attentes de la part des institutions ?
Nous sommes en contact avec les différentes tutelles pour faire le point sur nos dossiers. Nous espérons que les institutions, qui ont été des partenaires fidèles jusqu’à présent, seront à nos côtés pour faire face à cette situation de crise.
Nous devions accueillir cet été deux compagnies de la région SUD en co-réalisation et il est pour nous inenvisageable de ne pas les accompagner comme prévu. Il sera indispensable d’être soutenu en amont.
Nous restons donc attentifs aux différents plans de relance mis en place par le ministère de la culture et la Région.
Avez-vous eu des retours des compagnies que vous alliez accueillir ? Est-ce que l’on pourrait imaginer que ces compagnies reviennent pour le festival 2021 ?
OUI ! Et c’est assez magnifique de voir à quel point les compagnies chorégraphiques sont combatives et optimistes. Nous avons trouvé des arrangements avec chacune d’entre elles et allons proposer la même programmation à l’exception d’une compagnie qui reviendra en 2022. Néanmoins, certaines sont angoissées et parfois désabusées par la situation et l’avenir incertain de la profession, c’est pour cela qu’en tant que Pôle chorégraphique nous continuerons plus que jamais à les soutenir en proposant des résidences, des avant-premières, des ateliers et inventerons d’autres formats artistiques avec elles.
Quant à notre artiste associé 19/20, la compagnie Le Scribe, nous l’accompagnerons jusqu’au festival prochain. Hors de question de l’abandonner au milieu du chemin.
Bref, nous sommes déjà à pied d’œuvre pour inventer demain…
Propos recueillis par Laurent Bourbousson
Visuel : Christelle et Yourik Golovine
Le site du Théâtre Golovine.