Vu : L’homme dans lequel habite une forêt, une déambulation qui vous veut du bien
Tout commence par le son de bruissements d’insectes enfouis sous terre et cette forêt imaginée par Nathalie Drevet. Ces bruissements se fondent aussitôt dans une musique. Le voyage commence.
Cette installation a été pensée par Johann Fournier et Sébastien Piron. Une envie de se mesurer à la transdisciplinarité certainement. L’un manie l’art vidéo et la photographie avec onirisme, et l’autre la musique avec élégance. Rejoint, dans le projet, par Nathalie Drevet pour la partie dessin, ils ont, à eux trois, réfléchi a cet odyssée, non pas dans l’espace, mais à l’intérieur de l’homme dans lequel habite une forêt. Et cet homme est notre semblable.
« On a eu envie de se faire plaisir », me dit Sébastien Piron. « Cela fait un an que nous travaillons sur ce projet, sur plan 3D pour nous projeter. Afin de le présenter, il nous fallait une structure administrative. Nous l’avons proposer à Noam Cadestin (metteur en scène de la compagnie On est pas là pour se faire engueuler-Agence de fabrication perpétuelle), avec lequel nous travaillons par ailleurs, et il nous a tout naturellement suivi ».
Durant une semaine, les visiteurs de cette forêt imaginaire vont arpenter les différents espaces de la chapelle des Pénitents blancs, à Avignon. Habiter la forêt durant quelques minutes, c’est réhabituer son œil à regarder, c’est se déconnecter de notre rythme et prendre le temps de vivre l’instant présent. La musique de Sébastien Piron aiguise le sens de la perception et projette alors l’imaginaire individuel dans une réalité augmentée.
Le visiteur est invité à se glisser dans un tunnel afin de scruter la colline aux esprits. Les variations de lumières permettent de voir et de se rendre compte des menus détails qui peuplent cet endroit magique.
Par ailleurs, la vidéo de Johann Fournier, projetée sur un des murs, ouvre l’horizon. Assis sur un bloc de bois, le visiteur s’évade et la musique de Sébastien Fournier est le chamane qui établit le contact avec les âmes de la nature.
L’arbre en caoutchouc et la forêt sous marine ne sont pas sans rappeler les catastrophes écologiques que subit l’environnement par l’intervention de l’homme.
La déambulation prend fin avec ce sas de récupération, disloqué, pour laisser prendre conscience au visiteur que la forêt est en chacun d’eux. Le regard croisera en dernier cette formidable photo, montrant l’intérieur d’une forêt et en son centre cet homme qui va vers, sorte de mise en abîme pour laisser à chacun une empreinte.
« Nous vivons une semaine formidable, les visiteurs ressortent avec le sourire et nous remercie pour ce moment passé » me confie alors Sébastien Piron.
Laurent Bourbousson
L’homme dans lequel habite une forêt, installation éphémère, a été visitée le 4 mars 2015. Visible du 1er au 8 mars. Chapelle des Pénitents blancs (Avignon).