[VU] Le très beau Truffaut Correspondance par David Nathanson

24 juillet 2022 /// Les retours - OFF
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Que vous connaissiez ou non le cinéaste François Truffaut, allez l’entendre parler avec élégance. David Nathanson et Antoine Ouvrard vous attendent au Théâtre Transversal. Retour.

Ce Truffaut Correspondance est d’une élégance et d’un raffinement dans son traitement scénique. Porté par l’excellent comédien David Nathanson et le pianiste Antoine Ouvrard, tous deux invitent le public à pénétrer dans ce que pourrait être l’intime du cinéaste grand amateur de mots, comme peuvent l’attester les lettres qu’il nous sera permis d’entendre.

Une mise en scène soignée pour les beaux mots de Truffaut

Il fallait donner un écrin à la juste mesure des lettres lues. Cet écrin, nous le situons entre l’idée du piano-bar d’où s’échappent les notes de musiques des thèmes des films du réalisateur, et son chez soi avec cette ingénieuse table de salon tournante filmée en temps réel où sont disposés magazines, affiches et manuscrits.

La création lumière vient souligner avec précision et délicatesse le jeu de David Nathanson qui devient le passeur des mots qui sont autant de témoignages d’une vie que d’une époque.

Une matière théâtrale féconde

Le genre du théâtre épistolaire peut parfois être abordé de manière frontale, voir brutale avec pour seul accessoire une table et une chaise qui serviront à l’interprète. Ici, c’est un univers qui s’installe dès l’entrée du public en salle. La voix de Jeanne Moreau cueille le spectateur et c’en est parti pour un voyage.

David Nathanson a puisé, dans le recueil de correspondance de Truffaut, différentes lettres écrites à différentes périodes d’une vie. Il construit un canevas montrant l’enjeu de la popularité, les excès de l’homme dans ses positions, le père qu’il est. Son interprétation varie au grès des lettres lues.

Le comédien donne corps aux mots avec aisance. Il ne joue pas à être Truffaut. Il est un passeur qui s’efface derrière une personnalité forte tout en étant d’une présence assumée et réelle. Il incarne les mots justes et beaux de ce cinéaste.

Une vie faite de films, de trahisons et d’amitié

Le public découvrira certainement des facettes de François Truffaut avec cette pièce. Il entendra des noms qui parleront d’une autre époque (André Bazin, le père adoptif ; Chris Marker ou encore René Clement, dit le boucher pour Truffaut !), plongera dans la relation conflictuelle entretenue avec Godard, fera la connaissance du père que Truffaut a été (magnifique lettre à sa fille Sarah ainsi qu’à ses enfants). Les lettres mettront également en exergue la rançon d’une gloire avec les demandes successives de personnes à la recherche de célébrité.

Les images projetées depuis la table basse permettront de lire ce mot : « François est peut-être mort. Je suis peut-être vivant. Il n’y a pas de différence, n’est-ce pas. », signé Jean-Luc. Et c’est ce que montre ce spectacle, la vie d’un cinéaste qui a réellement vécu, et qui vit encore à travers ses films.

Laurent Bourbousson
Visuel : Luca Lomazzi

Générique

Truffaut – Correspondance jusqu’au 26 juillet, à 14h20, au Théâtre Transversal

d’après le recueil de correspondance de François Truffaut / mise en scène Judith d’Aleazzo et David Nathanson / Interprète David Nathanson / au piano Antoine Ouvrard / scénographie Samuel Poncet / création lumière Julie Lola Lanteri et Erwan Temple

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