[VU OFF23] La tendre tragi-comédie de la Compagnie du Détour

26 juillet 2023 /// Les retours - OFF - VU #OFF
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Il nous faut arracher la joie aux jours qui filent de la Compagnie du Détour offre un véritable moment de théâtre, à la Présence Pasteur, qu’il serait dommage de rater. Retour.

La pièce d’Agnès Larroque plonge le public au cœur d’une famille qui connaît bien des bouleversements. Dans la famille, je demande la mère Denise (formidable Elisabeth Barbazin) qui vit avec son époux Robert dans leur maison qui n’a pas bougé depuis la mort de leur fils Raphaël (Romain Pichard), âgé de 20 ans, il y a maintenant 30 ans. Il est le passeur de l’histoire qui se déroule devant les yeux du public, la présence spectrale de la maison. Se croisent dans cette maison, les 3 sœurs, Marie (Emmanuelle Veïn), Bérénice (Irène Chauve) et Ophélie (Adeline Benamara), qui viennent fréquemment rendre visite à leurs parents. Voilà pour le point de départ.

Par le rire, continuer à vivre

Si les thématiques abordées par l’auteure n’invitent pas à rire, c’est pourtant le ressort qui est choisi pour en parler. Face aux tourments que causent la maladie d’Alzheimer, la mort des parents et le mal de reconnaissance au sein d’une fratrie, Agnès Larroque prend la parti-pris du comique pour dire et mettre en évidence les profondes détresses des hommes.

Si parfois les personnages n’échappent pas aux clichés, ce qui est logique dans toute comédie qui se respecte, c’est par eux que le comique surgit et amène le rire. Agnès Larroque manie avec éclat l’art de l’écriture, toujours juste pour poser les problématiques évidentes au sein des familles.

Un décor naturaliste pour une mise en scène classique et efficace

Placée au milieu d’un espace fragmenté, le public est invité dans la maison familiale. On passe alors du salon à la cuisine, de la chambre, signifiée par une armoire, au jardin. Le temps des saisons va apporter son lot d’évènements et ses questionnements.

Cosignée par Agnès Larroque et Laure Seguette, la mise en scène de facture classique convient parfaitement au texte. Il ne pouvait en être autrement. La direction de l’ensemble des interprètes est savamment orchestrée et tient ses promesses. Elle ne faiblit à aucun moment et ne laisse pas de temps mort. Chaque personnage devient central et c’est un ensemble choral qui se dessine tout le long de la représentation.

Poétiser le tout

Le titre, emprunté au poète russe Vladimir Maïakovski, amène la poésie et la profondeur nécessaires à cette tragi-comédie. Ses mots résonnent en toute fin de pièce. Ils agissent alors tels des pansements pour adoucir le sentiment de perte et d’abandon, de solitude ou tout simplement la difficulté de vivre ressenti par moments.

Lorsque vous regagnerez l’extérieur, vous ne regarderez plus les étoiles avec légèreté, mais en cherchant celle qui est la vôtre.

Laurent Bourbousson
Crédit photos : ©Laure Villain

Générique

Mise en scène Agnès Larroque et Laure Seguette / Interprètes Elisabeth Barbazin Adeline Benamara Irène Chauve Romain Pichard Emmanuelle Veïn / Création Lumière Julien Barbazin / Scénographie Caroline Oriot / Choix musicaux & travail vocal Laure Seguette / Fabrication et programmation du perroquet Clement Marie Mathieu / Collaboration chorégraphique Thierry Thieû Niang / Coiffure, perruques Pascal Jehan / Costumes Florence Jeunet / Montage et régie son Alban Guillemot

Jusqu’au 28 juillet, à 18h30, à la Présence Pasteur.

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