[ITW] Mélanie Perrier pour Quand j’ai vu mon ombre vaciller – Festival Les Hivernales
La chorégraphe présentera, le mercredi 13 février au CNES La Chartreuse, dans le cadre du Festival Les Hivernales, Quand j’ai vu mon ombre vaciller. Cette création embrasse une installation, une pièce chorégraphique ainsi qu’un livre. Mélanie Perrier est en interview.
Quand j’ai vu…, de l’installation au livre
On vous retrouvera à la Maison Jean Vilar et à La Chartreuse durant le festival Les Hivernales pour votre dernier projet qui semble relever d’un concept général. Pouvez-vous nous en parler ?
Il m’importe de penser, de plus en plus de façon élargie, les contours de ce que je propose avec ma compagnie. En effet, pour moi il s’agit de proposer une expérience sensible, à chaque spectateur-trice, en commençant par l’accompagner à entrer dans le spectacle avec des projets à plusieurs formats.
Pour ce dernier projet, le spectacle commence avec l’installation Le nuage sonore. Habituellement, celle-ci est audible juste avant de rentrer dans la salle de spectacle. En étant sur le festival, il était logique de la proposer ailleurs. Isabelle et moi avons décidé de la présenter en amont, à la Maison Jean Vilar. Il est conseillé de voir Le nuage sonore avant Quand j’ai vu mon ombre vaciller.
Comment avez-vous pensé cette installation ?
Ce sont 40 récits, que j’ai glanés pendant plus d’un an, avec pour seule question, qui s’avère être la question centrale de la création : Qu’est-ce qu’être accompagné ? En l’occurrence, les personnes rencontrées ont raconté le fait d’être ou d’avoir accompagné. Si certaines histoires relèvent du champ professionnel, d’autres sont de l’ordre de l’intime. Au-delà du signifiant, il m’importait que le spectateur rencontre, de façon plus incarnée, le propos de la pièce.
L’espace, dans lequel le public pénètre, est sombre. Il part à la recherche des voix qui racontent. Le Nuage sonore est un avant-goût au spectacle.
On proposera également de poursuivre l’expérience avec un livre qui regroupe 70 dessins de souffle fait durant la création, un livre qui est pour moi à offrir à celles et ceux qui nous accompagne aujourd’hui.
Une ode aux accompagnants
Vous exposiez déjà l’idée de prendre soin de l’autre avec Care ?
Quand j’ai vu mon ombre vaciller poursuit un cycle autour d’une redéfinition des relations d’aujourd’hui initié par Care qui valorisait la vulnérabilité. Ici, je m’attache à rendre visible davantage l’accompagnement. Il s’agit d’une ode à toutes les personnes accompagnantes et un hommage à Anne Dufourmantelle, philosophe et psychanalyste, disparue en 2017. La pièce est nimbée de ses écrits qui nous ont accompagnés sur tout le temps de la création.
Comment avez-vous travaillé avec vos 3 interprètes ?
Nous sommes dans une expérience éminemment sensible. Le parti-pris a été que les danseuses aient les yeux fermés pour danser toute la pièce. Quels sont alors les outils et les nouvelles façons que l’on invente pour se mettre en relation avec son partenaire ? Le souffle ? , la peau ? Cela permet d’activer d’autres types d’écoute pour pouvoir cheminer et danser ensemble.
Cette écoute se fait entre elles et le musicien Gaspar Claus, qui joue en live et module sa musique en fonction de leur cheminement. Il est accompagné de Nicolas Martz qui compose et met en espace au fur et à mesure. La musique se compose donc en direct, enveloppe et entoure le public. En réalité, c’est une pièce avec 5 interprètes.
Une expérience sensible
Est-ce que l’on peut dire que les représentations seront toutes uniques puisque l’écoute est au centre de la partition chorégraphique ?
Même si tout est extrêmement écrit, effectivement le rendu sera différent à chaque représentation. Les interprètes devront être toujours au plus juste dans leur écoute à l‘autre. Le moment où sont fait chaque geste leur appartient. Le postulat étant de faire le geste dans la justesse du moment.
Ce sera donc une expérience sensible que vous proposez au public. Pouvez-vous nous expliciter cela ?
J’accorde beaucoup d’importance à la relation danse/lumière dans mon travail depuis le début. La visibilité est toujours mise en doute, et ce sera le cas avec cette création plus que jamais. Les présences sur le plateau font bégayer le visible et la musique ressasse l’espace. Le spectateur ne voit pas, mais rentre dans quelque chose, comme on pénètre dans une hypnose ou un rêve.
Propos recueillis par Laurent Bourbousson
Photographie : Mélanie Perrier
Dates et générique
Le Nuage sonore, à la Maison Jean Vilar, dimanche 10, mardi 12 et mercredi 13 février, de 10h à 18h. Entrée libre.
Quand j’ai vu mon ombre vaciller, le mercredi 13 février à 20h30, au CNES La Chartreuse.
conception et chorégraphie Mélanie Perrier | Compositeur et violoncelliste live Gaspar Claus | Interprétation Marie Barbottin, Julie Guibert et Laurie Giordano | Artiste plasticien lumière Jan Fedinger | Assistante, consultante en AFCMD Nathalie Schulmann et Marine Combrade | Mise en espace sonore Nicolas Martz | Maquillage Sylvain Dufour | Remerciements Claire Malchowicz
Le site de Mélanie Perrier-Compagnie 2 minimum ici.
Mélanie Perrier sur le blog : là.