Vu #OFF18 : Laissez-vous chanter MU

5 juillet 2018 /// Les retours - VU #OFF
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Mu est une ode à la vie, à nos amours perdus, à l’intime lien que nous entretenons avec nos êtres défunts. Les mots de Fabrice Melquiot composent ce chant et Nicolas Gèny en est le parfait orateur, dans une mise en scène de Laetitia Mazzoleni. Retour.

Peut-être était-il déjà présent sur scène lorsque le public a pénétré dans salle. Peut-être. On ne peut en être sûr.
Il adresse la parole, comme ça, de but en blanc. C’est frontal, sans réelle mise en situation. Comme une urgence. Certainement qu’il y en a une pour lui, celle de raconter pourquoi la forêt, pourquoi elle, pourquoi la vie, pourquoi il a choisi d’être invisible depuis.

Mu est une histoire composée d’épisodes qui se développent, s’enroulent sur eux-mêmes et s’enchaînent au son de la musique de Sébum. L’écriture de Fabrice Melquiot marque le rythme, les notes accompagnent le dire de Jacob. Jacob, le petit Jacob, présent au milieu de sa forêt.
En fond de scène, il commence à raconter sa vie avec elle, Mu, ce diminutif dont il la nomme. Ils se sont aimés, la nuit uniquement, le jour n’étant pas réservé à la passion. Puis vient la séparation et le deuil qui l’accompagne. Ne plus penser à elle mais la voir partout, là derrière le public.

 » Qui trouve ce qu’il cherche ? «  demande-t-il. Tout semble se chahuter dans sa tête. Il avance petit à petit vers le bord du plateau en prenant soin de faire avancer la fôret avec lui. Sa forêt, son nouveau lieu de quiétude, loin de toutes agitations, duquel il peut observer, entendre et se remémorer les temps passés, lui l’homme perdu.

De souvenirs en réflexions profondes, édulcorées par la présence de supers-héros (ce connard de blond de Captain America ou encore les fameuses oreilles de Daredevil), le texte est un long poème sur les choses de la vie (clin d’oeil au film de Claude Sautet). Quelle trace laisserons-nous lorsque la mort nous aura soufflé notre existence ? Vaste question à laquelle Jacob ne tente pas de répondre. Il lance uniquement des pistes depuis ses bois, jouant à cache-cache avec le public. Dans sa parole, l’urgence de la vie se fait sentir, celle de jouir du moindre plaisir, du simple frottement de peau avec l’être aimé.e, du simple frisson qui nous fait sentir encore plus vivant que le moment précédent.

Laetitia Mazzoleni aurait pu tomber dans une surenchère en mettant en scène cet inédit de Fabrice Melquiot. Or, le choix de la sobriété est justifiée et laisse toute la place à Nicolas Gèny, épatant dans ce rôle aux multiples couches et couleurs. La musique de Sébum, d’un bout à l’autre, apporte une étrangeté et donne à Mu ses lettres de noblesse de poème scandé.
Pour son retour à la mise en scène, Laetitia Mazzoleni offre à son public une excellente raison d’aller au théâtre. Foncez.

Laurent Bourbousson
Photo : Décor de Mu ©Laetitia Mazzoleni

Mu, de Fabrice Melquiot, avec Nicolas Gèny / Mise en scène Laetitia Mazzoleni / Musique Sébum / Scénographie Johann Fournier / Lumières Sébastien Piron
À retrouver durant le #OFF18, du 6 au 29 juillet 2018 (relâche les mercredis), à 20h10 au Théâtre Transversal (ex Ateliers d’Amphoux). Renseignements ici.

 

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