
Ouvert aux publics : Les semaines de Laurent – du 15 au 31 octobre
CDCN Les Hivernales, Théâtre des Halles, Klap-Maison pour la danse, L’autre Scène… Retours sur octobre entre cirque et danse à Marseille et Avignon.
Le CDCN Les Hivernales proposait, en octobre, une rencontre avec Simonne Rizzo, dans le cadre du Parcours de l’art. Cette dernière a présenté le début de sa future création Miwa, qui sera à découvrir durant le Festival HiverÔmomes en février 19, à Avignon. La chorégraphe s’est inspirée de l’univers du réalisateur de manga Miyasaki. Le dessinateur William Bruet a eu la lourde tâche de s’imprégner de l’univers fécond du réalisateur pour créer le décor de la proposition. Une forêt dessinée sur des pendrions permet de compartimenter l’espace, offrant la possibilité aux interprètes de jouer à cache-cache.
Cette sortie de résidence était l’occasion de voir les premières minutes de son projet. On a été émerveillé par le morphing de Caillou Michael Varlet ainsi que par l’apparition d’une machine, qui n’est pas sans rappeler les engins les plus fous dans les films d’animation du japonais.
Aurore Allo, Claire Chastaing, Haruka Miyamoto, Simonne Rizzo et Simon Dimouro sont les protagonistes de ce voyage. La danse trouve sa base dans le Hip-Hop. Le compositeur Jérôme Hoffman et la musique de Joe Hisaishi habillent parfaitement l’ensemble.
Pour ce projet, la chorégraphe n’a pas souhaité narrer l’histoire d’un film en particulier de Miyasaki mais s’approprier les thèmes chers au réalisateur afin de raconter une histoire universelle, celle des êtres humains.
Un beau début qui éveille la curiosité. Le rendez-vous est pris pour la création en Février 19.
Le Théâtre des Halles accueillait, en octobre, le spectacle conçu par Joris Frigerio, City. Avec Matthieu Renevret au plateau, ils forment un duo qui n’est pas sans rappeler Laurel et Hardi, mais la ressemblance s’arrêtera au physique. Oscillant entre vidéos, témoignages, danse et acrobaties, ils nous baladent dans des chemins de vie. On pense souvent à l’émission Striptease par la teneur des propos tenus. Si l’intention est honnête, le propos se dilue peu à peu. Les paroles recueillies ne forment plus qu’une succession de réflexions laissant de marbre.
Klap-Maison pour la danse proposait pour l’ultime soirée du Festival Question de Danse, Onkalo (à découvrir le 27 novembre au Théâtre Golovine) de la chorégraphe Sandra Français et The third dance de Niv Sheinfeld & Oren Laor.
La proposition Onkalo résulte du désir d’initier une recherche sur le langage du corps à travers le temps, peut-on lire sur le site de la compagnie. Onkalo, cachette en finnois, est ce trou, creusé en Finlande, où vont être entreposés des déchets nucléaires. Partant de ce postulat, la chorégraphe s’interroge sur le message qui pourrait être traduit dans 100,000 ans, qui correspond à la longue période de radioactivité des déchets.
Soulignons la parfaite maîtrise et exécution de la danse. Le travail accordé à chaque geste est d’une précision minutieuse. À ses côtés, l’élégante structure, dans laquelle les déchets vont venir choir, s’illumine par intermittence. Le regard est happé par cette structure en fonctionnement, au détriment de la danseuse.
La proposition présentée en frontal mérite d’être sortie de ce rapport-là. Une force pousse le public à être proche de l’interprète et de cette structure afin d’être réellement confronté au propos car, depuis les fauteuils, la binarité de l’espace nous pousse à choisir où le regard se porte.
Le ravissement de la soirée revient au duo israëlien Niv Sheinfeld & Oren Laor pour The third dance. En ces temps de retour à l’homophobie, The Third Dance est le spectacle à voir pour parler de ce sentiment universel, beau, pur et quelque fois malmené mais partagé par toutes et tous : l’amour.
The third Dance est l’histoire d’un coup de foudre, du premier rendez-vous, des regards langoureux, amoureux, de la routine qui s’installe, de l’impossibilité à communiquer, des malentendus, des rêves, des espoirs et de la réalité d’une histoire d’amour. Couple à la scène comme à la ville, Niv Sheinfeld & Oren Laor transcendent leur histoire qui devient à portée universelle.
Le duo s’amuse des clichés, dignes des comédies musicales les plus sucrées, se joue de lui-même, et pose la question du vieillissement et ce que cela incombe dans le rapport à l’autre dans un tableau ultime qui est d’une poésie réaliste.
Ils sont au centre de toute l’attention du public, au sens propre comme au figuré. Leurs interprétations renvoient des images que tout un chacun est amené à vivre et questionne le rapport à l’amour entretenu individuellement.
Une chose est certaine, le public n’est pas près d’oublier l’explosion de bouquet, véritable feu d’artifice, aux couleurs de l’amour.
On clôt ce retour en arrière avec SEPTeM de la Compagnie Chriki’Z, vu à L’autre Scène (Vedène).
Le chorégraphe Amine Boussa, croisé cet été lors de La Danse se livre au village du Off, présentait cette proposition emmenée par 7 interprètes féminines (à découvrir son interview sur SEPTeM, ici). Le Hip-Hop testostéroné a du souci à se faire ! En effet, par une succession de tableaux envoûtants, les interprètes (Jeanne Azoulay, Sonia Bel Hadj Brahim, Melissa Cirillo, Carole Dauvillier, Cécile Delobeau, Laura Luca (en alternance avec Emilie Schram), Andréa Mondoloni) livrent une partition chorégraphique à rendre jaloux les défenseurs d’un Hip-Hop fantasmé purement masculin. 7 femmes pour des histoires de relation à l’autre, à leur corps, à leur danse. Elles composent un tableau vivant, comme il en est souvent le cas chez Amine Boussa, celui des êtres dansants pour exister. Une belle leçon à ces messieurs.
Laurent Bourbousson
Visuel : The third dance d’Oren Laor & Niv Sheinfeld ©Efrat Mazor
Retrouvez les actualités des compagnies en cliquant sur leurs noms ci-après :
Simonne Rizzo – la Ridzompagnie
Joris Frigerion – Compagnie Les Hommes de Mains
Sandra Français – Compagnie Elephante
Niv Sheinfeld & Oren Laor – Compagnie Nivoren
Amine Boussa – Compagnie Chriki’Z