Une heure en studio avec Hamdi Dridi

15 décembre 2018 /// Les retours
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On a découvert Hamdi Dridi grâce au chorégraphe William Petit, lors de la 38ème édition du Festival Les Hivernales en 2016. Cela avait donné lieu à une interview (à retrouver ici). Puis, le jeune chorégraphe partageait le numéro 2 de la revue Ouvert aux Publics avec Balkis Moutashar (à feuilleter ici). Depuis, il y a eu la création d’un solo et maintenant, celle d’un trio. Suite à l’invitation de William Petit, on s’est glissé dans le studio de répétition.

La création

Dans le cadre de la programmation en saison de Montpellier Danse 2019, et en collaboration avec le Théâtre de la Vignette, Hamdi Dridi présentera les 30 et 31 janvier 2019, I Listen (You) See. Après une avant-première au Théâtre Joliette, dans le cadre du festival Dansem la semaine dernière, le chorégraphe prenait un temps de résidence dans un des studios de La Friche Belle de Mai à Marseille. 

Ce qu’il y a d’intéressant, lorsqu’un chorégraphe vous ouvre les portes d’un studio de répétition, est le fait d’assister à ce qui deviendra invisible une fois la création sur plateau. On oublie assez facilement ce par quoi passe le créateur : les questionnements, les doutes, les certitudes… Toutes ces étapes permettent d’arriver à cet objet précieux qui prend comme nom de vie un titre afin d’être présenté au regard du public.

Ici, en cet après-midi, c’est le temps du laboratoire, celui d’affiner des propositions, de construire le début de cette histoire. C’est également le lieu des échanges, des questions, le lieu où Hamdi Dridi donne des indications de jeu et des images afin de permettre à ses interprètes de se créer un univers, une posture, un état de corps.
Le jeune chorégraphe à l’œil sur tout ce qui se passe dans l’espace de jeu. Sur les pas, les déplacements, même jusqu’au regard, à l’expression du visage. Le travail est minutieux. 

Une danse ethnologique

Dans son précédent solo Tu meur(s) de terre, Hamdi Dridi dansait son père. Ici, il sera question des gestes quotidiens d’ouvriers. Dans son rapport à l’art chorégraphique, il interroge avec force et conviction l’héritage de son histoire. Il décortique le banal pour le magnifier et en faire un objet chorégraphique empreint d’une certaine nostalgie. Donner une couleur à sa danse serait celle de l’ethnologie.

De g. à dte : Hamdi Dridi, Houcem Bouakroucha et Feteh Khiari

Durant cette heure passée dans ce studio, j’ai pu y voir des danseurs d’un certain charisme et d’une sincérité désarmante dans leur interprétation. Chacun livrait une partie de soi pour former un tout, celui d’une histoire, d’un hommage aux ouvriers, constructeurs de vie meilleure pour leurs semblables. Et c’est cela que fait Hamdi Dridi, créer des chorégraphies pour donner au public à vivre un moment meilleur.

La recherche sonore est partie prenante dans cette proposition. S’ajoute à cela, les gestes d’une mécanique imprenable donnant de la virtuosité aux corps car il y a de cela dans son travail, un rapport aux mouvements et aux corps d’une importance majeure pour rendre visible l’indicible. 

Le rendez-vous est pris

J’ai quitté le studio à regret, en pleine répétition. Ce trio d’hommes a une force souterraine. Ils sont les passeurs d’une histoire, celle d’une fratrie inventée. À n’en pas douter, I Listen (You) See sera une belle création, et nous serons présents pour la découvrir.

I Listen (You) See d’Hamdi Dridi à voir les 30 et 31 janvier au Théâtre de la Vignette – Montpellier. Renseignements : Montpellier Danse.
Chorégraphie Hamdi Dridi |Interprétation Hamdi Dridi, Feteh Khiari et Houcem Bouakroucha | Création lumière Carlos Molina | Accompagnement artistique Hafiz Dhaou, Dominique Prime, William Petit

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