Impressions#2 : ENE-LIIS SEMPER et TIIT OJASOO
Festival d’Avignon. Gymnase Aubanel. Hier soir.
NO51 MA FEMME M’A FAIT UNE SCÈNE ET À DÉCHIRÉ TOUTES LES PHOTOS tel est le titre.
Ça commence dans le silence impressionnant avec un mec obsessionnel et paniqué, hystérique et sous l’emprise de tocs récurrents. Dans une chambre d’hôtel. Il est obsédé par des rites compulsifs. Il a perdu toutes ses photos de vacances. Lui et ses enfants… lui, tout au long de la journée il a photographié sa famille… et les photos ne sont plus là.
Soudainement. Changement total. (Ne rien dire la dessus car ce serait trop dévoiler!)
Une dizaine de personnages envahissent la scène, mélangeant ainsi rêve et réalité. …jeu de rôles et selfies. Selfies et mises en scène. Qui prend la place de qui ? Qui est vrai, qui est-il, que fait-elle ?
C’est à hurler de rire..c’est aussi désespérant quand même.
Et puis, c’est dingue. ça se bouscule, ça se violente, ça devient un champ de bataille, ça devient le lieu de tous les excès. … ça se prend en photo, les photos sont projetées sur les murs. C’est Nan Goldin, c’est Mapplethorpe, c’est Francis Bacon… c’est qui est qui, c’est qui sera qui ?
C’est une folie des corps et des mélanges, c’est sexe and rock, c’est un désastre absurde. c’est incroyable. C’est une réalité dont le fantasme en est le rêve. On ne sait plus, no limit
On pourrait penser à Alain Platel aussi. Ce mélange de genres, ces horizons confondus. Ces larmes amères car c’est certainement effrayant ce qui s’est passé…
Je te prends en photo, tu me prends en photo, nous nous prenons en photo. Lequel de nous deux montrera son cul, ses cuisses, ses baisers ?…
Les photos sont déchirées, sa femme en vrai n’est pas là. La mer à tout emporté.
Ne reste qu’une énorme et incroyablement accumulation de corps…
Putain que cette compagnie ubuesque et « Nan Goldinincarnée » est formidable ! Cette troupe qui se serait arrêtée dans un hôtel dirigé par Philippe Quesne.
J’ai adoré.
Francis Braun