
VU #OFF18 Nyctalopes de la cie Deraïdenz
Peut-être avez-vous avez croisé la compagnie Deraïdenz l’année dernière dans les rues d’Avignon durant le festival, à la nuit tombée. Si tel est le cas, vous avez découvert le projet initial de Nyctalopes, pièce présentée aujourd’hui dans son intégralité au Théâtre Au Coin de la lune du 6 au 29 juillet. Retour.
Héritage du cinéma expressioniste allemand

Baptiste Zsilina ©DR
Nyctalopes de la compagnie Deraïdenz entraîne son public, durant 1h, au cœur d’une histoire sans paroles. L’ensemble des scènes sont les pièces d’un puzzle qui constituent un voyage onirique au royaume du sombre et du lumineux empruntant les codes du cinéma expressionniste allemand. Baptiste Zsilina, le metteur en scène, et ses interprètes ont visionné notamment Le cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene. Par la suite, toute l’équipe a travaillé sur des émotions pour créer des images précises que le metteur en scène avait en tête. Car oui, tout est précis dans cette proposition de style et réalisé avec prestance.
Raconter Nyctalopes relève d’une gageure. Les scènes s’enchaînent avec minutie, se répondent parfois ou bien sont des instants à vivre comme tel. Elles sont autant de manière de projeter le public dans des situations d’une poésie révèlant le sensible ou la cruauté des interprètes. Coline Agard, Léa Guillec, Sarah Rieu et Baptiste Zsilina sont les faiseurs de ses sensations avec leur objet de prédilection, la marionnette.
Leur présence vient troubler la perception visuelle dans l’obscurité de la salle de théâtre. Qu’elle soit à taille humaine ou plus petite, la marionnette convoque un autre nous-même. Elle est la loupe grossissante de la monstruosité et du romantisme que chaque Être porte en lui – un clin d’œil à la chanteuse de cabaret, arrivée de nulle part, d’une présence hypnotique et nostalgique.
On court, on se pousse, on rit dans Nyctalopes
Les interprètes se jouent des codes de la représentation et font souffler un vent de liberté lors de la scène de la course effrénée. Ils pourraient être des enfants ou échappés du film de Lars von Trier, Les Idiots. Sans aller jusqu’à écrire que la Compagnie Deraïdenz a créé son Dogme pour ses créations théâtrales, il en ressort quelque chose de précieux : un théâtre sincère, aventureux, sans contraintes et original. À découvrir.
Laurent Bourbousson
Crédit Photo : Compagnie Deraïdenz ©DR
Nyctalopes de Baptiste Zsilina | Mise en scène Léa Guillec, Bapiste Zsilina | Interprètes Coline Agard, Léa Guillec, Sarah Rieu et Baptiste Zsilina
Du 6 au 29 juillet (relâche le lundi 9 et les mardis), à 22h20, au Théâtre Au Coin de la lune. Renseignements ici.
Reprise au Théâtre Transversal (Avignon), vendredi 1er et samedi 2 février 2019. Renseignements ici.
Le site de la compagnie : www.compagniederaidenz.com