[ITW] Olivier Barrère pour Soie d’Alessandro Baricco – Fest’Hiver

2 février 2019 /// Les interviews
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C’est à 4 jours de la première, après une de ces journées de répétition et avant un ultime filage qui vient clôturer des heures de travail, que l’on s’est entretenu avec Olivier Barrère pour la création de Soie d’Alessandro Baricco. Interview.

L’année s’avère chargée pour ta compagnie Il va sans dire. Vous êtes au Théâtre du Chien qui fume, les 3 et 6 février, pour Soie d’Alessandro Baricco, avant une reprise et une création en cours. Comment ce projet s’est-il glissé dans ce planning ?
À la fin du premier semestre 2018, nous avons rencontré Gérard Vantaggioli (le directeur du Chien qui fume ndlr) et il nous a proposé de participer à Fest’hiver (le Festival de théâtre des Scènes d’Avignon ndlr). Nous avons rapidement réfléchi aux choses que nous aurions en cours à ce moment là : la reprise de The Great Disaster de Kermann, au Théâtre des Halles et le projet futur de 2020, Lune jaune de David Greig que nous ne voulions pas devancer. Par contre, depuis longtemps, nous avions envie de nous confronter à l’écriture d’Alessandro Baricco et à ce texte. Nous avons refusé d’être sages et avons saisi cette opportunité.

Le choix du roman

Est-ce que l’on peut dire que ce spectacle est le prolongement des lectures Premiers chapitres, que l’on a pu découvrir au Théâtre des Halles la saison dernière ou au Festival Off 18 ?
Premiers chapitres est très récent. C’est quelque chose que nous aimons faire dans la compagnie car il y un rapport très direct au public. Il y a quelque chose qui se rapproche du musicien, le livre devient notre instrument.
Au moment de notre rencontre avec l’équipe du Chien qui fume, je faisais une lecture de Soie, dans le cadre de Premiers chapitres, pour l’association Le Village à Cavaillon. C’est peut-être la corrélation ou la concomitance entre ces deux événements qui a amené à ce que ce texte devienne une concrétisation en terme de réalisation. C’est un roman que nous amenons au théâtre.

Mon travail de comédien se porte sur comment faire entendre et faire sonner la langue des auteurs

Olivier Barrère dans Soie ©Serge Gutwirth

Pourquoi avoir choisi précisément ce roman ?
Soie d’Alessandro Baricco est un roman magnifique. Dans mon parcours de lecteur, il a eu une place importante, et je m’aperçois que pour beaucoup de gens, il en est de même. C’est un roman à l’écriture ciselée, extrêmement travaillée, d’une limpidité folle, d’une accessibilité étonnante et c’est une très belle histoire dans un style magnifique. Mon travail de comédien se porte sur comment faire entendre et faire sonner la langue des auteurs. Je voulais m’affronter à l’histoire de ce roman, à sa structure, aux outils narratifs utilisés et à comment en faire du théâtre alors que ce n’en est pas ! C’est une sorte d’exercice de style.

À propos du texte, est-ce que tu es passé par une adaptation du texte pour en faire une pièce ?
Tout le sel est d’adapter ce texte-là sans le toucher. Il faut trouver les moyens d’incarner un personnage qui parlerait de lui-même à la troisième personne ou qui citerai son propre nom pour parler de lui-même : dans quelle situation on le place pour qu’il puisse, à ce moment-là, se nommer par son nom ? L’exercice de style est ici. Mais nous avons uniquement fait quelques coupures dans le texte.

La mise en scène, un travail collectif

Marion Bajot et Kristof Lorion dans Soie ©Serge Gutwirth

Dans le dossier de présentation, tu inscris faire appel à l’effet cinématographique. Comment cela se passe-t-il ?
Le roman est une suite de séquences, plus ou moins intenses, qui arrivent au personnage et qui appelaient, pour moi, à un traitement quasi-cinématographique. Il y avait l’envie de captation et de retransmission en direct. Au fur et à mesure du travail, avec mes partenaires de jeu, Marion Bajot et Kristof Lorion, nous nous sommes aperçu que ce moyen technique n’était pas nécessaire. Nous pouvions traiter ces séquences de la manière suivante : le focus est fait par les narrateurs au plateau. Par un simple regard, le narrateur fait exister les comédiens comme s’ils étaient filmés par une caméra. Nous traitons ces séquences de cette façon.
Le rapport à l’image existe autrement et il vient soutenir la narration. On retrouve de la création vidéo au plateau.

On doit la création vidéo à Erick Priano. Comment as-tu travaillé avec l’équipe pour la mise en scène de Soie ?
Je suis metteur en scène du projet mais c’est un travail collectif, car chacun d’entre nous apporte des idées. Notre question de base était comment raconter cette histoire. Pour le travail sur l’image et l’espace ainsi que les décors minimalistes, qui nous permettent de structurer la narration, cela vient d’Erick. Marion, Kristof et moi sommes partis de ses idées et les avons enrichies. Nous jouons avec la matière du texte pour faire de Soie un vrai spectacle.

Dans 4 jours, il y a aura la première représentation. Par quels sentiments es-tu traversé ?
Les sentiments sont complexes, mais je suis très heureux. Il nous reste beaucoup de travail. Nous sommes dans la construction finale. Cette création est un pari. On est 3 au plateau, sans jamais le quitter. C’est exigeant et excitant. Je suis très fier de ce que l’on présentera. Que les gens viennent nous voir et on en parlera.  

Propos recueillis par Laurent Bourbousson
Visuel d’illustration : Erick Priano

Générique et dates

Soie d’Alessandro Baricco
Mise en scène Olivier Barrere | Jeu Marion Bajot, Olivier Barrere, Kristof Lorion | Régie Générale, scénographie Erick Priano
Représentations Dimanche 3 février à 17h et mercredi 6 à 19h, au Théâtre du Chien qui fume (Avignon) dans le cadre du Fest’Hiver. Renseignements ici. À l’Espace 409 à Bédarrides, le 23 mars.
The Great Disaster de Patrick Kermann sera repris au Théâtre des halles (Avignon), les 1er et 2 mars. Renseignements .

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