[VU OFF23] Denali, la claque glaçante de la Compagnie Panorama

Présentée à La Factory – Théâtre de l’Oulle, Denali de la Compagnie Panorama plonge le (télé)spectateur dans un thriller haletant et glaçant, jouant avec les codes télévisuels. Plus que réussi.

Avec les derniers jours du Festival Off et son lot de théâtres qui baissent le rideau dès ce soir, les théâtres allant jusqu’au bout de ce mois de juillet verront, à n’en pas douter, leurs salles grandement fréquentées. Et cela sera le cas pour celle du Théâtre de l’Oulle dans laquelle se joue, tous les après-midis, un thriller haletant, celui de la Compagnie Panorama, Denali. Cette pièce a reçu le prix du public 2021 du Concours du Théâtre 13. On comprend largement pourquoi.

Denali, digne d’une série télévisuelle

Loin de l’idée de faire du théâtre filmé, la Compagnie Panorama invente un nouveau concept, jouant avec les codes télévisuels au théâtre. Le public va découvrir la symbiose parfaite entre deux mondes, celui des séries et celui des pièces de théâtre.

Reposant sur l’idée d’une série Netflix au plateau, Nicolas Le Bricquir met en scène un fait divers des plus sordides, le meurtre de Cynthia Hoffman, 19 ans, retrouvée morte, ligotée et bâillonnée dans la rivière Eklutna en Alaska.

Et si on bingeait Denali ?

La mise en scène de Nicolas Le Bricquir est tout simplement brillante et repose sur le dosage spectacle vivant et télévisuel. Les deux mondes ne sont pas en confrontation mais en parfaite harmonie. Côté cour, l’espace de jeu, côté jardin, un écran de tulle sur lequel sont projetés les génériques de la série que l’on s’apprête à regarder et les messages Netflix et les fameux « ▶ Ep. suivant  » ou encore « Ignorer l’introduction ». Entre le premier rang et le plateau, la musicienne Louise Guillaume qui interprète en live la musique de la pièce.

L’ensemble des comédiens donnent corps à cette série théâtrale, la première du genre. Tous les ingrédients d’une bonne série sont mis au plateau. Du personnage principal attachant au casting parfait (et toustes méritent d’être cité·e·s : Lucie Brunet, Caroline Fouilhoux, Lou Guyot, Jeremy Lewin, Laurianne Mitchell, Guillaume Ravoire), en passant par un thème d’actualité, ici la manipulation d’adolescents désœuvrés via les réseaux sociaux, une bande son digne des plus grands polars et un rythme mené tambour battant, Denali se binge réellement et rend addictif.

Denali, glaçant de vérité

Sans spoiler l’intrigue et le dénouement, la véracité de l’intrigue plonge le public au cœur d’une affaire que l’on aimerait être fantasmée.

La manipulation et l’escalade dans le sordide pour atteindre une vie meilleure sont au centre de la pièce. L’envie de vivre une autre vie, lorsque l’on est mal « né·e » ou du moins pas au bon endroit, et l’idée de se faire de l’argent facile sont autant de motivations pour une génération abreuvée par un mode de paillettes qui promet la VIE meilleure. La fiction devient réalité pour nos jeunes ados emportés dans une spirale abominable, où le mensonge pour se sauver est roi et la vie n’a plus grande valeur.

C’est ce monde que donne à voir Denali et c’est le monde dans lequel on vit. Et c’est cette pièce que tous les ados et adultes devraient voir, ensemble, de toute urgence.

Laurent Bourbousson
Crédit photo : © Dimitri Klockenbring

Générique

Écriture et mise en scène : Nicolas Le Bricquir / Interprétation : Lucie Brunet, Lou Guyot, Caroline Fouilhoux, Jeremy Lewin, Lauriane Mitchell, Guillaume Ravoire / Régie : Maxime Moro / Hugues Le Bricqui / Musiques : Louise Guillaume

Jusqu’au 29 juillet à La Factory – Théâtre de l’Oulle, à 15h30.